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mardi 11 décembre 2018

Aux origines de la fortune de Daniel Kretinsky - le 9.11.2018

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Aux origines de la fortune de Daniel Kretinsky
Daniel Kretinsky, à Prague, en 2012. VIT SIMANEK/CTK/ABACA
Parrainé par deux hommes d’affaires puissants, tchèque et slovaque, le milliardaire connaît une ascension fulgurante. Il signe une entrée fracassante dans l’univers français des médias
PRAGUE, BRATISLAVA- envoyés spéciaux
Comment devient-on milliardaire en moins de dix ans ? Comment Daniel Kretinsky, cet homme de 43 ans, est-il passé de jeune juriste, payé 900 euros par mois dans la République tchèque postcommuniste, à magnat de l’énergie et des médias, doté d’une fortune de 2,6 milliards d’euros ? L’allure du milliardaire tranche avec le décor tout en en dorures du palace parisien où il reçoit quand il est de passage à Paris : ni vêtements tape-à-l’œil, ni signe extérieur de richesse. M. Kretinsky joue les modestes. « J’ai travaillé dur pendant des années, de manière très intense, j’ai eu beaucoup de chance, tout ça avec une équipe formidable », explique-t-il à deux journalistes du Monde jeudi 1er novembre.
Le richissime patron d’EPH a fait une irruption fracassante dans le paysage médiatique français, ces derniers mois, en investissant dans ElleTélé 7 Jours ou Marianne. Fin octobre, il est également devenu actionnaire (à hauteur de 49 %) de la holding de Mathieu Pigasse détenant sa participation dans le groupe Le Monde. Son entrée inattendue sur la scène française suscite son lot de questions, portant à la fois sur l’origine de sa fortune et sur ses intentions.

Deux mentors

En 2009, lorsqu’il crée à Prague l’entreprise EPH (de son nom complet Energeticky a Prumyslovy Holding ; prononcer « épéhaa », en tchèque), personne n’imagine que ce groupe va devenir le septième acteur européen du secteur énergétique et peser plus de 6 milliards d’euros de chiffres d’affaires.
Au somptueux siège d’EPH, situé rue de Paris dans le centre historique de Prague, on se raconte avec fierté l’histoire de ce self-made-man, jeune étudiant en droit venu de Brno (sud-est du pays), qui aurait gravi seul les échelons du fonds d’investissement dans lequel il était employé, pour devenir associé, puis lancer sa propre entreprise.
Fils d’une juge passée par la Cour suprême, l’étudiant en droit – ayant effectué une partie de son cursus à l’université de Dijon et parfaitement francophone – rejoint le fonds d’investissement slovaque J & T comme avocat en 1999. C’est de là que viennent son ascension fulgurante, mais aussi les parts d’ombre qui l’entourent. Le fonds J & T n’est pas un acteur mineur, dans cette Europe centrale post-chute du mur de Berlin : c’est l’un des plus gros investisseurs de Slovaquie, actif dans des secteurs aussi divers que la banque, les services financiers, l’immobilier ou la santé.
« Ce sont les fonds de ce genre que l’on retrouve à la base du capitalisme régional actuel », explique Muriel Blaive, historienne à l’Institut praguois pour l’étude des régimes totalitaires. « Tout le monde a beaucoup triché à cette époque pour se répartir le gâteau », résume une chercheuse slovaque qui tient à garder l’anonymat. Au tournant des années 1990, dans un climat de Far West et de privatisations sauvages, ces structures ont fait émerger des « nouveaux riches » en pagaille.
L’un d’eux s’appelle Patrik Tkac, le « T » de J & T. C’est lui qui va « faire » Daniel Kretinsky. A ses côtés, le jeune juriste signe ses premiers deals et se taille une réputation de businessman intelligent et rapide. M. Kretinsky ne cache pas le respect et l’amitié qu’il a pour M. Tkac. « C’est Patrik qui m’a offert l’opportunité de travailler dans le monde des affaires. Nous avons posé les bases d’EPH dans le cadre de J & T. C’est lui qui m’a donné ma chance », explique le milliardaire. Fondé en 1994, J & T a été l’un des coactionnaires d’EPH à la création du groupe, avant de s’en désengager en 2016.
Depuis les années 1990, le fonds a été plusieurs fois pointé du doigt pour ses liens avec la classe politique. « J & T doit une partie de sa prospérité à ses relations avec plusieurs responsables politiques », affirme Matus Kostolny, rédacteur en chef du journal slovaque Dennik N.
En 2008, le partenaire de Patrik Tkac, Ivan Jakabovic a, par exemple, été surpris sur un yacht mouillant à Monaco en compagnie du ministre slovaque des finances. Quelques mois plus tard, le groupe J & T réalise une très grosse opération financière en changeant massivement de l’argent juste avant une réévaluation de la couronne slovaque. L’exécutif est alors soupçonné de leur avoir révélé le taux de change. Après enquête, cette affaire sera classée sans suite.
Elle illustre pourtant la collusion entre élites politiques et économiques dans le pays, régulièrement dénoncée par les ONG. Transparency International classe la Slovaquie au 57erang mondial dans son indice de la corruption, l’un des classements les plus mauvais de l’Union européenne.
La montée en puissance de J & T a accompagné celle du SMER, le parti social-démocrate dirigé par l’ancien premier ministre populiste Robert Fico, soulignent plusieurs sources à Bratislava. « J & T a été proche de tous les gouvernements jusqu’ici », affirme même Veronika Remisova, députée de l’opposition de centre droit. Interrogé par Le Monde, Patrik Tkac se défend de « toute relation de proximité avec une personnalité politique en activité ». Il assure n’avoir rencontré M. Fico qu’une seule fois.
Un autre homme a eu un rôle décisif dans le parcours de M. Kretinsky. Petr Kellner, première fortune de République tchèque, était, à l’origine, coactionnaire d’EPH à travers son fonds PPF, avant d’en sortir en 2014. PPF, qui a été l’un des gros bénéficiaires des privatisations des années 1990, est actif dans la banque, l’immobilier ou les télécommunications. Il opère aussi bien en Europe qu’en Russie ou en Chine, où il est le seul étranger à pouvoir piloter, depuis 2014, une société de crédit aux particuliers.
Très discret, M. Kellner finance la fondation de l’ancien président tchèque souverainiste Vaclav Klaus, soutien actif du premier ministre hongrois Viktor Orban et des partis d’extrême droite en Allemagne et en Autriche. Il est également proche du président tchèque en exercice, Milos Zeman, admirateur fervent de Vladimir Poutine. Petr Kellner possédait aussi, au tournant des années 2000, de nombreuses sociétés dans les paradis fiscaux, selon les documents des « Panama Papers » consultés par Le Monde.
M. Kretinsky reconnaît sans détours que Petr Kellner l’a influencé, et qu’il a soutenu le développement de son groupe, même s’il se positionne, lui, en défenseur des « valeurs proeuropéennes » et de la « démocratie libérale » Le patron d’EPH est par ailleurs en couple avec la fille de M. Kellner, Anna, championne d’équitation.
Patrik Tkac, Petr Kellner. Ces deux mentors ont largement contribué à la fortune de M. Kretinsky. A Prague comme à Bratislava, une question taraude toutefois ceux qui suivent sa carrière, experts de l’énergie ou journalistes spécialisés : à quel point le milliardaire est-il aujourd’hui émancipé de leur tutelle ? Daniel Kretinsky a racheté la quasi-totalité des parts du groupe qu’il dirige, dont il détient aujourd’hui 94 %, preuve de son autonomie.
« Mais étant donné la rapidité de son évolution, M. Kretinsky ne jouit que d’une indépendance relative », nuance le journaliste économique David Klimes. Le directeur de l’ONG anticorruption NFPK, Karel Skacha, va plus loin, accusant Daniel Kretinsky d’être un « chevalier blanc utilisé par les deux autres comme un poisson-pilote pour sonder les capacités d’extension qui s’offrent à eux en Europe. »
De fait, M. Kretinsky reste associé à eux dans plusieurs investissements importants à travers l’Europe. Et Patrik Tkac demeure son partenaire dans les médias – il possède ainsi 40 % de sa holding Czech Media Invest (CMI).

Un coup de maître

Mais la réussite incontestable de son groupe lui procure une assise confortable. Avec un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros en 2017, EPH distribue chaque année 700 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires. Comment a-t-il réussi à muter une structure tchèque à l’envergure modeste en groupe européen, avec des actifs dans six pays ?
Le coup de maître de Kretinsky est sans aucun doute l’acquisition en 2010 de 49 % du gazoduc Eustream, racheté aux Français de GDF et aux Allemands d’EON, pour près de 2,5 milliards d’euros. Il faut dire que cet actif qui traverse la Slovaquie n’est pas anodin : il est la principale connexion avec la Russie, via l’Ukraine, pour importer du gaz en Europe occidentale. A l’époque Eustream n’est plus considéré comme stratégique par GDF et EON. « C’est pourtant la clé du succès d’EPH : en achetant Eustream, l’entreprise a bénéficié de revenus régulés et prévisibles, explique un analyste slovaque. D’abord, cela rapporte des sommes considérables chaque année, mais surtout cela permet d’emprunter à des conditions très favorables. »
Profitant de cet investissement très rentable, EPH se lance dans une vague d’achats compulsifs en Europe. A contre-courant, le groupe de M. Kretinsky se concentre sur le gaz et le charbon, alors que plusieurs grands groupes européens basculent vers les énergies renouvelables. En quelques années, il multiplie les rachats de centrales thermiques et de mines.
Ces investissements sont souvent de très bonnes affaires : là aussi, les vendeurs pensent que ces actifs vont se déprécier rapidement et les vendent à bon prix. « Après les rachats, les managers d’EPH sont en général meilleurs que ceux des géants du secteur pour rationaliser et réduire les coûts », note un patron français du secteur qui connaît bien la région. « Ses hommes sont connus pour prendre des décisions rapides, ils sont plus souples que les autres, et surtout, ils n’ont pas peur du risque », analyse un consultant tchèque spécialisé dans l’énergie.
Un goût du risque qui tranche avec l’image posée que dégage M. Kretinsky, d’une courtoisie extrême. Le succès est fulgurant : en moins de dix ans, EPH emploie 25 000 salariés dans six pays, et réalise un bénéfice avant impôts et intérêts de 1,9 milliard d’euros en 2017, en constante progression.
Le groupe doit aussi son succès à sa capacité… à s’endetter. EPH a une dette de près de 6 milliards d’euros, contractée au fur et à mesure des acquisitions rapides réalisées en Europe. Une stratégie revendiquée par M. Kretinsky, qui rappelle que grâce à la régularité de ses revenus, le groupe à une excellente réputation auprès des institutions bancaires. Mais il assure qu’il s’agit plutôt pour lui d’une manière de profiter de taux favorables, et qu’il n’est nullement dépendant de ses créanciers.

Empire médiatique

Il reste à savoir pourquoi ce discret homme d’affaires tchèque s’est soudain mis à investir dans les médias. En effet, parallèlement à la construction de son groupe énergétique, Daniel Kretinsky s’est bâti un empire médiatique en République tchèque, où son groupe Czech Media Invest (CMI) est le plus important du pays. Il a ainsi acheté plusieurs titres, dont le tabloïd Blesk, le quotidien le plus lu. Une manière de répondre aux rachats de journaux que venait d’effectuer un autre milliardaire, nommé Andrej Babis et devenu premier ministre après avoir remporté les dernières législatives. Un investissement perçu comme une stratégie de protection de ses investissements.
« Il a compris que les médias pouvaient constituer un moyen de se tailler une réputation de sérieux et d’augmenter sa capacité d’influence », explique Jana Klimova, journaliste à la Czech Radio, qui a rencontré Daniel Kretinsky plusieurs dizaines de fois. M. Kretinsky se défend de vouloir utiliser ses médias à son profit.
Le milliardaire n’est pas réputé pour intervenir dans la ligne éditoriale. « Nous n’achetons pas des journaux pour diffuser nos opinions », assure-t-il. « Dans la région, l’indépendance des rédactions par rapport à leurs actionnaires relève de la chimère, modère le politologue hongrois Peter Kreko. Bien sûr, il existe divers degrés d’interventions. Mais le minimum qu’un propriétaire de journal puisse attendre de ses journalistes, c’est qu’ils n’enquêtent pas sur ses affaires. »
Dans ses activités médias, M. Kretinsky n’a pas non plus peur de l’endettement. Selon les derniers comptes disponibles, en 2016, son entreprise CMI a une dette de plus de 200 millions d’euros, alors qu’elle n’est pas bénéficiaire. Une partie importante de ces crédits – de l’ordre de 75 millions d’euros – a d’ailleurs été contractée auprès de J & T Bank, l’établissement bancaire de son coactionnare Patrik Tkac – ce dernier se décrit uniquement comme un « actionnaire passif » de CMI.
Certains experts français des médias tissent un parallèle avec Patrick Drahi, le magnat des médias et des télécoms, connu pour financer ses acquisitions en s’endettant fortement. Daniel Kretinsky assure que sa situation est bien différente : les dividendes qu’il empoche avec EPH pourraient, selon lui, être facilement reversés pour renflouer ses médias, si cela était nécessaire. Autrement dit : pour le milliardaire tchèque, il est simple d’utiliser sa poche droite, son groupe énergétique bénéficiaire, pour renflouer sa poche gauche, son groupe de médias. Une logique qui lie de fait les deux groupes, même s’ils n’ont pas de lien formel.

Et maintenant la France

Sa soudaine entrée dans les médias français a-t-elle des motivations politiques ? A l’Elysée ou au Quai d’Orsay, on s’est inquiété d’une possible influence russe derrière ses investissements en France. Une accusation vivement démentie par M. Kretinsky, qui y voit un stéréotype désobligeant pour les hommes d’affaires d’Europe centrale et orientale, victimes de préjugés. « Tout agenda caché qu’on m’attribue est un agenda inventé », rétorque l’homme d’affaires. Il se place au contraire en défenseur de la démocratie libérale contre le populisme. « Si les grands pays européens ne peuvent pas préserver les valeurs clés de la démocratie libérale, nous sommes en grand danger », s’inquiète le milliardaire.
« Son entrée au capital du Monde est une nouvelle étape de son expansion et de son émancipation », décrypte une figure praguoise proche de Daniel Kretinsky. « Il a la volonté de pénétrer l’ensemble de l’UE et cela passe par la France, notamment après le Brexit. C’est le symptôme d’une volonté d’action des personnalités d’Europe centrale, qui désirent passer au premier rang ». C’est aussi une manière de damer le pion au premier ministre tchèque Andrej Babis, lui aussi excellent francophone, qui possède pour sa part un restaurant doublement étoilé à Mougins, près de Cannes.
« L’Europe de l’Ouest va devoir s’habituer. Ces hommes d’affaires d’Europe centrale ne sont pas des courroies de transmission du Kremlin, mais des acteurs ayant désormais leurs propres intérêts à défendre », analyse une source diplomatique française. Certains en République tchèque y voient la véritable raison des investissements de Daniel Kretinsky dans les médias en France : gagner en influence, protéger ses intérêts et se bâtir une image d’homme d’affaires européen. Un « soft power » qui ne compte pas s’arrêter aux frontières de l’Hexagone.


Des sociétés dans les paradis fiscaux
Les « Panama Papers » montrent l’usage de montages offshore
Daniel Kretinsky est mentionné dans les « Panama Papers ». Cette série de fuites de documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca, en 2016 et 2017, a éclairé avec précision les techniques d’évasion fiscale employées à travers le monde.
Les documents, consultés par Le Monde, révèlent que M. Kretinsky est le propriétaire de deux catamarans par le biais de sociétés offshore. Le premier, le Wonderful, un bateau de 22 mètres d’une valeur de 3 millions d’euros, a été acheté, probablement en 2010, en faisant l’acquisition d’une société enregistrée aux îles Vierges britanniques – un paradis fiscal connu pour ses pavillons de complaisance. Après la révélation des « Panama Papers », en 2016, le Wonderful a vogué vers une nouvelle structure. Le second catamaran, un peu plus grand que le Wonderful, est, lui aussi, détenu à travers une société des îles Vierges britanniques.
Daniel Kretinsky a également acquis pour un peu moins de 20 millions de livres sterling (23 millions d’euros) Heath Hall, une magnifique villa classée dans Londres, en utilisant une société inscrite au registre du commerce de Jersey – un paradis fiscal britannique situé près des côtes normandes. Ce montage opaque lui permet de ne pas apparaître, sur le cadastre britannique, comme le bénéficiaire du bien et lui donne la possibilité d’économiser en impôt sur les plus-values et sur la location du bien. M. Kretinsky justifie le recours à l’île anglo-normande, en soulignant « la gestion et l’administration (…) plus simples » des structures, tout en assurant que « la société est déclarée et conforme aux obligations » du fisc britannique.
M. Kretinsky a aussi fait le choix de domicilier au Luxembourg les deux sociétés qui abritent la totalité de ses actions dans EPH, le groupe énergétique tchèque avec lequel il a fait fortune. Le régime luxembourgeois, grâce aux traités fiscaux entre les deux pays, permet – sous certaines conditions – d’éviter toute taxe sur les dividendes, contre 15 % d’imposition pour un résident tchèque.

« Environnement législatif stable »

« Nous n’utilisons aucune structure offshore pour EPH », affirme Daniel Kretinsky. Cela n’a pas toujours été le cas : au moment de la création du groupe, les parts de M. Kretinsky dans l’entreprise étaient détenues par une société chypriote enregistrée sur l’île en 2008. Le milliardaire répond que le recours aux sociétés chypriotes en République tchèque n’est pas dû à des raisons fiscales, estimant que « le taux d’imposition des sociétés holding n’est pas différent de la République tchèque », mais que l’île est privilégiée « pour son environnement réglementaire prévisible, pour la stabilité de l’environnement législatif et par la flexibilité qu’elle autorise ». Pourtant, Chypre est connue pour afficher le taux d’imposition des sociétés le plus faible de l’Union européenne.
Son groupe de médias, Czech Media Invest (CMI) est, lui, domicilié en République tchèque. Mais il trouve son origine dans diverses coquilles offshore prêtes à l’emploi gérées notamment depuis Chypre. Des sociétés prête-noms enregistrées aux Seychelles ont également été utilisées. Ces montages servent parfois pour accélérer les procédures, mais aussi pour masquer les noms des bénéficiaires réels de ces entreprises. Le nouvel actionnaire du Monde se défend de toute fraude et estime, là aussi, qu’il s’agit d’éviter des lourdeurs administratives tchèques.
Patrik Tkac, le partenaire de M. Kretinsky dans CMI – il en détient 40 %, mais se définit comme un actionnaire passif – s’appuie, également, sur les avantages procurés par Chypre. C’est ainsi qu’en 2014, une branche de son groupe financier J & T y a été domiciliée. M. Tkac apparaît par ailleurs comme le bénéficiaire effectif de plusieurs sociétés créées aux Seychelles, administrées par des intermédiaires chypriotes, mais gérées depuis Bratislava.
Dans les documents, il apparaît clairement que l’objectif de l’une de ces sociétés, encore récemment active, était de réaliser des acquisitions de dettes d’entreprises dans l’UE. Les comptes de ces sociétés sont déposés à Dubaï ou au Belize, des paradis fiscaux parmi les plus opaques de la planète. Interrogé par Le Monde, Patrik Tkac reconnaît la présence de sociétés aux Seychelles et l’utilisation de Chypre, mais se défend de toute volonté d’évasion fiscale, estimant, lui aussi, qu’il s’agissait de bénéficier « d’un environnement législatif stable ».

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