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samedi 14 juillet 2018

A l'OTAN, la Russie dans toutes les têtes........L'OTAN à l'épreuve du doute.....


14 juillet 2018

A l'OTAN, la Russie dans toutes les têtes

L‘Alliance atlantique renforce ses moyens face aux efforts de déstabilisation de Moscou

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Je crois en l'OTAN ", a affirmé Donald Trump jeudi 12  juillet à Bruxelles, en clôture d'un sommet mouvementé entre les 29 alliés. Flanqué de John Bolton, directeur du conseil de sécurité nationale, et de Mike Pompeo, secrétaire d'Etat, le président américain a jugé qu'il n'était " pas nécessaire ", donc, de quitter l'institution. Avant sa rencontre avec Vladimir Poutine le 16  juillet à Helsinki, ce message d'unité ainsi obtenu de la bouche de M. Trump était vital aux yeux des alliés d'Europe et du Canada. Mais il n'a pas levé toutes leurs inquiétudes.
Une rumeur – confondant le désir du président de quitter le siège de l'organisation et l'organisation elle-même… – a enflammé le sommet dans la matinée. Et une réunion, non prévue à l'agenda, a été convoquée en urgence par le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, pour traiter de la question du " partage du fardeau " sécuritaire.
La veille, la déclaration du sommet, signée par tous les alliés, a réaffirmé l'engagement pris en  2014 par chacun de consacrer un effort de 2  % de son PIB à la défense d'ici 2024, et 20  % de son budget à moderniser son armée. L'objectif avait été fixé quand la Russie a annexé illégalement la Crimée, poussant l'OTAN à revenir à sa vocation lors de sa création, en  1949, la sécurité collective euro-atlantique. Les alliés s'y sont tenus mais les déclarations multiples des coulisses du sommet avaient complètement brouillé le message.
Pendant deux jours, M.  Trump a développé deux discours dont la simultanéité, électrique, a secoué l'Alliance. L'un, public, sur Twitter, clairement destiné à ses électeurs américains, a vilipendé les Européens. Ils ont été accusés de laisser les Etats-Unis payer pour la défense collective (" Inacceptable ! "), sommés de dépenser 4  % de leur produit intérieur brut (PIB) dans leur défense, critiqués pour ériger des barrières commerciales, et, dans le cas de l'Allemagne, acheter du gaz à la Russie. L'autre discours, dans les réunions, a conforté l'OTAN, malgré un langage très brutal. Au dîner avec les responsables de l'Union européenne (UE), mercredi soir, le président américain n'a pas jeté d'huile sur le feu. Il a parlé de la Corée du Nord.
Qu'importe qu'il s'en attribue le mérite, le résultat, ont voulu se rassurer les alliés, est une OTAN " plus forte " grâce à la réforme de ses états-majors et à l'augmentation des budgets de défense : ce sont 87  milliards de dollars supplémentaires depuis 2014, et bientôt 266  milliards de plus en  2024, face à la Russie.
A ce sujet, la déclaration du sommet est claire. " Les activités et les politiques récentes de la Russie ont fragilisé la stabilité et la sécurité. (…) Alors que l'OTAN respecte ses engagements internationaux, la Russie a violé les valeurs, les principes et les engagements sur lesquels repose la relation OTAN-Russie " depuis 1997. Elle a " remis en cause les principes fondamentaux de l'architecture de sécurité tant mondiale qu'euro-atlantique ".
Poutine, " ni ennemi ni ami "L'enjeu cependant, dépasse largement les chiffres. L'alliance des valeurs est fragilisée, s'inquiètent plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne. " Quand on est entre alliés, on ne peut pas laisser un désaccord prospérer (…) ou alors on participe soi-même au désordre du monde ", a souligné Emmanuel Macron en référence aux attaques proférées par Donald Trump contre la chancelière Angela Merkel. Prorusse durant sa campagne, antirusse pour critiquer une Allemagne " dominée " au plan énergétique par Moscou, le président américain affirmait jeudi 12 juillet que, " ni ennemi, ni ami ", Vladimir Poutine pourrait peut-être devenir " un ami un jour ".
Pour certains, le président américain en reviendrait au contenu de la Stratégie de sécurité nationale (NSS) élaborée à la fin de 2017. Elle énonce que la Russie tente de miner le lien transatlantique et de déstabiliser les institutions en Europe.
Avec la Russie, côté français, " il y a une volonté d'essayer d'enclencher une désescalade ", d'aller " vers des progrès " et " une forme de normalisation ", même s'il " ne peut pas y avoir de renonciation aux accords de Minsk ", expliquait Emmanuel Macron. " J'ai dit au président Trump que la discussion qui aura lieu à Helsinki était importante pour (…) reprendre les discussions sur le traité New Start et sur un ordre multilatéral respectueux d'une stratégie de désarmement. "
Le " drame " bruxellois ne fut qu'une scène d'ouverture de la rencontre Trump-Poutine, craint Constanze Stelzenmüller de la Brookings Institution. " Le sujet n'est pas les dépenses de défense ou les pipelines. Trump veut redessiner l'ordre international, et l'OTAN est en travers du chemin. Trump est clairement plus intéressé par un alignement sur les autocrates et les autoritaires, en Russie, en Hongrie, en Pologne, en Italie ", relève cette analyste.
Nathalie Guibert, et Jean-Pierre Stroobants
© Le Monde


14 juillet 2018

L'OTAN à l'épreuve du doute

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Une nouvelle fois, Donald Trump a assuré le spectacle, mais les dégâts sont limités. Du moins à court terme. Le sommet de l'Organisation de l'Atlantique nord (OTAN), qui menaçait de tourner au psychodrame à cause des foucades du président américain, s'est achevé, jeudi 12  juillet, sur un renforcement de l'Alliance. Les Européens sont prêts à payer plus pour leur défense et les Etats-Unis ont réaffirmé leur engagement militaire auprès de leurs alliés historiques. Mais ce résultat a été obtenu dans un climat de doute de plus en plus palpable sur la fiabilité de la protection américaine, qui n'a cessé de faire l'objet de marchandages, au détriment de relations historiques qu'on croyait intangibles.
Après avoir multiplié les menaces et les propos insultants, notamment à l'encontre des Allemands, accusés d'être " prisonniers des Russes " à cause de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou, le président américain a su revenir à l'essentiel lors des réunions officielles, à savoir la pérennité de la relation transatlantique.
Dix-huit mois après l'arrivée de M. Trump à la tête de la première puissance militaire mondiale, ses manières n'en finissent pas de choquer. Durant ce sommet, il s'est attribué de façon exagérée les avancées obtenues auprès des Européens pour persuader ses électeurs qu'il tient ses promesses et qu'il défend les intérêts de l'Amérique contre vents et marées.
Il n'a cessé de caricaturer la situation, exhibant des chiffres inexacts et tenant des raisonnements biaisés pour mieux se pousser du col et tenter de se hisser dans la catégorie des hommes forts qu'il admire tant, de Kim Jong-un à Vladimir Poutine en passant par Xi Jinping. Mais au-delà des coups de menton auxquels les Européens auraient fini par obtempérer, la réalité se révèle un peu plus compliquée.
L'engagement pris par les alliés à partager le fardeau de leur défense ne date pas de l'élection de Donald Trump, mais de 2014, lorsque les pays européens, sous la présidence de Barack Obama, avaient promis d'y consacrer 2  % de leur PIB avant 2024. Certains, il est vrai, se font tirer l'oreille, d'autres jouent la montre. De ce point de vue, il faut reconnaître au président américain un rôle d'aiguillon, qui contribue certainement à accélérer le processus. Mais le mérite principal en revient surtout à Vladimir Poutine, qui, en intervenant en Ukraine, a fait prendre conscience aux Européens du fait que la disparition du Pacte de Varsovie n'avait pas mis fin à toutes les menaces à l'Est.
La méthode utilisée par Donald Trump sera peut-être efficace sur le plan intérieur. Les élections de mi-mandat, en novembre, constitueront de ce point de vue un test sérieux. En revanche, sur le plan diplomatique, elle peut se révéler extrêmement contre-productive. Le rapport de force permanent qu'il entretient avec ses alliés, qu'il accuse de vivre aux crochets des Etats-Unis, est en train de laisser des traces.
Faire le lien entre commerce et défense en feignant de se demander pourquoi il continuerait de participer à la protection de pays qui accumulent les excédents commerciaux sur son dos n'est pas à la hauteur des enjeux. Une alliance militaire ne se monnaye pas de cette façon. Elle repose sur des principes, une histoire, le partage de valeurs et d'intérêts communs. La question est de savoir si ce socle est aujourd'hui aussi solide qu'il l'a été au cours du siècle qui vient de s'écouler.
© Le Monde

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