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vendredi 7 décembre 2018

À mi-mandat, deux Amérique opposées - le 8.11.2018


À mi-mandat, deux Amérique opposées
 Les démocrates ont obtenu, mardi 6 novembre, la majorité des 435 sièges à la Chambre des représentants. Les républicains gagnent en revanche au moins deux sièges de plus au Sénat
 Ces élections à mi-mandat, au terme d’une campagne très disputée, ont été marquées par une forte participation
 Les femmes démocrates font une entrée en force à la Chambre, avec des élues des communautés hispaniques, africaines ou musulmanes
 Deux groupes semblent former le socle de l’électorat : les femmes diplômées d’une part, les hommes n’ayant pas fait d’études de l’autre
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ES ÉLECTIONS DE MI-MANDAT AUX ÉTATS-UNIS
Les démocrates reprennent la Chambre
Donald Trump se félicite du renforcement républicain au Sénat, qui tempère la victoire de l’opposition
ANALYSEWASHINGTON - correspondant
Donald Trump n’a pas attendu les derniers résultats des élections de mi-mandat, mardi 6 novembre au soir, pour revendiquer « un immense succès ». Au terme d’une campagne particulièrement disputée, marquée par une très forte participation pour des élections intermédiaires, le parti du président des Etats-Unis a perdu la majorité à la Chambre des représentants, ce qui va obérer considérablement sa capacité à voir adopter des lois. Grâce à un renouvellement partiel particulièrement favorable, il a en revanche sensiblement accru celle dont il dispose au Sénat, qui tenait jusqu’à présent à un seul siège.
Un résultat ambivalent qui peut surprendre compte tenu de la santé insolente de l’économie dont M. Trump revendique l’entière et exclusive paternité. Le président n’a retenu du verdict des urnes que la partie qui lui est la plus favorable parce qu’elle inscrit un peu plus le trumpisme dans la vie politique américaine.

Malédiction du premier mandat

Loin d’être un accident, son élection de 2016 a été en partie confirmée mardi, même si les élections n’ont pas mis fin à la malédiction du premier mandat que représente cette perte de la Chambre lors des « midterms », comme l’avaient déjà éprouvé Barack Obama et Bill Clinton. Les revers essuyés par Donald Trump sont inférieurs à ceux des présidents Clinton et Obama en 1994 et en 2010. La poussée démocrate a été incontestable, mais aucune vague n’a déferlé sur les Etats-Unis.
Le président avait pris soin d’entretenir la flamme de sa base au cours des dernières semaines en multipliant les déclarations fracassantes et inquiétantes, le plus souvent sur la base de contre-vérités, à propos de l’immigration. Certaines voix républicaines s’étaient inquiétées du ton donné à la campagne, regrettant qu’il n’ait pas dispensé un optimisme lié au faible taux de chômage et à un début de hausse des salaires. M. Trump peut estimer qu’il a eu une nouvelle fois raison contre tous de jouer plutôt sur les inquiétudes d’ordre identitaire de ses électeurs, comme en 2016.
Epuré des rares voix critiques comme celles des sénateurs Bob Corker (Tennessee) et Jeff Flake (Arizona), qui ne se représentaient pas, ou des représentants Carlos Curbelo (Floride) ou Mike Coffman (Colorado), le Grand Old Party (GOP) est désormais conforme à la « nouvelle majorité » que le président avait évoquée avant les élections. C’est cette mobilisation qui explique les conquêtes pour le Sénat obtenues dans une partie des Etats qu’il avait remportés en 2016 : le Dakota du Nord, l’Indiana, le Missouri comme la Floride, Etat traditionnellement disputé. Fort de ces nouveaux sièges, Donald Trump peut envisager de poursuivre ses nominations de juges conservateurs – qui doivent être nommés par le Sénat –, notamment au niveau fédéral, pour la plus grande satisfaction de son aile religieuse.
Le discours incendiaire du président a cependant produit un autre effet, totalement contraire. Il a entraîné un glissement déterminant en faveur des démocrates de l’électorat indépendant comme du vote des femmes diplômées résidant dans les zones périurbaines. Comme en 2016, les parties les plus dynamiques des Etats-Unis les ont massivement soutenus. Les victoires démocrates vont s’accompagner d’un sérieux renouvellement de la Chambre avec l’arrivée de femmes venues de tous horizons (Afro-Américaines, Latinos, LGBT, Amérindiennes…), mais aussi de nombreux anciens combattants engagés ces dernières années en Irak et en Afghanistan.
C’est cette réaction de rejet qui explique les nombreuses conquêtes démocrates en Virginie, en Pennsylvanie, mais aussi dans des circonscriptions d’Etats moins favorables comme le Kansas ou le Texas, dans le sillage du candidat démocrate au Sénat, Beto O’Rourke, qui échoue de très peu face au sortant Ted Cruz.
Les démocrates espéraient sans doute faire beaucoup mieux, notamment pour des postes de gouverneurs en Floride et en Géorgie, même s’ils ravissent tout de même aux républicains une demi-douzaine de ces sièges au Kansas, au Nouveau-Mexique, dans l’Illinois ou le Michigan. Ces derniers seront stratégiques, notamment en vue d’un prochain redécoupage électoral.

La garantie d’une paralysie

Le basculement de la Chambre a certainement sonné comme une revanche pour la responsable de la minorité démocrate, Nancy Pelosi. Après la déroute de 2010, l’élue de Californie, bête noire des républicains, devrait retrouver le maillet du speaker (présidence de la Chambre), un poste qu’elle avait occupé pendant quatre années, à moins d’une fronde interne que l’absence de « vague » démocrate rend moins probable. Une fois la victoire à la Chambre assurée, Nancy Pelosi a pris la parole : « Un Congrès démocrate va œuvrer à des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons tous assez des divisions. » Un discours d’ouverture accompagné d’une mise en garde au président lorsqu’elle a promis de restaurer des « contre-pouvoirs constitutionnels ».
La Maison Blanche, qui avait pu se reposer sur un Congrès totalement à sa main pendant près de deux ans, devrait rapidement faire l’expérience de la détermination des démocrates à exercer leur pouvoir de contrôle sur l’exécutif. Un pouvoir qui peut aller jusqu’à la tentation d’une procédure de destitution cependant vouée à l’échec faute d’une majorité conforme au Sénat.
La poussée démocrate n’est cependant par comparable aux virages idéologiques expérimentés par le Parti républicain lors de ses victoires de mi-mandat en 1994 et en 2010. Ces dernières élections avaient été marquées par une vague interne quasi insurrectionnelle, celle du Tea Party, qui s’en était pris avec vigueur aux républicains jugés trop modérés.
La nature de la progression démocrate et l’échec de figures très progressistes, comme celle d’Andrew Gillum pour le poste de gouverneur de Floride, ne favorisent pas un virage à gauche démocrate, qu’espéraient les républicains, pensant que cela leur rouvrirait la voie vers les électeurs indépendants. Les démocrates devraient avancer des propositions sur l’assurance-santé. Il s’agit d’un thème devenu central pendant la campagne et sur lequel ils sont en position de force compte tenu du soutien populaire dont bénéficie désormais la protection sociale héritée de Barack Obama.
Les démocrates pourraient également relancer des projets de modernisation des infrastructures, une promesse de campagne de Donald Trump restée lettre morte, qui leur permettrait par ailleurs de tester la disponibilité du président de travailler avec eux sur des sujets concrets. Cette disponibilité, même si le président a coutume de ne rien s’interdire, est cependant loin d’être garantie. Le résultat de cette double mobilisation et de ce double glissement aboutit en effet à des Etats-Unis plus divisés que jamais, socialement comme géographiquement.
Du point de vue de l’équilibre des pouvoirs, les majorités divergentes de la Chambre et du Sénat sont la garantie d’une paralysie qui risque de perdurer jusqu’à la présidentielle de 2020. Le climat n’est pas en effet aux compromis bipartisans sur les sujets brûlants qu’attise le président, à commencer par l’immigration. Cette paralysie est aussi un revers pour Donald Trump, entré tard en politique en promettant de remettre en marche Washington.
L’immobilisme apparaît d’autant plus inévitable que la campagne des primaires démocrates ne tardera pas à débuter, alors que Donald Trump rêve déjà d’en découdre. Elle pourrait s’accompagner d’une surenchère entre des candidats qui risquent d’être nombreux, en l’absence d’une figure capable de fédérer les différents courants du parti.
Nancy Pelosi, la revanche de la « dame de fer »
Nancy Pelosi, à Washington, le 6 novembre. JACQUELYN MARTIN/AP
L’élue de Californie a été l’architecte de la stratégie démocrate : recentrer la campagne sur la réforme de la santé
PORTRAITSAN FRANCISCO -correspondante
Atrois jours des élections de mi-mandat, Nancy Pelosi, la chef de file des démocrates au Congrès, la capitaine du parti ayant le plus à perdre ou à gagner, s’adressait à un petit groupe de militants rassemblés à Dolores Park, le paradis des bobos de San Francisco. Elle était venue soutenir la proposition C, un référendum local qui propose de taxer les 300 entreprises les plus riches pour fournir des logements aux sans-abri.
On aurait dit une réunion de quartier à propos d’une élection locale. A 78 ans, Nancy Pelosi, qui fut la première femme speaker (présidente) du Congrès de 2007 à 2011 – soit le troisième personnage de l’Etat –, attendait sous le soleil que les SDF aient fini d’enfiler les tee-shirts bleu et jaune fournis par la campagne « Yes on C » (« oui à la proposition C »). Nul n’aurait dit qu’elle abordait l’un des moments les plus significatifs de ses trente-cinq années de carrière politique : le quitte ou double, pour les démocrates, dans leur tentative d’entraver Donald Trump et de rétablir les « freins et contrepoids » inscrits dans la Constitution.
Quand elle a pris la parole, dans son tailleur vermillon, Nancy Pelosi n’a pas parlé des républicains, ni de Donald Trump, ni du Congrès. Mais de San Francisco, la ville qu’elle représente depuis 1987 à la Chambre des représentants, et où une allée dans le parc du Golden Gate porte déjà son nom, ainsi que des « valeurs » de la ville, celles de paix et de solidarité.
C’était une réponse à peine voilée aux milliers de publicités hostiles qui se sont déversées sur elle depuis le début de la campagne. Selon Amy Walter, du Cook Political Report, plus de 60 000 publicités républicaines – soit une sur trois – ont été diffusées depuis début septembre associant sa photo avec les calamités censées s’abattre sur les électeurs en cas de victoire démocrate : « Ouverture des frontières »« socialisme » et le politiquement correct poussé à l’extrême.
L’ancienne speaker apparaît même plus souvent dans les pubs républicaines que M. Trump dans celles des démocrates. Elle s’en ferait presque un titre de gloire : « Si les républicains veulent dépenser 100 millions de dollars à me critiquer et me diaboliser, c’est que je dois être sacrément importante », a-t-elle déclaré au New York Times.

Réélue seize fois

Elle a le cuir épais. En fait de « valeurs de San Francisco », comme le dit un jour son collègue de la Chambre John Murtha, c’est plutôt Baltimore, la ville de la Côte est où elle a grandi, qui imprime son style politique. Quand elle y est née en mars 1940, seule fille – et la plus jeune – d’une famille de six enfants, son père Thomas d’Alesandro siégeait au Congrès comme représentant du Maryland. Il fut maire de Baltimore pendant douze ans. La ville était divisée en clans : les Italiens, les juifs, les Irlandais, les Noirs. La politique était « un sport de combat ». Nancy grandit entre la scolarité à l’institution Notre-Dame et la distribution de tracts avec son père.
A 23 ans, elle se marie avec Paul Pelosi, un financier qui l’a emmenée à San Francisco. Elle a cinq enfants en six ans. « Je suis devenue experte dans le maintien de la discipline, la concentration et l’emploi du temps », a-t-elle expliqué au bulletin de l’association des retraités AARP. Elue en 1988 dans la circonscription progressiste de Pacific Heights, le quartier huppé de San Francisco, elle a été réélue seize fois avec une moyenne de 80 % des voix. Les républicains n’essaient plus de conquérir le siège depuis les années 1960.
Au Congrès, elle a tenu son groupe parlementaire d’une main de fer : acharnée, experte dans les arcanes du processus législatif, appelant les récalcitrants un par un. Elle s’en fait elle-même le compliment, en toute immodestie : « Je suis une parlementaire d’exception. »
Son fait d’armes a été la réforme de l’assurance santé, une mesure dont les démocrates rêvaient depuis quarante ans. Quand ils ont perdu leur super-majorité au Sénat, en janvier 2010, c’est elle qui a confronté Barack Obama alors que son directeur de cabinet Rahm Emanuel proposait de réduire la voilure. Le président américain s’est rangé de son côté. L’automne suivant, la défaite a été cuisante aux midterms : les démocrates ont perdu 63 sièges. On l’a crue abattue, sur le départ. Mais ce n’est pas le style de la maison Pelosi.
Huit ans plus tard, voilà sa revanche. Non seulement les démocrates ont gagné plus de 30 sièges mais ils ont fait campagne sur ce même thème de l’Obamacare qu’ils se gardaient bien d’évoquer en 2010. Les rôles ont été inversés. Ce sont les républicains qui ont dû se défendre, eux qui ont voté une loi très impopulaire qui n’interdit pas aux compagnies d’assurances d’augmenter leurs tarifs pour les patients ayant des antécédents médicaux.
Pendant la campagne, Mme Pelosi a évité de polémiquer avec Donald Trump. « Ne mordez pas à l’hameçon. Concentrez-vous sur le thème de la santé, des salaires et de la corruption à Washington », a-t-elle conseillé quand le président a enfourché le cheval anti-immigration. Au grand mécontentement de l’aile progressiste, elle n’aborde jamais le thème de la destitution. Pas question d’effrayer les électeurs.
Quand une quarantaine de démocrates ont pris leurs distances en refusant de voter pour elle à la tête du groupe à la Chambre, elle n’a pas pris la mouche. « Si c’est ce qui leur semble utile pour gagner », pas de problème, a-t-elle souligné : « Je suis pour la victoire. » Discrètement, elle a approché les jeunes progressistes, comme Alexandria Ocasio-Cortez, à qui elle n’a pas tenu rancune d’avoir fait tomber l’un de ses lieutenants à la primaire de New York. Et elle a aidé financièrement plusieurs de ceux qui, s’ils ne l’avaient pas ouvertement désavouée, avaient appelé pudiquement à rajeunir la direction du parti.

 « Les Américains veulent la paix »

Nancy Pelosi – l’une des quinze premières fortunes du Congrès, propriétaire de plusieurs immeubles à San Francisco et de vignes dans la Napa Valley – est une collecteuse de fonds hors pair : elle a levé 120 millions de dollars pour la campagne 2018, et 680 millions depuis 2002 pour le parti.
Elle entend bien reprendre le marteau emblématique du speaker du Congrès. Revanche suprême : une femme tiendra maintenant tête à Donald Trump, avec les pouvoirs du chef de file de la majorité. « Nous avons brisé le plafond de marbre », dit-elle en janvier 2007 en prenant la place du républicain John Boehner au Capitole, entourée d’une demi-douzaine d’enfants. Après la victoire de mardi, elle a appelé au consensus. « Un Congrès démocrate travaillera pour des solutions qui nous rassemblent, a-t-elle promis. Les Américains veulent la paix. Ils veulent des résultats. »
Nancy Pelosi va se trouver dans la position de devoir choisir l’obstruction ou la coopération avec la Maison Blanche, sachant qu’une partie de son groupe parlementaire veut la tête de Donald Trump. Elle ne semble pas douter qu’elle sera réélue à la tête du groupe. En 2016, 63 démocrates avaient voté – à bulletin secret – contre sa nomination. Mais trois seulement lors du vote public, en séance plénière. Deux semaines avant les élections de mi-mandat, la « dame de fer » du Congrès a fait une concession : « Je me vois comme une figure de transition », a-t-elle déclaré au Los Angeles Times. Transition avec le nouveau Parti démocrate qui se dessine, plus jeune, moins blanc, plus féminin.

Un nombre record de femmes siégera au Congrès
Majoritairement démocrates, souvent candidates pour la première fois, une centaine d’Américaines entrent à la Chambre des représentants
SAN FRANCISCO - correspondante
Hillary Clinton n’a pas perdu pour rien. Deux ans après la défaite de celle qui prétendait briser le plafond de verre en devenant la première présidente des Etats-Unis, les Américaines ont pris leur revanche. De New York à la Californie, les femmes démocrates se préparent à entrer en force au Congrès. Beaucoup sont des primo-candidates sans expérience politique : c’est aussi ce qui leur a réussi. A une époque de polarisation, elles ont incarné le changement, un autre changement que celui que représente Donald Trump.
Il faudrait les citer toutes. La plus jeune, Alexandria Ocasio-Cortez, a 29 ans – dix mois de moins qu’Abby Finkenauer, élue dans l’Iowa. New Yorkaise, socialiste, Ocasio-Cortez est devenue la sensation politique de 2018 en éliminant, aux primaires, l’un des caciques démocrates de la Chambre des représentants. Mikie Sherrill, l’ancienne pilote d’hélicoptère de la marine, qui s’était engagée pour « défendre la démocratie », l’a emporté dans le New Jersey. Lauren Underwood, l’infirmière afro-américaine, dans l’Illinois, Chrissy Houlahan, ingénieure diplômée de Stanford et du MIT, officière dans la marine passée dans le secteur associatif, a gagné en Pennsylvanie ; Kim Schrier, une pédiatre révoltée par le vote de l’élu de sa circonscription en faveur de l’abrogation de la réforme de la santé, avait décidé de se présenter après la première marche des femmes à Washington, le 21 janvier 2017, le lendemain de l’investiture de Donald Trump.
Rashida Tlaib (Michigan), d’origine palestinienne, et l’Américano-Somalienne Ilhan Omar (Minnesota) seront les premières musulmanes à la Chambre. Le Texas va envoyer ses deux premières Latinas – Veronica Escobar et Sylvia Garcia – au Congrès. Deb Haaland, du Nouveau-Mexique, et Sharice Davids, du Kansas, sont les premières Amérindiennes jamais élues à la Chambre. Femmes, minorités : le parti démocrate devrait être transformé.

Tous les records battus

Elles étaient 237 à avoir surmonté l’obstacle des primaires pour la Chambre des représentants – dont 185 démocrates ; 23 autres étaient candidates pour le Sénat, dont 15 démocrates. Motivées, en grande partie, par le sexisme ordinaire de Donald Trump et la menace d’un retour en arrière sur les progrès faits dans l’égalité des salaires, la santé, la protection des droits reproductifs. Selon une liste non définitive du Center for American Women And Politics, tous les records ont été battus. Elles seront en janvier 2019 plus d’une centaine à la Chambre – les deux partis confondus – dont une trentaine de primo-candidates. Et 21 au Sénat. Neuf ont été élues gouverneures, égalant le record de femmes servant au même moment à ce poste. Plusieurs Etats, comme l’Arizona ou le Tennessee, ont désigné une femme pour la première fois au Sénat.
S’agit-il d’une autre « année des femmes », comme l’avait été 1992, dans la foulée de l’humiliation subie à la chambre haute par l’avocate Anita Hill, qui accusait de harcèlement le juge Clarence Thomas désigné à la Cour suprême ? Le nombre de femmes avait alors doublé, mais il était très faible. Cette année, la plupart des candidates concouraient dans des circonscriptions difficiles, gagnées par M. Trump en 2016, et où dans certains cas les démocrates ne s’aventuraient même plus. Jusqu’à ce mardi, les femmes, tous partis confondus, représentaient 19,4 % au Congrès (23 sénatrices sur 100 et 83 représentantes sur 435). Mais l’élection de 2018 aura vu un engagement sans précédent des femmes. Celles qui n’avaient pas le cœur à affronter les critiques négatives ont contribué financièrement à la candidature de leurs « sœurs ». Jamais les femmes n’ont versé autant d’argent à des candidates démocrates : 159 millions de dollars, selon le Center For Responsive Politics, soit deux fois et demie le montant de 2016. Selon une étude de la chercheuse Theda Skocpol, l’armada de la « résistance » est majoritairement composée de femmes. Elles forment 70 % des effectifs des mouvements Indivisible et Swing Left, nés après l’élection de M. Trump.
Jamais le « gender gap » (écart entre hommes et femmes) n’a été aussi grand : selon un sondage Wall Street journal/NBC, deux groupes s’opposent maintenant dans l’électorat : les femmes diplômées d’études supérieures, et les hommes n’ayant pas fait d’études. Peu avant les « midterms », les premières souhaitaient une victoire des démocrates à la Chambre par une marge de 25 points sur les seconds. Un écart qui n’a fait que s’accroître pendant la campagne : il était de 12 points en janvier, de 19 en juillet, pour atteindre son pic après la confirmation du juge Brett Kavanaugh, accusé d’agression sexuelle, à la Cour suprême.

LES ÉLECTIONS DE MI-MANDAT AUX ÉTATS-UNIS
Les républicains conservent leur bastion de Floride
Le républicain Ron DeSantis, élu gouverneur de Floride, à Orlando, le 6 novembre. PHELAN M. EBENHACK/AP
Le démocrate Andrew Gillum, que son rival Ron DeSantis avait qualifié de « socialiste », a reconnu sa défaite
MIAMI (FLORIDE) - envoyé spécial
C’était en début de soirée, mardi 6 novembre, dans Miami. Deux jeunes femmes d’origine haïtiennes dansaient sur la chanson composée en soutien au démocrate Andrew Gillum ; sur les écrans géants, CNN indiquait que le candidat afro-américain, proche de Bernie Sanders, menait la course en tête pour devenir gouverneur de Floride. La fête pouvait commencer, même si Valentina Pereda, une militante de 30 ans, se voulait prudente : à cette heure-là, en 2016, elle fêtait la victoire de Hillary Clinton.
Trois heures plus tard, ses craintes se révélaient fondées : devant les caméras, Andrew Gillum reconnaissait sa défaite, dans un mouchoir de poche, face à son concurrent républicain, Ron DeSantis, qui l’emportait mercredi matin avec moins de 60 000 voix d’avance sur 8 millions de suffrages. Ainsi, la Floride demeure aux mains des républicains, depuis qu’elle fut conquise en 1998 par Jeb Bush, le frère du futur président George W. Bush.
Pourtant, la campagne avait suscité un véritable enthousiasme à gauche, comme le témoignait le succès de la petite fête électorale qui attirait, mardi, de nombreux Afro-Américains, des jeunes et des femmes. « Les Noirs soutiennent leur candidat en bloc, les jeunes sont revenus alors qu’ils n’étaient pas là la dernière fois », analysait Valentina Pereda. « En 2016, personne n’avait pris la campagne au sérieux. Cette fois-ci, il y avait beaucoup de militants et de volontaires », confie Chris Moreno, 33 ans.

« Je ne vais pas m’en aller »

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en août, Andrew Gillum a mobilisé les militants, en partant de la base, comme l’avait fait à ses débuts Barack Obama, au lieu d’imposer ses idées d’en haut. « Ce qui l’a aidé, c’est qu’il n’avait pas d’argent. Il a dû faire campagne autrement », raconte Gregory King, un militant. Il a séduit, avec ses idées de gauche : sécurité sociale pour tous, études gratuites dans les universités publiques, taxation accrue des grandes entreprises et hausse des salaires pour les enseignants. Bref, un agenda qualifié de « socialiste » par les républicains, mais dont les partisans de M. Gillum pensaient qu’il les mènerait à la victoire.
Il n’en a rien été. Le maire de Tallahassee, 39 ans, ne deviendra pas gouverneur. Dans la soirée, Samantha Karlin, cadre de 32 ans, ancienne de l’équipe de Hillary Clinton, avançait une série d’explications : « Certains disent qu’il a fait trop campagne à gauche. Il y a encore de la ségrégation en Floride. Les gens aiment les armes. Et puis les républicains ont joué la carte de la peur. »
Effectivement, M. DeSantis, candidat plus trumpiste que Trump, a mené une campagne toute en opposition, accusant son adversaire de vouloir augmenter les impôts et de mettre en danger la sécurité de ses concitoyens. L’ancien militaire diplômé de Yale et d’Harvard, âgé de 40 ans, y a ajouté des insinuations racistes, joué d’une enquête du FBI sur l’entourage de M. Gillum et a emporté le morceau.
Pourtant, même les militants républicains étaient secrètement séduits. « Je dois admettre que Gillum est charismatique alors que DeSantis est un homme politique très traditionnel », reconnaissait Jose Gomez, 24 ans, casquette rouge pro-Trump vissée sur la tête. « Gillum suscite de l’excitation, car il illustre ce qu’est le rêve américain. C’est la bonne part de sa candidature », concédait le responsable des Jeunes Républicains de Miami, Armando Ibarra.
La tentative d’Andrew Gillum de prendre le pouvoir par la gauche a en tout cas échoué. Dans son discours de défaite, toutefois, il n’a cessé de redire son credo politique, commençant chaque phrase par « je crois toujours que… »« Je ne vais pas m’en aller. Nous allons continuer à nous battre, et à la fin, nous serons victorieux », a lancé M. Gillum, qui n’a pas pu empêcher un sanglot.
La deuxième consultation décisive concernait le Sénat. Le républicain Rick Scott, 65 ans, l’a emporté d’un cheveu face au sénateur démocrate sortant, Bill Nelson. Il conforte l’emprise républicaine sur le Sénat des Etats-Unis. A minuit, Rick Scott a revendiqué la victoire, mais Bill Nelson n’avait pas concédé sa défaite, alors que des machines à scanner les bulletins de vote se sont montrées défaillantes dans certains bureaux de Miami.

Eloge du président

Ancien astronaute, sénateur depuis le tournant du siècle, Bill Nelson a sans doute mené le combat de trop à 76 ans. Rick Scott, qui a investi une partie de sa fortune personnelle dans la bataille, a raillé son côté politicien professionnel – « je vais à Washington pour travailler, Bill Nelson s’y rend pour blablater », avait-il lancé lors d’un de ses derniers meetings, lundi. M. Scott, lui, a pu se prévaloir de son action en tant que gouverneur de Floride depuis huit ans : l’Etat s’est redressé après la crise financière et immobilière. Il a mis en scène son aide aux victimes des ouragans. Il a su s’éloigner suffisamment du lobby des armes après la tuerie dans l’école de Floride qui fit dix-neuf morts en février, mais n’a pas pu empêcher la pollution agricole qui a provoqué une marée d’algues vertes sur les côtes, catastrophique pour le tourisme.
La campagne revêtait une importance particulière dans cet Etat où les scrutins se jouent à une poignée de voix, guère plus de 1 %. Donald Trump était venu faire campagne à deux reprises la semaine dernière, s’affrontant à distance avec Barack Obama venu soutenir les démocrates. Lors d’un meeting samedi, Ron DeSantis était galvanisé par la présence de son mentor Trump. Rick Scott, lui, était à la peine, prononçant un éloge du président qui sonnait particulièrement faux. M. Scott n’aime guère M. Trump et se trouve coincé : il a dû « coller » au président pour conquérir l’électorat très conservateur des côtes de Floride, mais cette posture le pénalise à Miami, où le président n’est guère populaire.
Le scrutin laisse la Floride plus divisée que jamais, comme le reste du pays. Mardi, elle a certes choisi deux républicains aux postes décisifs, mais elle a su aussi adopter, lors d’un référendum qui se tenait en même temps, un amendement constitutionnel progressiste, la fin de la suppression à vie du droit de vote pour les condamnés ayant purgé leur peine. Le combat, mené par une association d’anciens prisonniers, devrait rendre leurs droits à 1,5 million d’habitants de Floride. Et qui sait, changer un jour son équilibre électoral.

Marijuana, santé, avortement, droit de vote… les autres scrutins
Au total, 55 initiatives populaires étaient soumises au vote dans 37 Etats, miroirs des préoccupations des Américains
WASHINGTON - correspondance
En mettant fin à une des lois les plus sévères du pays en matière de droits civiques, les habitants de Floride viennent de modifier de manière significative la nature de l’électorat de leur Etat. Mardi 6 novembre, plus de 64 % d’entre eux ont donné leur accord pour que les anciens détenus, ayant purgé leur peine ou libérés sur parole – à l’exception des meurtriers et des agresseurs sexuels –, puissent recouvrer leurs droits civiques. Plus d’un million et demi de personnes pourront donc voter lors des prochaines élections, dans un Etat où les victoires se jouent généralement à quelques milliers de voix près. Cette décision devrait profiter en grande partie à la communauté afro-américaine, particulièrement affectée par cette interdiction.
Pas moins de 155 initiatives populaires étaient soumises au vote dans 37 Etats. Le redécoupage de la carte électorale, la santé, la légalisation de la marijuana, la hausse du salaire minimum ou l’avortement, miroirs des préoccupations qui traversent le pays, ont donné lieu à des résultats contrastés. Ainsi le Montana était avec l’Idaho, le Nebraska et l’Utah, l’un des Etats à envisager une extension de la couverture santé Medicaid – dont bénéficient les familles les plus pauvres –, à davantage de personnes modestes privées d’assurance faute de ressources suffisantes.
Les électeurs ont rejeté l’idée de financer cette mesure par une nouvelle taxe sur les cigarettes. L’industrie du tabac avait mis ses forces dans la bataille, investissant 17,5 millions de dollars (15 millions d’euros) dans la campagne pour le non. Fustigeant un gaspillage des dépenses publiques – Medicaid est en majeure partie financé par des fonds fédéraux –, les républicains se prononcent généralement contre cet élargissement, même si certains Etats « rouges » l’ont adopté. L’Idaho et l’Utah vont, en revanche, rejoindre les 34 Etats qui se sont déjà prononcés pour cette extension de l’Obamacare, la réforme du système de santé voulue par Barack Obama et que l’administration Trump s’efforce de saper depuis deux ans.

Hausse du salaire minimum

2018 se profile bien comme l’année de la marijuana. Après la Californie et le Vermont, qui ont légiféré sur le sujet ces derniers mois, le Michigan légalise son usage à des fins récréatives, à l’instar de neuf Etats qui ont déjà adopté cette pratique, tandis que le Missouri et l’Utah, eux, rejoignent les 21 Etats qui l’autorisent à des fins médicales. Cette année, seuls les habitants du Dakota du Nord se sont opposés à la consommation récréative de cannabis.
Le droit à l’avortement, sujet toujours central pour une grande partie de l’électorat conservateur, était aussi discuté dans trois Etats. Ces sept dernières années, 400 mesures visant à limiter le droit à l’avortement ont été adoptées dans 33 Etats à majorité républicaine. Sans surprise, l’Alabama a voté pour la reconnaissance officielle du « caractère sacré et des droits de l’enfant non né » ; une formulation sans conséquence immédiate, mais qui pourrait préfigurer une future interdiction de l’avortement dans cet Etat. La Virginie-Occidentale, de son côté, a approuvé une limitation au droit à l’interruption volontaire de grossesse. Les résultats dans l’Oregon étaient particulièrement attendus par les militants antiavortement, pour qui une victoire dans cet Etat réputé libéral aurait compté double. Mais les électeurs ont massivement rejeté cette mesure, qui prévoyait d’interdire l’utilisation des fonds publics pour financer le droit à l’avortement. L’Oregon est l’un des sept Etats qui remboursent tous types d’IVG par le biais de Medicaid.
Par ailleurs, suivant une tendance observée dans certains Etats et plusieurs grandes villes du pays, le Missouri passera le salaire horaire minimum de 7,85 dollars actuellement à 12 dollars… en 2023. Et l’Arkansas l’a fixé à 11 dollars en 2021 contre 8,50 aujourd’hui.
Plus anecdotique mais symptomatique du caractère de cet Etat : l’Alabama autorise l’installation de retranscription des Dix Commandements dans les écoles et autres lieux publics. A condition que les contentieux que ne manquera pas de susciter la présence de cet ornement ne soient pas financés sur des fonds publics.

Davantage de gouverneurs démocrates

Les démocrates ont perdu l’une des courses les plus scrutées pour l’un des 36 sièges de gouverneurs : le duel entre le démocrate Andrew Gillum, premier candidat afro-américain à ce poste en Floride et le républicain Ron DeSantis, un partisan déclaré de Trump. En Géorgie, le républicain ultraconservateur Brian Kemp devancerait d’une courte tête la démocrate progressiste afroaméricaine Stacey Abrams. Cette dernière a refusé de reconnaître sa défaite mardi 6 novembre au soir. Dans le Wisconsin, le démocrate Tony Evers a créé la surprise en battant le gouverneur sortant Scott Walker, ancien candidat à la présidentielle. Au total, les démocrates pourraient reprendre 6 sièges aux républicains qui en détenaient 33 sur 50. L’Etat du Colorado a élu un gouverneur ouvertement homosexuel, le démocrate Jared Polis, une première.


LES ÉLECTIONS DE MI-MANDAT AUX ÉTATS-UNIS
Au Texas, l’échec prometteur de Beto O’Rourke
Des soutiens du candidat démocrate Beto O’Rourke, lors de la soirée électorale, le 6 novembre à El Paso (Texas). CHIP SOMODEVILLA/AFP
Les démocrates progressent dans plusieurs bastions conservateurs
WASHINGTON -correspondant
La défaite honorable de Beto O’Rourke pour le siège de sénateur occupé par le républicain Ted Cruz, au Texas, ne permet pas seulement au démocrate de nourrir éventuellement des ambitions nationales, en l’absence d’un candidat incontesté pour l’investiture à la présidentielle de 2020. Elle souligne aussi la lente transition à l’œuvre dans un Etat longtemps présenté comme un bastion inexpugnable du camp conservateur.
Beto O’Rourke, d’abord considéré trop à gauche, a marqué les esprits en tenant un discours d’ouverture qui a contrasté avec le climat de guerre de tranchées qui pèse sur la vie politique américaine – et que l’élection de Donald Trump a renforcé. Sans renoncer à ses convictions progressistes, le quadragénaire a plaidé pour des compromis avec une fougue qui a rencontré un écho certain, au point d’esquisser une feuille de route pour les prochaines campagnes démocrates au Texas.
La dynamique lancée par l’ancien représentant de la ville frontière d’El Paso a d’ailleurs essaimé dans le Lone Star State. Deux démocrates, Lizzie Pannill Fletcher et Colin Allred, ont ainsi conquis deux circonscriptions, dont celle où avait été élu l’ancien président George H. W. Bush (1989-1993), à Houston. Deux Latinas démocrates ont également été élues pour la première fois à la Chambre des représentants, Sylvia Garcia et Veronica Escobar.
Ces élections à la Chambre illustrent deux lames de fond qui expliquent la transition texane : le dynamisme économique qui dope la population des grandes agglomérations ; et la transition démographique à l’origine d’un vote latino croissant qui continue de favoriser le camp démocrate, comme l’a attesté une étude du Pew Research Center publiée à la veille des élections de mi-mandat, même si cette communauté est également celle qui participe le moins aux élections.

Le camouflet du Kansas

Kay Bailey Hutchison, l’ancienne sénatrice républicaine dans la même circonscription que Ted Cruz, avait invariablement obtenu plus de 60 % des voix de 1992 à 2006. Après l’avoir emporté avec 56 % des suffrages en 2012, le sénateur s’est imposé avec seulement 51 % des voix cette fois.
La dernière élection présidentielle a également confirmé un début d’effritement républicain. Donald Trump a obtenu 52 % des suffrages au Texas en 2016 au lieu des 57 % de Mitt Romney quatre ans plus tôt, et des 61 % de George W. Bush – il est vrai ancien gouverneur de l’Etat. Cette très lente évolution est potentiellement dévastatrice pour le Parti républicain. Le Texas met en effet en jeu 38 sièges de grands électeurs lors de l’élection présidentielle, plus que les 29 de Floride et que les 18 de l’Ohio, les traditionnels Etat indécis.
Le glissement des zones périurbaines dans le camp démocrate est également à l’origine de poussées inattendues des démocrates dans le Midwest. L’élection d’un nouveau gouverneur républicain dans l’Oklahoma a été moins large que par le passé et les démocrates ont remporté une circonscription.
Dans le Kansas, les élections de mi-mandat ont été un camouflet pour le Parti républicain avec la perte d’une circonscription et celle du poste de gouverneur que guignait Kris Kobach. Très proche de Donald Trump, qui lui avait confié une enquête infructueuse sur d’éventuelles fraudes lors de la présidentielle, ce dernier a contribué au virage du Parti républicain sur l’immigration. Il a manifestement payé le prix d’une politique radicale de baisses d’impôts lancée par l’ancien gouverneur Sam Brownback, qui a laissé exsangues les finances de l’Etat.
Les républicains ont sauvé de justesse leur siège de gouverneur dans l’Iowa, un peu plus au nord, mais ils ont en revanche perdu deux circonscriptions dans cet Etat-clé remporté deux fois par Barack Obama, mais qui avait basculé très nettement en faveur de Donald Trump en 2016. Le représentant ultranationaliste Steve King l’a emporté également de peu dans un bastion pourtant très rural.
Dans le nord-est du pays, les démocrates ont également engrangé les succès. Ils ont ravi aux républicains les postes de gouverneur du Michigan et de l’Illinois, et surtout du Wisconsin. La défaite du sortant, Scott Walker, est un avertissement pour Donald Trump dans la perspective de la présidentielle de 2020. Il avait en effet assis son succès en 2016 dans cet Etat, ainsi que dans le Michigan et la Pennsylvanie où les démocrates ont fortement progressé mardi.
 MARCO GARCIA / REUTERS

Alexandria Ocasio-Cortez, l’espoir de la gauche démocrate

Sa victoire, dans un fief démocrate à cheval sur les districts new-yorkais du Bronx et du Queens, était acquise depuis qu’elle avait battu à la primaire cet été Joseph Crowley, un cacique démocrate, au Congrès depuis 1999. Alexandria Ocasio-Cortez l’a emporté avec 78 % des voix et devient ainsi, à 29 ans, la plus jeune représentante du Congrès des Etats-Unis. Fille d’un architecte du Bronx et d’une mère née à Porto Rico, encore serveuse dans un restaurant de Manhattan l’an dernier, elle s’était engagée en 2016 en faveur de Bernie Sanders et développe des thèses ouvertement socialistes. Dans son discours de victoire, elle a expliqué s’être lancée dans la campagne, car nul n’abordait les questions morales, comme la corruption de la politique américaine par l’argent.

TERESA CRAWFORD/AP

Lauren Underwood, la révélation de l’Illinois

Elle a fait mentir les statistiques et procuré une victoire surprise au camp démocrate. Lauren Underwood, une jeune Afro-Américaine de 32 ans, infirmière de formation et spécialiste des questions de santé, a été élue dans le 14e district de l’Illinois, dans la banlieue de Chicago, une circonscription dont 85 % de la population est blanche. Un cas d’école. En effet, plus de deux tiers des femmes noires élues dans le pays le sont dans des zones où la communauté afro-américaine est majoritaire. L’ancienne stagiaire de Barack Obama partait pourtant de loin, face à Randy Hultgren, un républicain élu en 2011, et dans une circonscription tenue par les républicains depuis des décennies, à l’exception d’une parenthèse démocrate entre 2008 et 2011. Son programme centré sur la réforme de la santé a séduit un électorat de la classe moyenne.
SCOTT OLSON/AFP

Josh Hawley, l’étoile montante des républicains

Josh Hawley, jusqu’alors procureur général de l’Etat du Missouri, n’aura que 39 ans lorsqu’il prêtera serment pour servir au Sénat, ce qui en fera le benjamin de la Haute Assemblée. Cette précocité et son bagage d’intellectuel conservateur pourraient lui permettre de laisser une empreinte durable au Congrès. Diplômé de Stanford et de Yale, il est l’auteur d’une biographie de Theodore Roosevelt, qui traduit des convictions plus modérées que celles qu’il a exposées au cours de la campagne acharnée menée contre la sénatrice démocrate sortante, Claire McCaskill, en situation difficile dans un Etat conservateur. Il y a encore quatre ans, le trentenaire était simple professeur de droit à l’université du Missouri. Elu procureur général en 2016, il a une nouvelle fois brûlé les étapes.

STEVE HELBER/AP

Dave Brat, la défaite symbolique d’une figure du Tea Party

Dave Brat, 64 ans, avait créé la surprise en 2014 en évinçant, au cours des primaires républicaines de Virginie, le chef de la majorité républicaine, Eric Cantor, dans une circonscription conservatrice. La victoire de cette figure des populistes du Tea Party avait frappé de stupeur les modérés du Grand Old Party. Ces derniers allaient par la suite subir la loi, à la Chambre, de cette minorité interne, regroupée au sein du Freedom Caucus. Elle avait ainsi poussé à la démission le speaker (président) John Boehner, en 2016, avant de mener la vie dure à son successeur Paul Ryan, qui ne s’est pas représenté. Le renvoi dans l’opposition des républicains s’accompagne symboliquement de la défaite de Dave Brat, dans une Virginie de plus en plus démocrate.

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