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dimanche 12 août 2018

La Russie menace de riposter aux nouvelles sanctions américaines


11 août 2018

La Russie menace de riposter aux nouvelles sanctions américaines

Pour Washington, Moscou est responsable de l'attaque au Novitchok au Royaume-Uni

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L'esprit d'Helsinki est bien loin. Moins d'un mois après les échanges d'amabilité du sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, le 16  juillet dans la capitale finlandaise, l'heure est de nouveau à la confrontation entre Washington et Moscou. Mercredi 8  août, les Etats-Unis ont fait part de leur intention d'imposer une nouvelle salve de sanctions à la Russie ; le lendemain, celle-ci a prévenu qu'elle riposterait de manière " identique ".
En  2014, l'administration Obama avait imposé de lourdes sanctions contre Moscou pour l'annexion de la Crimée et son rôle dans la guerre dans le Donbass. En mars, sous l'administration Trump, donc, le Trésor américain a adopté des mesures ciblées contre des " oligarques " proches de M. Poutine. Il s'agissait alors de répondre à la fois aux accusations d'ingérence dans la campagne électorale de 2016, à plusieurs cyberattaques, mais aussi au soutien de Moscou au régime de Bachar Al-Assad.
Un nouveau sujet vient s'ajouter à cette liste de contentieux : l'empoisonnement sur le sol britannique, début mars, de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia. Les deux ont survécu, mais une Britannique de 44 ans est morte le 8  juillet après avoir été -exposée au même poison, le Novitchok, un agent neurotoxique mis au point par l'Union soviétique. Cette " affaire Skripal ", dans laquelle les Occidentaux ont vu la main de Moscou, avait donné lieu à la plus importante vague d'expulsions de diplomates jamais vue. Washington avait notamment expulsé 60 diplomates russes accusés d'être des " espions " et la Russie en avait fait autant.
Mercredi, pour expliquer l'imposition de sanctions dans cette affaire, le département d'Etat, qui est à la manœuvre, a répété que " le gouvernement russe a utilisé des armes chimiques ou biologiques en violation des lois internationales ". Or, a expliqué une porte-parole du département d'Etat, la loi américaine de 1991 sur " l'élimination et le contrôle des armes chimiques et biologiques " oblige le président américain à agir contre tout pays qui aurait utilisé de telles armes.
Les sanctions envisagées, dont le détail n'est pas encore connu, porteraient sur l'exportation de certains produits technologiques, comme des turbines ou de l'équipement électronique. Si le Congrès ne s'y oppose pas, elles entreront en vigueur le 22  août et la Russie aura alors quatre-vingt-dix jours pour déclarer qu'elle n'utilise plus d'armes chimiques ou biologiques, s'engager à ne plus le faire à l'avenir et permettre des inspections pour s'assurer de leur élimination, a indiqué le département d'Etat. En cas de non-respect de ces exigences, une deuxième salve de sanctions " draconiennes " serait décrétée, qui pourraient aller jusqu'à interdire les aéroports américains aux compagnies aériennes russes ou même suspendre les relations diplomatiques entre les deux pays.
Mesures " illégales "Le Royaume-Uni a salué les nouvelles mesures américaines comme " un message univoque à la Russie que son attitude impétueuse ne restera pas sans réponse ". Dans le même temps, la presse britannique évoquait ces derniers jours l'imminence de l'envoi par Londres d'une demande d'extradition à Moscou visant deux individus impliqués dans l'empoisonnement des Skripal. Donald Trump, très actif ces derniers jours sur les sujets de politique intérieure, est de son côté resté muet. Nul doute que cette répartition des rôles à Washington renforcera M. Poutine dans sa conviction que toute la bonne volonté du président américain de réchauffer les relations entre les deux pays pèse peu face à l'opposition de " l'establishment ", selon le mot du président russe.
La rencontre d'Helsinki, dont on ignore en grande partie le -contenu, avait été qualifiée de " mieux que super " par le chef de la diplomatie russe. M.  Trump s'y était montré chaleureux envers son homologue et avait semblé prêt, lors de la conférence de presse, à l'exonérer de son rôle dans la campagne de 2016. Dès -début août, le ton avait changé avec l'initiative d'élus républicains et démocrates en faveur d'un durcissement des sanctions liées à cette ingérence supposée.
Jeudi, le Kremlin a qualifié d'" inadmissibles "" inamicales " et " illégales " les mesures annoncées par le département d'Etat et promis une riposte de niveau équivalent. " Quelles que soient les sanctions prises à l'encontre de la Russie, les mesures de représailles seront identiques ", a dit la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, assurant que Moscou ne se plierait pas " au langage des ultimatums et de la force ". Cette nouvelle escalade a aussi provoqué un coup de froid, jeudi, à l'ouverture des marchés financiers russes. Les indices boursiers ont chuté et la monnaie russe est tombée à son plus bas niveau en deux ans face au dollar, avant un retour au calme progressif.
Benoît Vitkine
© Le Monde

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