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samedi 22 septembre 2018

Maurice Audin : la reconnaissance d’un crime d’Etat




                                                   
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Maurice Audin : la reconnaissance d’un crime d’Etat


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Il y a un peu plus de soixante et un ans, le 21 juin 1957, Maurice Audin, jeune mathématicien, arrêté dix jours plus tôt par l’armée française en Algérie- alors encore territoire français- disparaissait. Il ne réapparaîtrait plus jamais. Par son geste, et sa décision de reconnaître le crime de l’Etat français, Emmanuel Macron évoque un sujet encore tabou pour la France.
  • Contexte historique 
En 1957, le monde connaît de nombreux changements. Les Etats-Unis et l’Union Soviétique se livrent une guerre indirecte, et le Tiers-Monde commence à émerger sur le devant de la scène internationale. Deux ans plus tôt la première conférence des pays non-alignés avait lieu à Bandung, en Indonésie, sous l’égide notamment de l’Inde, de la Yougoslavie socialiste de Tito, et de l’Indonésie. En 1956, l’Egypte de Nasser s’affirme en nationalisant le canal de Suez. Partout dans le monde les nouvelles nations essayent de se faire une place, et celles encore sous domination européenne cherchent leur indépendance. Les mouvements de libération nationale, et d’indépendance se multiplient, notamment en Afrique.
La France, en tant que puissance coloniale, n’échappe pas à cette règle. L’Algérie souhaite son indépendance. Le Front de libération nationale (FLN) mène cette lutte, mais nombreux sont les Français à soutenir la cause indépendantiste. Des militants de gauche, notamment du Parti communiste français, appelés « porteurs de valises », mais aussi ceux habitants en Algérie. C’est le cas de Maurice Audin. En 1957, habitant à Alger, et âgé de 25 ans, Maurice Audin est un jeune mathématicien brillant. Il est membre du Parti communiste algérien, théoriquement interdit depuis 1955.
Tout bascule le 10 juin 1957 lorsque, soupçonné d’aider les indépendantistes algériens, Maurice Audin est arrêté par l’armée française. Quelques jours plus tard, le 21 juin, il disparaît définitivement. Très vite le récit de l’armée, attestant qu’il se serait évadé, est mis à mal par des témoins. Dès le mois de juillet, Josette Audin, sa femme, porte plainte pour homicide. Mais l’affaire est classée sans suite. Dès lors elle n’aura de cesse, jusqu’à aujourd’hui, de réclamer justice pour son mari défunt. C’est chez elle que s’est rendu Emmanuel Macron ce jeudi 13 septembre. Reconnaissant, enfin, que Maurice Audin est :
« mort sous la torture, du fait du système institué alors en Algérie par la France ».
  • Des réactions variées
La famille de Maurice Audin a évidemment salué cette décision historique. De même que beaucoup de militants et de dirigeants de gauche. La fête de l’humanité a, d’ailleurs, été l’occasion de revenir sur ces temps sombres de notre histoire.
Mais d’autres se sont illustrés, comme ils savent le faire, par des propos stupides, correspondant à leur niveau intellectuel. C’est ainsi qu’Eric Zemmour, dont on se demande encore comment peut-il être invité sur les plateaux télévisés, a déclaré que « Maurice Audin aurait mérité douze balles dans la peau ».
De son côté, bien que discret à ce sujet, le gouvernement algérien a tout de même salué ce geste et a qualifié la décision du président français de « pas positif ». C’est en effet un pas, mais d’autres restent à parcourir. Car il y a, encore aujourd’hui, de nombreuses zones d’ombre sur cette période, et d’autres personnes méritent justice, à l’image de Mehdi Ben Barka, militant socialiste marocain, enlevé le 20 octobre 1965 et dont on n’a jamais retrouvé la trace.

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