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vendredi 10 août 2018

"Je ne suis pas un bot russe": Jean-Luc Mélenchon s'emporte contre une ONG qui entend traquer les fake news


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POLITIQUE
10/08/2018 00:48 CEST | Actualisé 10/08/2018 01:00 CEST

"Je ne suis pas un bot russe": Jean-Luc Mélenchon s'emporte contre une ONG qui entend traquer les fake news

Plusieurs personnalités liées à la France insoumise sont montées au créneau pour dénoncer un fichage illégal mené dans le cadre d'une étude.

Jean-Luc Mélenchon sur les Champs-Élysées le 14 juillet.

POLITIQUE - Les répliques du séisme provoqué par l'affaire Benalla ont des conséquences pour le moins inattendues. Dans la soirée du jeudi 9 au vendredi 10 août, Jean-Luc Mélenchon s'est fendu d'un tweet plutôt surprenant, dans lequel il s'en prend, sans la nommer, à l'ONG EU DisinfoLab, auteure d'une étude controversée sur le rôle de comptes Twitter liés à la russosphère en marge de la polémique portant sur les agissements de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron.
"Eh stupide barbouze ! Je ne suis pas un bot russe. C'est juste moi, Mélenchon, qui tweete contre toi ! Si t'as besoin de me ficher pour t'en rappeler, c'est que tu es encore plus bête que tu en as l'air", s'emporte le leader de la France insoumise, signant son tweet de son numéro de "matricule 14452".
Mais de quoi parle-t-il? Pour ceux qui n'ont pas suivi (ou qui ont déserté les réseaux sociaux en cette période estivale), une étude réalisée au début du mois d'août par EU Disinfolab indiquait qu'une minorité de comptes avaient inondé Twitter lors de l'affaire Benalla, émettant ainsi l'hypothèse d'une ingérence russe par le biais de comptes automatisés ayant pour mission de faire gonfler la polémique sur les réseaux sociaux.
Il n'en fallait pas moins pour que la majorité se jette sur celle-ci pour minimiser la portée "réelle" du scandale, et hurler à la tentative de déstabilisation venant de Moscou. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, avaient d'ailleurs appelé à ce que "toute la transparence soit faite sur la diffusion de ce type de message". Le groupe Agir (centre droit pro-Macron) a demandé que le Sénat se saisisse de "la manipulation attribuée aux comptes russophiles sur Twitter pour déstabiliser l'exécutif français", dans le cadre de l'enquête parlementaire.
Mais quelque jours plus tard, la même ONG a nuancé ses premières conclusions, indiquant qu'il n'y avait aucune preuve d'une ingérence russe, et que la présence de comptes automatisés (caractéristiques des campagnes massives de déstabilisation) était plus qu'infime dans la masse des comptes ayant commenté à souhait l'affaire Benalla.
Fin de l'histoire? Pas vraiment. Dans le même temps, plusieurs membres de l'opposition, de la France insoumise aux Républicains, raillaient les cris d'orfraie poussés par la majorité concernant cette prétendue "ingérence russe" et mis en doute le sérieux l'ONG.
EU Disinfolab s'est donc expliqué sur sa méthodologie, en publiant sur son siteles fichiers des personnes ayant tweeté sur le sujet, avec le nombre de messages ou de retweets et leur affiliation politique. Dans le détail, le fichier classait les utilisateurs en diverses catégories: "pro-Mélenchon", "pro-Rassemblement national" (RN, ex FN) ou encore "russophiles". Sauf que cette opération transparence s'est retournée contre l'ONG, plusieurs internautes faisant remarquer que ceci pouvait constituer un fichage illégal.
Ce faisant, la CNIL a été saisie de "plusieurs plaintes" et a indiqué à l'AFP qu'elle allait mener l'enquête. De son côté, l'ONG s'est défendue en indiquant que "ces données ont été publiées à dessein de vérification méthodologique", précisant que son activité de recherche consistait à "exporter des données publiques de conversation et de les analyser".
Et d'ajouter: "Nous ne réalisons pas de fichage mais nous comprenons que cela puisse être interprété comme tel, et en sommes profondément désolés".
L'équipe de DisinfoLab a insisté sur son site, jurant que son étude "est fondée sur l'exercice du droit à la liberté d'information et du droit du public à l'information, ce qui constitue un intérêt légitime au regard du RGPD et ne nécessite donc pas de recueillir le consentement des personnes concernées".
Un mea culpa qui n'a pas visiblement pas suffi à Jean-Luc Mélenchon, qui accuse cet organisme luttant contre la diffusion de fausses informations de recourir à des méthodes de "stupide barbouze".
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