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samedi 21 juillet 2018

HISTOIRE et MEMOIRE - Révolutions chinoises

HISTOIRE et MEMOIRE


20 juillet 2018

Révolutions chinoises

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Par sa sobriété même, le titre de l'ouvrage La République populaire de Chine illustre l'ambition de l'auteur. Offrir une rétrospective globale de cette jeune République qui, à la veille de ses soixante-dix ans, ne cache plus ses ambitions : aborder son centenaire en grimpant sur la première marche du podium mondial. De fait, cet essai s'adresse moins aux amateurs de lectures de plage qu'aux étudiants en sciences politiques. Deuxième volume d'un vaste projet éditorial – présenter en une douzaine d'ouvrages une "histoire générale " du pays –, l'essai de Gilles Guiheux, professeur au département des langues et civilisations de l'Asie orientale à l'université Paris-VII, offre une brillante synthèse des bouleversements politiques, économiques et sociaux que les maoïstes ont imposés à la Chine.
Assez classiquement, l'auteur, dont les travaux allient histoire et sociologie, propose d'abord quatre chapitres résumant l'histoire de la République populaire avant d'aborder six thématiques : le système politique, l'économie, les inégalités sociales, l'urbanisation, la démographie et la culture. L'ensemble est précis et documenté et l'on sent que l'auteur a eu à cœur de ne pas offrir une grille de lecture trop orientée de ce pays dont l'évolution suscite d'innombrables débats.
On est loin du dernier ouvrage du sinologue Jean-Pierre Cabestan, Demain la Chine : démocratie ou dictature ? (Gallimard, 304 pages, 22 euros) dont le titre vaut prise de position. C'est ce qui fait la force de l'ouvrage de Gilles Guiheux, mais aussi sa faiblesse. Certes, l'auteur aborde tous les aspects, y compris les moins reluisants, de la Chine actuelle, mais certains auraient mérité de plus amples développements. Il est significatif que les termes" corruption " et " pollution " n'aient pas droit de cité dans le glossaire qui comporte pourtant pas moins de dix pages. De même, le titre du cinquième chapitre, " Les Formes de gouvernement : de l'arbitraire à l'Etat de droit ", laisse perplexe, même si le contenu de cet important chapitre est plus critique que ce titre ne le laisse supposer. Enfin, il est dommage qu'aucun chapitre ne porte sur la politique extérieure du pays. Consacrer six pages au développement des musées en Chine et aucune aux " nouvelles routes de la soie " est pour le moins étonnant.
Ces réserves mises à part, cet ouvrage décrit précisément les mécanismes économiques et politiques qui ont permis au pays le plus peuplé au monde de passer, en si peu de temps, d'une nation agricole et arriérée à un Etat où plus de la moitié de la population vit désormais dans des agglomérations modernes. " Le plus spectaculaire est que ces évolutions ont eu lieu si rapidement, sans traumatisme social ni conflit de grande ampleur ", note Gilles Guiheux pour qui, finalement, Mao semble moins important que ses héritiers.
Frédéric Lemaître
© Le Monde

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