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dimanche 17 juin 2018

Du bon usage du " pognon " social


16 juin 2018

Du bon usage du " pognon " social

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Objet social non identifié ? Avatar du libéralisme anglo-saxon, où la responsabilité individuelle prend le pas sur les solidarités collectives ? Le " social-macronisme " peu à peu se dévoile. Mercredi 13  juin, devant le congrès de la Mutualité française à Montpellier, Emmanuel Macron s'est déclaré " fier " du système de protection sociale à la française – " qui nous honore " – tout en prônant une" révolution profonde " à travers sa " refondation radicale ". La veille, dans une vidéo mise en scène par l'Elysée sur les réseaux sociaux, le président de la République s'était lâché : " On met un pognon de dingue dans les minima sociaux, et les gens sont quand même pauvres. On n'en sort pas. " En incriminant, dans une formule particulièrement maladroite, ce " pognon de dingue " – 25,4  milliards d'euros en  2015 –, il a donné l'impression de vouloir faire table rase de notre modèle social.
A Montpellier, le chef de l'Etat a rectifié un peu le tir et, en même temps, a sonné la charge. Reconnaissant en creux que le modèle social a permis – avec un " dernier filet de protection indispensable " qu'il s'est engagé à maintenir – d'amortir le choc de la crise, il a de nouveau invité " ceux qui réussissent ", les riches, à " regarder ceux qui sont laissés au bord de la route ". Il a surtout confirmé l'instauration, longtemps différée, d'un " reste à charge zéro " pour les soins dentaires, auditifs et optiques, qu'il a présentée, à juste titre, comme " une conquête sociale essentielle ". Il a aussi promis une loi sur la dépendance en  2019.
Ces annonces présidentielles risquent de rester inaudibles, effacées par les critiques contre l'Etat-providence coupable d'avoir privilégié des " droits formels " sans se " soucierassez de faire qu'ils soient des droits réels pour chacun "" Nous devons bâtir pour le XXIe siècle un Etat-providence de la dignité et de l'émancipation ", a affirmé M. Macron. Dénonçant la " redistribution monétaire, forcément toujours insuffisante ", il a repris une thématique chère à Dominique Strauss-Kahn, l'ancien ministre socialiste, en estimant que " s'attaquer aux inégalités, c'est s'attaquer à leurs racines ". Le président a plaidé pour " unsystème qui rende les droits effectifs et concrets pour tous nos concitoyens ". N'hésitant pas à se référer au Conseil national de la Résistance, il a lancé : " Je préférerai toujours la justice sociale effective aux incantations, et l'efficacité au fétichisme. "
M.  Macron veut refonder la protection sociale à partir de trois principes : la prévention, " qui attaque les inégalités avant qu'il ne soit trop tard " ; l'universalité, " qui donne les mêmes droits à chacun " ; le travail, comme " clé de l'émancipation "" La solution, a-t-il martelé, n'est pas de dépenser toujours plus d'argent ou de considérer qu'il y aurait, d'un côté, ceux qui croient dans la transformation sociale et qui aligneraient les lignes de crédit, et ceux qui n'y croient paset qui seraient forcément pour en réduire les dépenses. " Le " social-macronisme " est l'ennemi de la " logique de guichet ". Son constat sur les limites de l'Etat-providence, voire ses échecs, est largement partagé. C'est sur les remèdes pour le réinventer que les avis divergent. M.  Macron aura l'occasion de passer à l'acte, avec sa stratégie -contre la pauvreté, en juillet. Garant de la cohésion sociale, l'Etat ne devra pas rester au bord de la route.
© Le Monde

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