Chère lectrice, cher lecteur,
Les initiatives alimentaires de ce dimanche promettaient la reconquête du jardin perdu, dans un contexte de production et de consommation mondialisées. C’est franchement raté. N’en déplaise à la Suisse romande urbaine, les Suisses n’ont pas voulu ajouter à la complexe machine de la politique agricole un surcroît de contraintes. La crainte d’une augmentation des prix aura aussi joué son rôle.
Mais il serait faux de lire dans ce résultat un soutien massif à l’ouverture des marchés et au démantèlement des protections douanières visées par la droite économique. N’y voyons pas davantage un plébiscite pour la politique agricole actuelle, l’une des plus chères au monde, sans assurer pourtant la stabilité du secteur et le revenu de ses acteurs, ni répondre aux urgences environnementales.
La politique agricole n’est plus confinée dans une relation entre producteurs, Etat et grande distribution; la société entière s’en mêle et impose sa sensibilité nouvelle au contenu de l’assiette et à ses implications.
Le retour au paradis perdu n’est pas possible. Mais le nouveau modèle, dont la Suisse a impérativement besoin, le sera-t-il? C’est tout l’enjeu, malgré des contradictions qui peuvent sembler inextricables, du texte sur la sécurité alimentaire, qu’il faut mettre en œuvre, et de la politique agricole PA22, par laquelle la Suisse et ses paysans renouvelleront leur pacte. Le débat agricole ne fait que commencer.
– Yelmarc Roulet, chef de la rubrique Suisse
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