Lu dans le DL du 16.12.2018
LE BILLET
PAR ANTOINE CHANDELLIER
La fièvre jaune
retombe
Sauf montée en température la nuit dernière, le peuple en chasuble
s’apprêtait à céder le rond de lumière médiatique à Miss France et autres héros
à plumes ordinaires.
L’usure, la pluie et un dispositif de sécurité hors norme ont
émoussé une mobilisation ayant fatigué les hommes, malmené les esprits,
plombé l’économie et terni l’image d’un pays qui après tant de violence aspire à
la trêve de confiseurs.
Noël est sacré et l’opinion commence à bâiller après ce 5e
acte d’une pièce dont on ne voit pas quel coup de théâtre peut encore relancer
l’intrigue.
L’histoire a-t-elle trouvé son dénouement lundi avec l’adresse aux
Français du président ?
Qui eût imaginé pareil scénario, il y a un mois, quand les
acteurs en gilet investissaient ronds-points et péages, théâtres de leurs
malheurs quotidiens ?
Sans direction, lancé par deux routiers, une vendeuse en
cosmétique et un mécano de Narbonne, un mouvement n’excédant pas 0,2 %
de la population fit vaciller la superbe d’un pouvoir sans antidote, lui cédant
10 milliards d’avancées.
Il avait l’arme de qui n’a plus rien à perdre : semer la
peur du chaos ; et le porte-voix viral des réseaux sociaux.
Inédite, irrationnelle, cette fièvre jaune qui a vu Cyril Hanouna se prendre pour
Mère Teresa, reste latente, pouvant remonter à tout moment.
Dès janvier si,
sous l’effet du prélèvement à la source, le spasme de la fin de mois difficile
venait derechef à se manifester.
Maudit pouvoir d’achat qui s’érode depuis dix
ans, exacerbé par une fracture territoriale qu’un gros chèque ne suffira pas à
panser. C’est l’enjeu de la concertation nationale qui s’ouvre et dont les
prescriptions restent encore générales.
Si la France n’est pas le mourant décrit
à grands traits, restant le plus égalitaire des pays occidentaux, elle n’est pas non
plus un malade imaginaire.
À six mois des européennes, on ne saurait trop se
méfier des bulletins de santé des docteurs Knock aux remèdes démagogiques.
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