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vendredi 19 octobre 2018

La riposte de Thales au duo Siemens-Alstom


9 octobre 2018

La riposte de Thales au duo Siemens-Alstom

Face au géant en gestation, le petit français parie sur ses solutions technologiques

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Drôle de méli-mélo ferroviaire ! Alors que la mégafusion entre le français Alstom et l'allemand Siemens Mobility est en cours d'examen par la Commission européenne, c'est un consortium constitué de Thales et Siemens qui a emporté le 4  octobre, face à Alstom, le marché des automatismes et des commandes centralisées des futurs métros 15, 16 et 17 du Grand Paris Express, le plus vaste projet de transport urbain en Europe, pour un montant de 360  millions d'euros sur quinze ans. Thales, seul cette fois, s'est également vu confier la conception des systèmes d'information embarqués à bord de ces métros.
L'épisode est venu rappeler au bon souvenir des observateurs du secteur l'existence de Thales, l'autre fleuron tricolore du ferroviaire, dont la branche transport (1,7  milliard d'euros de chiffre d'affaires en  2017) est presque dix fois moins imposante que le futur géant Siemens-Alstom (environ 16  milliards de chiffre d'affaires).
Comment se positionne Thales face à cette nouvelle concurrence ? " Ce rapprochement ne change pas grand-chose pour nous, assure Patrice Caine, PDG de Thales. Alstom et Siemens sont des compétiteurs respectables et, forcément, nous serons attentifs à leurs futures initiatives. Mais je peux vous assurer que nous ne bâtissons pas notre stratégie en fonction de ce que font les autres. " Chez Thales, on rappelle que la différence de taille tient en premier lieu au fait que le groupe ne fabrique pas, et donc ne vend pas, de matériel roulant. Ni locomotives, ni wagons, ni métros, ni tramways pour Thales, donc, mais seulement la technologie et les services qui vont avec.
Thales est en mesure d'apporter les solutions technologiques d'un groupe expert en connectivité sécurisée, en intelligence artificielle, en big data et en cybersécurité ", poursuit M.  Caine. En effet, l'écart de taille s'estompe si l'on considère Thales dans sa globalité : un groupe de référence dans la défense et l'aérospatial, qui réalise 15  milliards d'euros de ventes dans le monde et qui emploie 25 000 chercheurs dans ses centres de recherche et développement (R&D).
C'est cet ADN que M. Caine met en avant comme l'un de ses actifs majeurs. " En matière de train autonome, par exemple, Thales capitalise sur son expertise dans l'aérospatial, la défense et la sécurité pour proposer des capteurs de détection très performants  radar, lidar, caméra optronique –, ainsi que des instruments de positionnement et de guidage d'une grande précision ", explique le PDG. Dans les domaines du rail intelligent et des centres de supervision hyperconnectés, Thales fait valoir sa capacité à stocker, trier, traiter des " lacs de données " à la profondeur quasi insondable.
Bien armé dans la cybersécuritéIl est un secteur en particulier où la singularité de Thales est un atout, c'est la cybersécurité, cruciale dans un monde gouverné par la donnée. " En matière de cybersécurité, vous ne pouvez pas être au meilleur niveau si vous n'êtes pas aussi dans la cyberdéfense, soutient Patrice Caine. Thales est bien armé car dans la cyberdéfense, nous sommes confrontés au meilleur du pire. " Un argumentaire renforcé par le rachat, en  2017, de Gemalto, leader mondial de la sécurité numérique. Cette opération à 6  milliards pourrait bien se révéler lucrative malgré son coût initial, -essentiellement grâce aux technologies d'authentification mises au point par Gemalto, qui amélioreront encore davantage les produits traditionnels de Thales en termes de cybersécurité.
Reste à rattraper l'écart de rentabilité existant entre Thales et ses rivaux. La branche, transports a connu de sérieuses difficultés d'exécution de plusieurs contrats en  2014-2015. Si ces déboires l'ont mis dans le rouge en  2015, Thales-Transports va mieux désormais. Mais la division est encore convalescente et sa marge d'exploitation (3  %) pas encore à la hauteur des divisions Aérospatial ou Défense et sécurité (10  %), ni de Siemens Mobility (10  %) et d'Alstom (6  %).
Éric Béziat
© Le Monde

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