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mercredi 16 mai 2018

Le blocage des partiels, nouvelle arme des étudiants


16 mai 2018

Le blocage des partiels, nouvelle arme des étudiants

Plusieurs universités ont annulé des épreuves, certaines ont décidé de supprimer les examens sur table

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Alors que le nombre de facultés paralysées par les étudiants opposés à la sélection à l'entrée de l'université est en baisse ces derniers jours, les blocages d'examens font office de nouveau moyen d'action dans une dizaine d'universités.  Et obligent certaines d'entre elles à prendre des mesures draconiennes en annulant tous les partiels sur table comme à Nanterre ou à Lyon-II. Au moins 20 000 des 28 000 étudiants de cette université sont concernés par cette décision.
Le matin, quelque 300 d'entre eux avaient bloqué les deux campus, provoquant l'intervention des forces de l'ordre sur les quais du Rhône. Après s'être résolue à annuler ces partiels, la présidence de l'université a décidé de supprimer tous les examens sur table qui devaient se tenir jusqu'au 29  mai et de les remplacer par des " devoirs à la maison ". Dans d'autres établissements, les partiels se tiennent, mais avec une présence policière comme à Grenoble-Alpes.
Rapport de forcePour les étudiants mobilisés, les blocages d'examens à répétition, amorcés début mai, ne sont pas forcément une stratégie préméditée de longue date, mais un coup d'essai qui a fonctionné et qui est depuis répété. " Nous avons tenté un blocage des examens de licence à RungisAvec succès, raconte un militant de Nanterre qui participait lundi 14 mai au blocage d'un centre d'examen à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), l'opération a été reproduite à Arcueil, puis aujourd'hui à Saint-Ouen. - La ministre de l'enseignement supérieur - Frédérique Vidal affirme que les examens auront lieu, nous prouvons le contraire. "
Depuis l'évacuation du campus de Tolbiac, vendredi 20  avril, vécue comme une défaite par les occupants, l'objectif est de rétablir un rapport de force avec le gouvernement. " Macron a déclaré qu'“il n'y aura pas d'examens en chocolat”, en forçant la machine administrative à organiser les partiels, il veut ramener chaque étudiant à son avenir propre, aux conséquences personnelles que pourrait être un échec aux examens, pour disloquer le collectif ", analyse Lé, étudiant en philosophie à Paris-I, qui a souhaité conserver l'anonymat.
Le blocage des partiels peut aussi être analysé comme un baroud d'honneur du mouvement d'opposition à la loi Vidal : c'est l'une des hypothèses d'Hugo Melchior, doctorant en histoire politique contemporaine à l'université de Rennes-II et membre du Groupe d'études et de recherche sur les mouvements étudiants.
La faible fréquentation des manifestations étudiantes du début du mois de mai " montre que le mouvement, en recul, n'a pas réussi à mobiliser massivement les étudiants, ni à faire la jonction avec les lycéens qui restent peu nombreux ", estime-t-il. Les étudiants mobilisés choisissent d'entraver les partiels soit stratégiquement afin de faire " sauter le verrou " de ce qu'ils estiment être un " chantage aux examens " qui entrave l'épanouissement de leur mouvement. Soit en guise " de chant du cygne de leur mouvement, parce qu'il n'est jamais facile de faire le deuil d'une mobilisation, ou d'acter sa défaite, même si elle est temporaire ". Au risque de " condamner le mouvement à une forte impopularité "
Evaluations en ligneFace à ces difficultés, les présidents d'universités perturbées tentent de réagir en adaptant les modalités d'examens. L'une des solutions trouvées vise à reporter les partiels, à la suite d'un blocage ou en prévention de celui-ci. Ce fut le cas à Toulouse, Nanterre, ou encore à l'université d'Aix-Marseille.
" Plus on décale, plus des étudiants risquent d'en pâtir : ceux qui doivent travailler cet été, préparer leur dossier de candidature en master, ou les étudiants étrangers qui doivent rentrer chez eux… " commente Khaled Bouabdallah, président de l'université de Lyon. Si les examens ne peuvent avoir lieu avant fin juin, il reste " la solution de la dernière chance : en septembre ", explique-t-il.
Plusieurs universités ont opté pour la délocalisation des examens dans d'autres facultés ou bâtiments non paralysés (Nantes, Marseille…). Des locaux que les étudiants mobilisés ne manquent pas de bloquer aussi lorsqu'ils s'en aperçoivent. Ce fut le cas à la maison des examens d'Arcueil (Val-de-Marne) le 11  mai, où devaient avoir lieu des partiels de l'université de Nanterre.
Cette dernière, comme Montpellier-III avant elle, a décidé lundi  d'organiser des évaluations en ligne afin d'arrêter les frais. Chaque UFR devra décider s'il organise des devoirs maison, des examens en ligne, des oraux sur Skype. Les textes officiels prévoient quatre modes d'évaluation : devoirs sur table, oraux, contrôle continu et examens à distance. Pour sortir de l'impasse, liberté est laissée aux présidents d'université de choisir quelle part donner à ces alternatives.
Ces modifications de dernière minute sur le mode d'examen, les dates ou les lieux ne sont pas sans déstabiliser les étudiants qui passent leurs partiels.  Ils déplorent notamment un manque de -communication des universités. Comme les étudiants du site Malesherbes de l'université Paris-IV qui, dimanche  13 mai, à la veille de leurs partiels, ne savaient toujours pas si leurs examens se tiendraient sur ce site précédemment perturbé. Ils étaient plusieurs à interpeller l'université sur les réseaux sociaux. En vain. Celle-ci n'a réagi que lundi à midi alors que les étudiants venaient d'y trouver porte close. Au même moment, Frédérique Vidal renouvelait sur Twitter sa posture de fermeté en déclarant que " les examens se tiendront, nous le devons aux étudiants. "
Service Campus
© Le Monde

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