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lundi 18 juin 2018

Paul Manafort, un ex-directeur de campagne de Trump, en prison


17 juin 2018

Paul Manafort, un ex-directeur de campagne de Trump, en prison

Le président américain a qualifié d'" injuste " la décision de la justice envers son ancien conseiller accusé de fraude fiscale et de lobbying illégal

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LE PROFIL
Paul Manafort
Paul Manafort, 69 ans, a occupé des fonctions de conseiller aux côtés de nombreux candidats républicains pendant plusieurs décennies, tout en monnayant son expertise auprès de chefs d'Etat et de gouvernement controversés : l'Indonésien -Suharto, le Philippin Ferdinand Marcos ou l'ancien homme fort de l'ex-Zaïre, Mobutu Sese Seko. Il est entré au service de Donald Trump en mars 2016, après avoir travaillé pour l'ex-président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch. M. Manafort a été recruté pour garantir au magnat de l'immobilier que les représentants obtenus lors des premières primaires républicaines lui resteraient -fidèles lors de la convention d'investiture organisée en juillet à Cleveland. Il a été évincé de cette équipe de campagne en août après la découverte en Ukraine d'importants versements d'argent liquide dont il aurait bénéficié illégalement.
La course de vitesse entre le procureur spécial chargé de l'enquête sur les interférences russes pendant la campagne présidentielle de 2016, Robert Mueller, et le président des Etats-Unis, qui tente de la discréditer, a pris un nouveau tour, vendredi 15  juin. Une juge fédérale a en effet décidé de placer en détention le deuxième directeur de campagne du magnat de l'immobilier, Paul Manafort, poursuivi pour des faits de blanchiment, fraude fiscale et bancaire et lobbying illégal remontant avant sa collaboration avec Donald Trump.
Autrefois conseiller de l'ancien président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch, Paul Manafort a été accusé d'avoir profité de son régime de liberté conditionnelle pour tenter de peser sur des témoins. Une tentative de subornation qui lui a valu des commentaires sévères de la juge et qui devrait jouer en sa défaveur lors de son procès prévu dans les prochaines semaines. Ce placement en détention conforte l'enquête de Robert Mueller, que Donald Trump qualifie régulièrement de " chasse aux sorcières " motivée uniquement par des considérations politiques. Paul Manafort nie en bloc les faits qui lui sont reprochés.
Le président des Etats-Unis a commenté avec défiance cette -décision qualifiée d'" injuste "" Wow, quelle peine sévère pour Paul Manafort, qui a représenté Ronald Reagan, Bob Dole, et beaucoup d'autres hauts responsables politiques et campagnes. Je ne savais pas que Manafort était à la tête de la mafia ", a-t-il écrit sur son compte Twitter alors qu'aucune peine n'a pour l'instant été prononcée.
S'exprimant un peu plus tard devant des journalistes, Donald Trump a par ailleurs tenté de relativiser le rôle joué par Paul Manafort à ses côtés. " Il a travaillé pour moi pendant quoi, quarante-neuf jours ou quelque chose comme ça ? Une très courte période de temps ", a-t-il assuré alors que cet expert électoral a occupé les plus hautes fonctions dans son équipe de campagne pendant plus de quatre mois, de mars à août  2016. Au cours du même échange, il a également pris ses distances avec son ancien avocat, Michael -Cohen, également poursuivi dans une autre affaire.
" Je suis totalement blanchi "La stratégie de brouillage du président des Etats-Unis s'était appuyée la veille sur la publication des résultats d'une enquête -interne du ministère de la justice très critique à propos de l'ancien directeur de la police fédérale (FBI), James Comey. Ce dernier a été accusé d'" insubordination " dans la conduite d'une enquête concernant l'utilisation d'un -serveur privé par l'ancienne secrétaire d'Etat et candidate démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton.
Ces investigations ne concernent pas celles qui tournent autour du président, mais Donald Trump n'en a pas moins assuré : " Si vous lisez le rapport, je suis totalement blanchi. " Le président des Etats-Unis s'est appuyé sur un détail de l'enquête interne pour dénoncer un comportement jugé " criminel " à son endroit de la part de la police fédérale. Le rapport mentionne en effet des messages échangés par deux enquêteurs, par ailleurs liés par une relation sentimentale, dans lesquels ils faisaient part de leur hostilité à l'égard du candidat républicain. Aucun d'eux ne travaille cependant aujourd'hui aux côtés de Robert Mueller.
James Comey avait travaillé sur l'enquête au sujet des interférences russes avant d'être limogé par Donald Trump en mai  2017. Le président avait ensuite lié publiquement cette décision avec ces investigations, même si elle a -entraîné mécaniquement la nomination du procureur spécial.
Obstructions à la justiceEn dépit de la mise en cause en l'état par Robert Mueller d'une vingtaine de personnes, dont treize Russes ayant multiplié les initiatives sur les réseaux sociaux, par le biais de fausses identités, pour tenter de perturber l'élection présidentielle, aucun élément rendu public n'accrédite pour l'instant la thèse d'une collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et des personnalités liées à Moscou. Mais le procureur spécial tente par ailleurs de mettre au jour d'éventuelles obstructions à la justice dont le président aurait pu se rendre coupable, même s'il les nie tout aussi catégoriquement que les soupçons de collusion.
Prêt à mettre tout en œuvre pour contrer ces investigations, Donald Trump agite depuis quelques semaines l'arme du pardon présidentiel qui pourrait béné-ficier à des personnes mises en cause. Une puissante incitation à garder le silence et un moyen pour lui de contrer le procureur spécial qui peut mettre en avant de son côté la perspective de -peines moins sévères pour les personnes poursuivies à condition pour elles de collaborer avec son équipe.
Gilles Paris
© Le Monde

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