Lu dans le DL du 8/10/2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Brésil, alerte au
“Trump tropical”
Au Brésil, la démocratie traîne tant de casseroles qu’on en vient à lui
préférer le bruit des bottes.
De nombreux citoyens expriment leur
nostalgie de la dictature militaire qui verrouilla le pays de 1964 à 1985.
Comment expliquer une telle volte-face ?
Par l’insécurité, la crise
économique, mais surtout l’écœurement profond qu’inspirent à la base
les élites du sommet.
Lula, icône de la gauche et des Travailleurs,
semblait le favori logique de l’élection présidentielle.
Mais il croupit pour
douze ans en prison.
L’ex-chef de l’État se trouve écarté pour « corruption
», comme son héritière Dilma Rousseff, l’élève ayant suivi le maître.
Les Brésiliens, après ça, rejettent massivement la classe politique
traditionnelle.
Ils réclament désormais, à l’instar de nos voisins italiens,
un champion « antisystème » qui promet de sauver la patrie.
Jair Bolsonaro, 63 ans, a le profil de l’emploi.
Cet ancien capitaine de
l’armée, désormais sous les drapeaux de l’extrême droite, défend la
peine de mort, la répression violente et le port d’arme.
Un policier qui tue
vingt personnes dans une favela doit, selon lui, « récolter une décoration
et non pas des poursuites ».
Et que mérite l’abruti qui le poignarda en
pleine campagne ?
Une médaille aussi, sans doute, puisque l’agression
a donné au candidat un net surcroît de popularité.
Charmant garçon, ses odieux dérapages lui valent le surnom de
« Trump tropical ».
Il préfère que son fils « meure dans un accident plutôt
qu’il soit gay ».
Et lance à une députée adverse : « Vous êtes si laide que
je ne vous violerais même pas ! ».
Voilà l’homme qui pourrait bientôt prendre, à la hussarde, les rênes
d’une nation désenchantée.
Une de plus.
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