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vendredi 15 février 2019

Démocratie du clic, un élan vers le pire - le 10.01.2019


<<En toutes circonstances savoir raison gardée pour ne pas être manipulés et agir sous le chocs des photos ...le chocs des infos et des vidéos ! >>(BV)


Lu dans le DL du 10.010.2019

LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI

 Démocratie du clic, un élan vers le pire 

Attention, une vidéo peut en cacher une autre. La première semble accabler Didier Andrieux, qui brutalise un manifestant plaqué contre un mur. Sur la deuxième, on voit ce même fonctionnaire - commandant de police à Toulon - subir l’assaut violent de plusieurs gilets jaunes.
 Lui à terre, les révoltés se déchaînant sans motif apparent. Si bien que des voisins, enregistrant la scène du haut d’un immeuble, s’exclament en direct : « Quelle honte, ils sont en train de lyncher un flic ! »
 À moins qu’une troisième vidéo n’aille bientôt suggérer le contraire, l’agressé devenant agresseur et vice versa. 
Va savoir. « Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de renvoyer les images » disait Cocteau.
 La remarque vaut aujourd’hui pour les réseaux sociaux et les chaînes d’infos en continu. 
Ce qu’ils donnent à voir, hors contexte et dans l’immédiateté du « scoop », fausse souvent la réalité.
 L’opinion du plus grand nombre se construira pourtant là-dessus.
 Filmez sur un rond-point des travailleurs pauvres animés d’une juste et pacifique colère, le peuple adhère aussitôt à leur cause.
 Montrez des « casseurs » extrémistes, eux aussi porteurs de l’emblématique “casaque fluo”, et le pays rejettera un mouvement qui menace la République.
 Le bon et le mauvais se décident dans l’instant, sans la moindre analyse, sous le coup du dernier buzz.
 Ainsi tourne la démocratie Facebook, plus virtuelle que vertueuse, qui mène les foules citoyennes à la force du clic.
 On traîne les pieds pour aller aux urnes… voire chez le marchand de journaux. 
Mais on se précipite pour voter et s’informer sur les forums d’internet.
 Là où n’importe quel manipulateur anonyme peut soutenir n’importe quoi. Et il se trouve de bonnes âmes pour baptiser « progrès » cet élan vers le pire.

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