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samedi 22 septembre 2018

Brexit: les Vingt-Sept ne cèdent rien à Theresa May


22 septembre 2018

Brexit: les Vingt-Sept ne cèdent rien à Theresa May

Donald Tusk et Emmanuel Macron ont rejeté le plan de compromis de la première ministre britannique

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En l'absence de Theresa May, la première ministre britannique, les vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE) se sont mis d'accord, jeudi 20  septembre, à Salzbourg. Le sommet informel qui les réunissait a été l'occasion de sonner collectivement l'alarme : la dernière ligne droite des négociations du Brexit a vraiment commencé. Et ils n'ont – pour l'instant ? – pas l'intention d'assouplir leurs positions. Ce rendez-vous était surtout destiné à exercer une pression maximale sur Mme  May à quelques jours du congrès des tories, du 30  septembre au 3  octobre, toujours profondément divisés sur leur vision du Brexit.
Dix-huit mois après le début des négociations sur le divorce, les Vingt-Sept ont, pour la première fois, précisé leur calendrier final. " Le Conseil européen - du 18  octobre - sera un moment de vérité, a -affirmé Donald Tusk, le président du Conseil. Nous y espérons des progrès substantiels. A ce moment-là, nous aviserons - s'il est utile de convoquer - un éventuel sommet en novembre. " M.  Tusk ne veut pas laisser s'installer l'idée que l'urgence n'est pas de mise.
" Heure de vérité "A en croire les Vingt-Sept, il ne reste donc que deux mois " utiles " pour boucler dans les temps la rédaction complexe d'un traité entérinant le divorce, puis sa validation par le Parlement européen, et – plus périlleuse – par les parlementaires britanniques. " Le Brexit aura bien lieu le 29  mars 2019 ", a répété Mme May à Salzbourg. Une façon de répondre à ceux qui évoquent encore une prolongation des négociations. Les Européens espèrent boucler rapidement l'accord de séparation. Quitte à régler, ensuite, les détails de la " déclaration politique " censée l'accompagner et esquisser la relation future avec Londres.
" C'est l'heure de vérité. Nous attendons une nouvelle proposition britannique en octobre, tout particulièrement sur l'accord de retrait ", a précisé Emmanuel Macron. Mme  May a dit qu'elle la soumettrait pour éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Il s'agit du dernier vrai point de blocage. En décembre  2017, Michel Barnier, le négociateur en chef pour l'UE, avait proposé une solution temporaire, la " clause de sauvegarde " (" backstop "), sorte d'assurance pour éviter une frontière entre les deux Irlandes, qui fragiliserait les accords de paix dits " du Vendredi saint ", signés il y a vingt ans.
Le temps d'avoir bouclé la " relation future " entre l'UE et Londres, l'Irlande du Nord resterait alignée sur toutes les normes européennes, de manière à éviter les contrôles des biens avec la République d'Irlande. Et les contrôles des marchandises rendus nécessaires par le Brexit seraient effectués entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.
" Inacceptable ", répondentles Britanniques : cela reviendrait à unifier de facto toute l'île d'Irlande en l'arrimant à l'Union. Leurs contre-propositions ont jusqu'à présent été rejetées par les Vingt-Sept. M.  Barnier tente depuis quelques semaines de dédramatiser le sujet du " back-stop ", qu'il décrit comme temporaire, et indique que les vérifications des marchandises seraient limitées. Mais sur le fond, sa proposition n'a pas changé.
Jeudi, M.  Tusk a, lui, explicitement rejeté le " plan de Chequers " négocié en juillet par Mme  May au sein de son gouvernement, ce qui avait entraîné la démission des ministres du Brexit, David Davis, et des affaires étrangères, Boris Johnson. Elle espérait ainsi sortir de l'UE en douceur en ménageant un accès au marché unique pour les produits britanniques, mais pas pour les services. " La future relation économique - proposée par Londres - n'est pas acceptable, car elle n'est pas respectueuse de l'intégrité du marché unique - avec ses quatre libertés de circulation : biens, capitaux, services, personnes - ", a précisé M. Macron. M. Barnier fait prévaloir, lui aussi, cette ligne de fermeté.
Bruxelles est toutefois fébrile car, plus que jamais, l'unité des Vingt-Sept va être déterminante face aux tentatives de fissurer leur front commun. " Pas question de céder aux tentatives de division ", affirme le premier ministre belge, Charles Michel. Jusqu'à présent, les Européens se sont presque toujours exprimés d'une seule voix, même si, jeudi, le premier ministre maltais, Joseph Muscat, et son homologue tchèque, Andrej Babis, affirmaient qu'il y avait un soutien " presque unanime " des dirigeants de l'UE pour l'organisation d'un deuxième référendum au Royaume-Uni. Des déclarations jugées " insignifiantes ", d'autant que Mme  May avait, la veille, à nouveau exclu catégoriquement cette option.
" Ceux qui disent qu'on peut faire très bien sans l'Europe sont des menteurs. (…) Ce n'est pas si facile de sortir de l'UE, cela ne se fait pas sans coûts ou sans conséquences ", a résumé Emmanuel Macron.
Cécile Ducourtieux, et Jean-Pierre Stroobants
© Le Monde

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