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vendredi 23 février 2018

Mélenchon veut incarner le " vote utile ".......


23 février 2018

Mélenchon veut incarner le " vote utile "

Pour soutenir les candidats aux législatives partielles de mars, le chef de file de LFI se déploie sur le terrain

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Un coup de tonnerre. " C'est ce que veut créer Jean-Luc Mélenchon lors de l'élection législative partielle dans la 8e circonscription de Haute-Garonne les 11 et 18  mars. Venu mercredi 21  février à Saint-Gaudens soutenir Philippe Gimenez, le candidat de La France insoumise (LFI), l'ancien prétendant à l'Elysée a martelé ce message devant une salle bondée de plusieurs centaines de personnes : " Il faut une victoire claire et nette de l'opposition populaire. "
Ce scrutin revêt une importance particulière pour LFI : le sortant est un député socialiste, Joël Aviragnet. C'est la circonscription de Carole Delga, aujourd'hui présidente de la région Occitanie. Bref, ce sont des terres de gauche, populaires et rurales, où le Front national enregistre de très bons scores : la candidate frontiste aux législatives de juin  2017, Marie-Christine Parolin, était arrivée en troisième position, juste devant M. Gimenez.
Un laboratoire parfait pour tester les idées " insoumises ". " Ici, à l'élection présidentielle, si on cumule les scores de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, cela fait 45  % des suffrages. Ces scores montrent qu'il y a un vote contestataire, souligne Philippe Gimenez. On fait une campagne offensive contre la politique d'Emmanuel Macron.On veut permettre à toute une population qui souffre de relever la tête. C'est la France d'en bas qui va donner un coup de pied au derrière de l'Elysée. "
" A quoi ça sert de voter PS ? "LFI a saisi l'importance de l'enjeu. La plupart des " pontes  insoumis " ont défilé ou défileront en Haute-Garonne d'ici au premier tour. François Ruffin est venu mi-février, Jean-Luc Mélenchon était là mercredi. Bientôt arriveront Clémentine Autain puis Alexis Corbière… " Nous ne négligeons aucune élection. On ne croit jamais que l'on va perdre. Et, à force, on va gagner, veut croire M. Mélenchon. Personne ne viendra jamais à bout de nous. Plus personne ne peut dormir tranquille ! "
Surtout, une victoire du candidat " insoumis " dans le Commingesserait la preuve ultime que LFI est devenu le " vote utile " face à l'exécutif. Cela permettrait aussi au mouvement de M.  Mélenchon de porter l'estocade à un Parti socialiste mal en point, dans l'un de ses fiefs qui plus est. " Ici, c'est une terre populaire. On ne supporte pas le flou, le “je ne sais pas”. Il faut une réponse claire, un refus net et sans bavures des règles du jeu de ce monde pourri ", a ainsi lancé le chef de file de LFI, visant son ancienne formation politique, qu'il donne pour morte.
" Si un électeur socialiste veut envoyer un signal à Macron, pas sûr que voter PS soit le meilleur moyen de le faire, abonde Manuel Bompard, homme fort du mouvement. Le PS n'est pas une force d'opposition très active. On ne les entend pas, alors que les gens souffrent. " Alexis Corbière est encore plus lapidaire : " Franchement, à quoi ça sert de voter PS aujourd'hui ? A gauche, il y a nous et le néant. Le reste est en voie de quasi-disparition. La France insoumise est un point de résistance. " Le député de Seine-Saint-Denis juge qu'" un cycle se referme. C'est un phénomène profond, il y a à la fois une décomposition et un rejet des anciennes formations ".
Autre dimension de cette stratégie du " vote utile " : tout est fait pour présenterl'" opposition populaire " incarnée par LFI comme le seul rempart à l'" opposition bourgeoise " détenue par Les Républicains. Et dire qu'in fine, seuls les " insoumis " combattent vraiment Emmanuel Macron et son monde.
Au-delà du cas de la Haute-Garonne, LFI place beaucoup d'espoir dans l'autre élection partielle de mars, qui aura lieu en Guyane. Le candidat mélenchoniste, Davy Rimane, avait échoué de quelques voix en juin  2017. Et LFI compte bien prendre sa revanche, les 4 et 11  mars. La preuve : M.  Mélenchon fera aussi le déplacement là-bas.
Pour LFI, ces partielles constituent une aubaine pour s'installer comme " première force d'opposition " face à la majorité. Les stratèges du mouvement espèrent " au moins " une victoire sur les huit législatives partielles prévus en mars. " Notre but, c'est d'abord de progresser. Mais si on avait deux victoires, ce serait parfait ! ", espère Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis. Pour cela, LFI compte sur, outre un tassement du vote La République en marche, un report des voix socialistes vers leurs candidats.
Résoudre un paradoxeRien de moins sûr à la vue des deux partielles de janvier où les binômes " insoumis " stagnent ou progressent peu par rapport à juin alors que, dans le même temps, le PS s'effondre. Le défi pour LFI est donc d'arriver à résoudre un paradoxe : comment incarner à la fois la radicalité et attirer à soi un électorat plus modéré, pas forcément séduit par la révolution citoyenne prônée par M. Mélenchon et son mouvement, ni par ses formes d'action ?
Une chose est sûre : gagner une ou plusieurs batailles électorales permettrait à La France insoumise de prendre un petit bol d'air. Depuis plusieurs semaines, elle multiplie, en effet, les déconvenues. Le mouvement social n'a pas pris à la rentrée de septembre. A tel point que M. Mélenchon lui-même avait reconnu qu'Emmanuel Macron avait remporté " le point ".
LFI avait ensuite jeté toutes ses forces dans l'opposition à la réforme de l'accès à l'université, aussi bien à l'Assemblée nationale – où les députés ont bataillé – qu'en essayant de mobiliser les lycéens et les étudiants. Sans succès. Le dernier espoir concernant la mobilisation sociale réside dans la journée du 22 mars à laquelle M. Mélenchon appelle à participer, " pour ne pas avoir été tondu sans n'avoir rien dit, ni rien fait ". En somme, un baroud d'honneur.
Abel Mestre
© Le Monde


23 février 2018.

Les critiques de Clémentine Autain provoquent l'ire des mélenchonistes

Dans un entretien à " Politis ", la députée LFI avait défendu le " pluralisme en interne "

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Surtout ne pas parler de " crise ", mais simplement de " nuances ", à peine de " divergences ". Depuis que Clémentine Autain, députée La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis, a  donné un entretien à l'hebdomadaire de gauche Politis, le 7  février, elle est sous un feu nourri de critiques internes, de la part de Jean-Luc Mélenchon et de certains de ses plus proches.
La raison de leur ire ? Des propos tenus par Mme Autain qui divergent de la " ligne " du mouvement. Les " insoumis " veulent garder ces dissensions secrètes, car il convient de montrer à l'extérieur que " le groupe est uni, sans bisbilles théorisées entre les personnes ", ainsi que l'a déclaré M.  Mélenchon lors d'un meeting, mercredi 21  février, à Saint-Gaudens (Haute-Garonne).
Dans son interview, Mme  Autain expose sa vision des relations avec les autres formations de gauche, affirmant que " la discussion stratégique doit être menée avec le PCF mais sans humilier ou mépriser ". Elle ajoute :" Le pluralisme politique est indispensable pour nous faire grandir. " Mme Autain avance que " LFI est une force vivante et non une secte.  On doit réfléchir à comment faire vivre le pluralisme en interne ". Peu importe si elle répète que la " ligne stratégique " de LFI ? condamner les " cartels de partis " ?  est la bonne, et affirme que M.  Mélenchon a " rempli le mot “gauche” "… Elle s'est affranchie de la discipline collective en donnant un avis différent.
" Un désaccord, ça s'organise "Depuis la publication de l'entretien, les messages virulents s'enchaînent sur le fil de discussion Telegram (une messagerie sécurisée) des dix-sept députés LFI, pour condamner la démarche de Mme Autain. Aujourd'hui, les proches de M. Mélenchon temporisent, sous couvert d'anonymat : " C'est vrai qu'on l'a mal pris. Quel est l'intérêt de mettre cette discussion dans la presse alors que le groupe parlementaire se réunit tous les mardis ? Avec Jean-Luc, on est monté au créneau pour rappeler que le débat doit se faire dans le cadre collectif ", avance l'un d'eux, réfutant l'idée qu'il est impossible de contester la stratégie du mouvement. Il résume le problème : " Un désaccord avec Mélenchon, ça s'organise ! " Et de décocher quelques flèches trempées dans l'acide : " Son problème, c'est qu'elle n'a pas fait la campagne présidentielle, elle est arrivée tardivement… Elle ne comprend pas ce qu'est LFI. Elle se marginalise. " Un autre député minimise le désaccord en parlant de " nuances ". Il le jure : " Sur le fond, on est tous d'accord. Il y a une bonne ambiance dans le groupe. "
Contactée, Mme Autain n'a pas souhaité réagir. Mais l'entourage de la chef de file d'Ensemble ! bondit face aux griefs adressés à la députée : " Clémentine était dans les Collectifs antilibéraux quand Mélenchon signait la synthèse avec François Hollande au congrès du PS au  Mans - en  2005 - . Elle n'a pas de leçons à recevoir. Sans les Collectifs ou la Fondation Copernic, il n'y aurait eu ni Front de gauche ni candidature Mélenchon en  2012. "
Mais les critiques ne se sont pas cantonnées au fil de discussion Telegram. Lors d'une réunion des collaborateurs parlementaires du groupe LFI, le 14  février, M.  Mélenchon est revenu sur cette question, sans citer explicitement l'entretien de Mme Autain. Selon le compte rendu d'un des participants que Le Monde s'est procuré, le député des Bouches-du-Rhône a  évoqué, lors de son intervention d'une heure et demie, la stratégie du mouvement. Il a notamment rappelé que les " insoumis " étaient " dans une guerre de mouvement ". " Il faut taper sans arrêt. (…) La division reste l'ennemie numéro  un. Car, si nous devons attaquer tout le temps (…), on ne peut pas regarder en arrière pour vérifier que personne ne nous tire dans le dos. Ceux qui chercheront à remettre LFI dans le carcan des partis traditionnels, seront pulvérisés par les événements et par nous. "
Selon des députés LFI, le message n'était pas lié à la sortie de Mme Autain. " C'était une réunion prévue de longue date, affirme l'un d'eux. Les collaborateurs étaient contents d'avoir Jean-Luc, ça leur a fait du bien. " Les amis de Mme Autain soulignent, eux, l'absence de la députée dans l'article sur le site de LFI relatant la manifestation d'Attac contre l'évasion fiscale, le 12  février. Or, elle y était présente, avec, entre autres, le député Eric Coquerel et M. Mélenchon, et a pris la parole, comme une photo le montre sur sa page Facebook. Mme Autain n'est pas mentionnée dans le texte de LFI ni sur les photos mises en ligne. En espérant que cet " oubli " ne nuise pas à " la bonne ambiance ".
A. Me.
© Le Monde


23 février 2018
Correspondance

Une lettre de Jean-Luc Mélenchon

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A la suite de l'article intitulé " Présidentielle 2017 : plus de 430 000 euros de dépenses litigieuses pour Mélenchon " paru dans Le Monde du 14 février ainsi que sur le site Internet du Monde.fr, nous avons reçu le courrier suivant :
" La Commission des comptes de campagne a publié sa décision à propos de la tenue de mon compte de campagne. Elle a validé mon compte. Celui-ci est donc sincère et régulier.
Après avoir posé plus de mille questions et reçu leurs réponses, la Commission a estimé que seuls 3 % du total des dépenses ne pouvaient pas être remboursés. Cette décision donne lieu à des interprétations que je juge attentatoires.
En effet, il n'y a aucun litige avec la Commission. Notre devoir légal était de déclarer toutes nos dépenses sans exception. Nous l'avons fait. La Commission a décidé facture par facture ce qui serait remboursé ou pas, ce qui est son rôle. Nous ne sommes aucunement concernés par les différends qui opposent un rapporteur manifestement orienté et le reste de la Commission. Les refus de remboursements ne reposent ni sur des irrégularités – il n'y en a aucune, ni sur un manque de justifications, toutes les questions posées ayant reçu leur réponse détaillée et peuvent encore en recevoir.
Affirmer le contraire revient à porter atteinte à notre honneur, au sérieux et à la rigueur de notre travail de déclaration. Je réfute fermement les déclarations laissant croire que nous aurions tenté de solliciter le remboursement de prestations fictives, dépourvues de finalité électorale, ou destinées à enrichir mon entourage.
Je rappelle enfin que mon compte reste pour un an de campagne le moins cher par voix recueillie, moins élevé que d'autres pour quatre fois moins longtemps et ne comporte aucun versement irrégulier.
Je combats l'organisation d'un système dont les normes changeraient d'une élection à l'autre sans prévenir. Je souhaite pour l'avenir un droit de récusation des rapporteurs sortant de leur devoir de réserve, par les candidats. "
© Le Monde

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