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samedi 22 septembre 2018

Hybride rechargeable : la charge de PSA


22 septembre 2018

Hybride rechargeable : la charge de PSA

Le constructeur proposera une version électrifiée de ses nouveaux modèles dès 2019

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C'est un grand fossé électrique que PSA s'apprête à franchir dans les prochains mois. Et le groupe français aux cinq marques (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall) tient à le faire savoir. Le groupe a présenté à la presse, jeudi 20  septembre, sa stratégie industrielle autour de la technologie des véhicules hybrides rechargeables, un mode de motorisation qu'aucun constructeur français n'avait exploré jusqu'ici. A partir de la mi-2019 et jusqu'à janvier 2020, cinq véhicules emblématiques du nouveau PSA auront leur version électrifiée dite PHEV (Plug-in Hybrid Electric Vehicle) pour reprendre l'acronyme anglo-saxon en vogue dans l'industrie automobile.
A tout seigneur tout honneur, la DS7 Crossback – une des voitures officielles du président Macron – sera le premier modèle à être commercialisé dans une version hybride rechargeable, à l'été prochain. Puis viendront les Peugeot 3008 et 508 en septembre 2019, l'Opel Grandland X en octobre et la Citroën C5 Aircross début 2020.
" Nous avons décidé de proposer à nos clients une version électrifiée de tous nos nouveaux modèles dès l'année prochaine. Et à partir de 2025, ce sera l'intégralité de la gamme de nos marques, y compris les anciens modèles, qui auront une version électrique ", a déclaré Alexandre Guignard, directeur du département véhi-cules basse émission du groupe. Cette mise en ordre de bataille industrielle se double d'une offensive institutionnelle à la veille de la présentation du budget 2019. Les représentants de PSA ont appelé l'Etat à recréer une prime à l'achat d'un véhicule hybride rechargeable, l'aide publique de 1 000 euros par voiture en  2017 ayant été supprimée cette année. " Nous préconisons une incitation de 2 000 euros par véhicule, indique Laurent Fabre, délégué institutions publiques de PSA. Selon nos estimations, le coût pour les finances publiques devrait avoisiner les 40  millions. "
Cette supplique à la puissance publique, fait valoir PSA, est portée également par Renault, au sein du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Le grand rival de PSA devrait faire, début octobre, lors du Mondial de l'automobile à Paris, des annonces sur l'électrification de ses modèles. Une Clio hybride nouvelle génération pourrait voir le jour.
Rafale de berlines et de SUV" Nos modèles hybrides rechargeables ont une batterie qui leur permet de rouler en mode zéro émission pendant 50 kilomètres ", ajoute M. Guignard. C'est suffisant pour couvrir la quasi-totalité des trajets quotidiens en zone urbaine d'un conducteur moyen sans émettre la moindre pollution. Cela mérite bien un effort du gouvernement.
En attendant ce coup de pouce, la rafale de berlines et de SUV à électrifier constitue un exploit industriel inédit pour le constructeur. D'autant plus que la technologie déployée a contraint les équipes R&D de PSA à sortir de leur zone de compétence historique : la motorisation thermique. Heureusement pour le groupe, le projet bénéficie de la méthode industrielle des plates-formes. Celles-ci permettent une mise en commun d'un grand nombre de composants pour des modèles différents, qui, du coup, peuvent être assemblés sur une ligne de montage unique.
Illustration dans l'usine-mère de Sochaux, plus précisément dans l'atelier prototype des hybrides rechargeables, où l'on teste la fluidité de l'assemblage des versions des différents modèles avant de lancer la production sur les vraies chaînes des usines de Mulhouse (DS7 et 508), de Rennes (C5), d'Eisenach en Allemagne (Grandland) et, bien sûr, de Sochaux (3008 et Grandland).
Ici, un opérateur couple un bloc boîte de vitesses-moteur électrique à un moteur classique. Là, des techniciens " marient " une carrosserie de DS7 avec sa base hybride rechargeable, à peine différente de sa sœur thermique. " Sur cette plate-forme que nous appelons EMP2, seulement 7 % à 8  % des pièces diffèrent entre un véhicule classique et sa version électrifiée ", détaille Olivier Salvat, directeur du projet PHEV chez PSA. Et pour y arriver, les ingénieurs de PSA et de ses fournisseurs ont fait des petits miracles. Ils ont, par exemple, réussi à caser un moteur électrique et une boîte de vitesses huit rapports dans l'espace qui, dans la version thermique, ne contient que la boîte automatique.
Le programme hybride rechargeable de PSA, qui se chiffre tout de même à 100 millions d'euros investis dans l'adaptation de l'outil industriel, n'est qu'un pan du grand plan électrique du constructeur tricolore. La méthode est simple : les gros véhicules assemblés sur la base de la plate-forme EMP2 auront une version hybride rechargeable. Les plus petits, construits à partir d'une toute nouvelle plate-forme dite CMP, se verront dotés d'une variante 100 % électrique. Et les véhicules électrifiés seront fabriqués sur les sites où sont produits leurs avatars thermiques. " Les usines de PSA sont prêtes pour la transition énergétique ", résume Frédéric Laganier, directeur de la stratégie industrielle du groupe.
La révélation, le 13 janvier, de la DS3 Crossback, dernière-née de la marque aux ambitions haut de gamme de PSA, est une illustration de cette fièvre électrique qui secoue le groupe. Ce petit 4×4 urbain luxueux sortira en mars  2019 en version classique et aura dès l'automne une version 100 % électrique, dotée d'une autonomie de plus de 300 kilomètres. " L'électrification est au cœur d'une jeune marque comme la nôtre, explique Yves Bonnefont, patron de DS. Nos versions à batterie donnent des véhicules vifs, agréables à conduire, efficacement énergétiques, et qui permettront à nos clients de rouler en centre-ville, quelle que soit l'évolution de la législation. "
Reste à convaincre massivement les clients de venir à ces technologies. Pour le moment, le marché des hybrides rechargeables, dominé par les constructeurs premium essentiellement allemands, reste microscopique : 6 970 véhicules vendus en France au premier semestre 2018, soit 0,6 % des immatriculations sur la période (1  % à l'échelle européenne). Les prix élevés aujourd'hui de ces véhicules (encore renchéris par la disparition des aides) expliquent largement cette étroitesse.
PSA compte, avec sa stratégie industrielle modulaire et sa science de la maîtrise des dépenses, surmonter cet obstacle. L'un de ses objectifs est de proposer, dans le cadre d'une location longue durée, le véhicule à un coût global égal à celui d'un véhicule thermique.
Éric Béziat
© Le Monde

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