Translate

samedi 22 septembre 2018

La robotisation des emplois creuse les écarts régionaux


22 septembre 2018

La robotisation des emplois creuse les écarts régionaux

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Dans son nouvel essai, l'historien Yuval Noah Harari en parle comme du prochain grand défi de nos sociétés. L'intelligence artificielle et le big data ont déjà commencé à bouleverser nos industries et nos emplois dans des proportions sans commune mesure avec les précédentes révolutions industrielles.
Aujourd'hui, 71 % des heures de travail sont réalisées par les humains, contre 29  % par les machines, selon une étude publiée lundi 17  septembre par le Forum économique mondial, la fondation organisant le -Forum de Davos. Mais le poids des machines devrait grimper à 42  % en  2022. En première ligne : les emplois peu qualifiés (chauffeurs, préparateurs alimentaires…) ; 75  millions d'emplois devraient être -détruits d'ici à quatre ans, estiment les auteurs. Avant de rassurer : 133  millions de nouveaux jobs seront créés grâce à cette nouvelle division du travail entre hommes, machines et algorithmes, selon la théorie de la destruction créatrice de l'économiste Joseph Schumpeter (1883-1950).
Si les études plus ou moins alarmistes sur le sujet ne manquent pas, peu se sont -encore penchées en profondeur sur sa dimension régionale. C'est ce que vient de faire l'Organisation de coopération et de -développement économiques (OCDE), dans un rapport dévoilé mercredi 19  septembre. Dans l'ensemble des pays de l'OCDE, 14 % des emplois risquent d'être automatisés, tandis que 32  % sont susceptibles d'être profondément modifiés. Sans surprise, les pays les plus exposés sont en Europe du sud et de l'est, tandis que l'Europe du Nord est davantage protégée. Le détail par région est plus éclairant encore, et vertigineux : la proportion des emplois menacés grimpe jusqu'à 40 % en Slovaquie occidentale, tandis qu'elle est de 4 % seulement autour d'Oslo, la capitale norvégienne.
Développer les formationsA l'intérieur des frontières, c'est en Espagne que les divergences sont les plus fortes (12 points d'écart entre la région la plus exposée et celle qui l'est le moins). En France, l'écart s'élève à 6,6 points. Les régions tricolores les plus menacées par les robots sont ainsi les anciennes régions Champagne-Ardenne (18,5  %) suivie par la Basse-Normandie (18,4  %), tandis que l'Ile-de-France (11,9  %) est la moins concernée.
" Notre analyse montre que les régions où le niveau d'éducation de la population active est plus bas sont davantage exposées aux risques liés à l'automatisation ", détaillent les auteurs. Depuis quelques décennies, les grandes agglomérations, en particulier les capitales, attirent et concentrent de plus en plus les emplois qualifiés – exigeant intelligence créative et sociale, ils sont moins exposés à la robotisation –, au détriment des campagnes et petites villes. Résultat : cette révolution schumpétérienne risque de creuser un peu plus encore les écarts de croissance et de revenus entre les métropoles et les zones rurales dans les années à venir. Et ce, en France comme en Europe.
Entre 2011 et 2016, la plupart des régions étudiées ont observé des destructions d'emplois à cause des machines, mais, dans 60  % des cas, elles ont été compensées par la création de nouveaux postes, notamment dans l'éducation. En revanche, 30 % des régions très fragiles ont perdu plus de postes qu'elles n'en ont généré.
Pour aider ces dernières, l'OCDE appelle les Etats à développer les formations à destination des chômeurs peu qualifiés, à soutenir la transition digitale des entreprises ou, encore, à muscler les connexions entre -villes et zones rurales. " Les nouvelles techno-logies peuvent également alimenter la croissance de la productivité et contribuer à augmenter le niveau de vie ", veut croire Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE. A condition de stopper le creusement des écarts régionaux et " de se concentrer sur l'amélioration des compétences et de l'efficacité des entreprises ".
Marie Charrel
© Le Monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire