Translate

mercredi 16 mai 2018

un futur géant braqué vers le ciel


16 mai 2018

un futur géant braqué vers le ciel

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Dans les montagnes du désert d'Atacama, au Chili, à 23 kilomètres à l'est du mont Paranal, où se situe le VLT, le Very Large Telescope, un autre géant est en train de naître. Sur le mont Armazones, à 3 046 mètres d'altitude, les pelleteuses préparent le terrain de l'ELT, l'Extremely Large Telescope. Lorsqu'il entrera en service, en  2024, ce sera le plus grand œil au monde braqué sur le ciel. Son miroir principal, de 39 mètres de diamètre, s'étendra sur pratiquement la moitié d'un terrain de football. L'ELT est le projet de tous les superlatifs, l'ESO (l'Observatoire européen austral), qui le construit, espère " qu'il -révolutionnera notre perception de l'Univers, bien plus que ne le fit Galilée il y a quatre cents ans quand il pointa pour la première fois un -télescope vers le ciel ".
La surface collectrice de lumière de l'ELT sera supérieure à la surface combinée de l'ensemble des télescopes optiques existants et 100  millions de fois plus importante que celle de l'œil humain. Un record : 978 m2. Avec son système à cinq miroirs, l'ELT va s'attaquer à de nombreuses questions, notamment celle de l'origine de l'Univers à travers ses galaxies les plus anciennes et l'étude détaillée d'exoplanètes. Ces dernières sont des planètes qui -gravitent autour d'autres étoiles que notre -Soleil. L'ELT ciblera les exoplanètes similaires à la Terre, ou tout du moins présentant de -potentiels signes de vie au-delà de notre -Système solaire.
Des planètes au plus près de leur étoileCette recherche d'" extraterrestres " bat déjà son plein au VLT avec le nouvel instrument made in Genève, Espresso. Jorge Lillo-Box -travaille à sa mise en service pour octobre  2018 et rêve déjà de poursuivre ses recherches avec l'ELT. Grâce à son miroir géant, -l'astronome espagnol et ses collègues verront des planètes au plus près de leur étoile. Comme si un humain, à 10 kilomètres, pouvait distinguer la lumière d'un briquet allumé à côté d'un phare. L'enjeu est de pouvoir -observer une planète dans la zone d'habitabilité, là où l'eau peut être liquide. Si la planète est trop près de l'étoile, l'eau s'évapore ; si elle est trop loin, elle se congèle.
Par ailleurs, grâce à sa plus grande capacité collectrice, l'ELT détectera plus d'éléments chimiques et d'espèces importantes pour le développement de la vie sur d'autres planètes. " Les êtres vivants produisent une empreinte sur -l'atmosphère. Le méthane, par exemple, est un élément chimique qui montre notre présence ", explique Jorge Lillo-Box – même si ce composé peut aussi être produit hors présence de vie. Il ajoute que, avec les instruments du VLT, les -astronomes peuvent étudier les atmosphères d'autres planètes, mais seulement des plus grosses, dites de " type Jupiter ". Avec l'ELT, les scientifiques devraient pouvoir le faire avec de plus petites planètes, " des super-Terre, c'est-à-dire environ deux fois la dimension de la Terre, et de type rocheux ".
Le tout pour la modique somme " de 1,2  milliard d'euros, soit un café par Européen sur dix ans ", une unité de compte fréquemment avancée par les tenants des projets de " big science ", reprise par Alain Smette. Cet astronome belge, responsable des instruments au VLT, participe aussi à la conception de ceux de l'ELT. Avant même la mise en service du télescope, les instruments qui traiteront la lumière collectée sont déjà, eux aussi, en construction : " Cela prend dix à quinze ans pour les construire, on les développe en même temps que l'ELT ", explique-t-il. Ils sont quatre et répondent aux doux noms de Harmoni, Metis, -Maory et Micado. Chaque instrument est développé par des consortiums internationaux. " On est en train de vivre un âge d'or de l'astronomie, se réjouit le scientifique belge, car nous n'avons jamais eu autant d'instruments et de manières de voir l'Univers, et cela grâce à -l'implication de nombreux pays, car ce sont des projets qu'on ne peut pas faire seuls. "
C. Lav.
© Le Monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire