Translate

vendredi 23 février 2018

Macron et les campagnes, la défiance est dans le pré


23 février 2018

Macron et les campagnes, la défiance est dans le pré

Elu sur un socle électoral plutôt urbain, le président de la République doit éteindre plusieurs foyers de grogne en milieu rural

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
C'était il y a un an, quasiment jour pour jour. A l'issue d'une journée ensoleillée, le député socialiste du Gers, Philippe Martin, raccompagne François Hollande à l'aérodrome d'Auch. Le chef de l'Etat, qui vit ses derniers mois à l'Elysée, vient de passer un samedi dans le Gers, à la rencontre d'agriculteurs bio. Dans la voiture, il interroge Martin, l'air de rien : " Et Macron, ça marche comment en milieu rural ? "
Sur le tarmac, les deux socialistes s'étreignent une dernière fois. En regardant le Falcon de la République s'envoler puis disparaître, le député pressent, le cœur serré, que François Hollande appartient à un monde englouti, dernier représentant d'une génération de responsables politiques s'étant construite sur un ancrage local et qui reste viscéralement attachée aux territoires.
De facto, Emmanuel Macron inaugure une nouvelle ère, à tous égards. Le jeune banquier a conquis le pouvoir sans vieux parti – et ses banquets républicains –, ni ancrage territorial. Contrairement à Jacques Chirac et François Hollande, qui ont enchaîné pendant trente ans les comices agricoles avant l'Elysée, ou à François Mitterrand qui s'enorgueillissait de tirer ses racines d'une " société rurale et pastorale ", Emmanuel Macron apparaît – à tort ou à raison – comme étant plus en phase avec les métropoles mondialisées qu'avec les territoires reculés. " Même s'il rappelle ses attaches familiales dans les Hautes-Pyrénées, on ne sent pas d'appétence ou même de compréhension vis-à-vis des territoires ruraux ", regrette l'ancien député Philippe Martin, qui vient d'écrire au président pour l'inviter dans le Gers.
Dans l'exercice du pouvoir, si le chef de l'Etat affiche une détermination à réformer et des sourires sur papier glacé, il ne laisse pas transparaître qui il est. " La Macronie c'est la Silicon Valley, c'est sec, c'est le travail, rien que travail, raconte un familier du pouvoir. Macron n'offre aucun relief, pas de prise. Il y a une aridité, un manque de chair. "
Un angle d'attaque qu'a décidé d'exploiter le parti Les Républicains (LR) de Laurent Wauquiez, avocat autoproclamé des territoires relégués, qui reproche au président de nourrir une supposée " haine de la province ". " C'est un thème gênant pour le pouvoir,veut croire le député LR de la Haute-Marne, François Cornut-Gentille, pour qui Macron, " par sa culture ", est " éloigné de la France qui souffre "." Il répète qu'avec la croissance, tout ira mieux pour tout le monde. Mais face au sentiment de relégation, cette réponse économico-techno n'est pas suffisante ", poursuit l'élu.
Du point de vue électoral, -Macron doit en grande partie sa victoire aux zones urbaines. Selon l'IFOP, 58  % des habitants des zones rurales avaient voté pour lui au second tour, contre 65  % des habitants de zones urbaines de province et 79  % des habitants de l'agglomération parisienne. Au total, les ruraux ont représenté 22,3  % des électeurs de Macron au second tour. " Il a gagné en s'appuyant sur une France qui va bien, des cadres éduqués vivant dans les grandes villes ", analyse Jérôme Fourquet de l'IFOP.
Colère des mairesPour ce spécialiste de l'opinion, cette " dichotomie " de départ n'a " pas été effacée " par les neuf premiers mois du quinquennat. Plusieurs mesures prises par le gouvernement ont en effet semblé toucher davantage les populations rurales ou les plus modestes : hausse du prix du paquet de cigarettes, hausse du diesel, baisse des APL, limitation de la vitesse à 80 km/h, suppression d'emplois aidés… A cela s'ajoute l'abandon de Notre-Dame-des-Landes, projet vu par les locaux comme structurant pour le développement du Grand Ouest.
Ces jours-ci, l'exécutif tente d'endiguer plusieurs foyers de grogne en zones rurales. Mi-février, le rapport Spinetta sur la SNCF, qui préconise un audit des " petites lignes ", a suscité l'inquiétude des élus locaux. Le premier ministre, Edouard Philippe, a botté en touche, mardi, faisant valoir que ce n'était pas au gouvernement de déterminer l'avenir de ces lignes mais à la SNCF, en lien avec les régions. La droite s'est également emparé du dossier scolaire, en s'indignant contre les fermetures de classes en milieu rural. " Il y a toujours eu des classes qui ferment, mais il y a aussi des classes qui ouvrent ", a défendu le ministre de l'éducation, Jean-Michel Blanquer, assurant être " engagé dans la renaissance du monde rural ".
De son côté, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui doit se rendre à Nevers le 1er mars, sera confrontée à la colère des maires du Haut Nivernais et du sud de l'Yonne. Trente d'entre eux veulent démissionner pour protester contre la fermeture des urgences de nuit à Clamecy (Nièvre) qui obligera à faire plus d'une heure de route. " A travers ces multiples motifs d'inquiétude, c'est la France qui se sent en fragilité, et a peur d'être davantage reléguée, qui manifeste aujourd'hui le plus de mécontentement à l'égard du gouvernement ", observe Chloé Morin de la Fondation Jean-Jaurès, selon laquelle l'affrontement entre une France " laissée de côté " et une autre  qui " avance "revient " avec force " depuis janvier.
Conscient du danger, l'exécutif a récemment évoqué le sujet – isolement des territoires et pouvoir d'achat – lors de plusieurs réunions de stratégie politique, dont un dîner de la majorité qui s'est tenu à Matignon, mardi 20 février. Le patron du parti présidentiel, Christophe Castaner, a décrypté les sondages, en nette baisse, tandis que le ministre du budget, Gérald Darmanin, a insisté sur la nécessité de faire de la " pédagogie " sur les mesures prises en faveur des territoires : plan de lutte contre la fracture numérique, plan pour améliorer l'offre de soins dans les territoires ruraux, avec un doublement du nombre de maisons de santé (400 millions d'euros en cinq ans), mise en place d'une " police de sécurité du quotidien ", etc.
A l'Elysée, on se dit persuadé que l'accusation de " président des villes " ne prend pas davantage que celle de " président des riches ". " Encore un sobriquet qui va faire pshiiit ", ironise le porte-parole de la présidence, Bruno Roger-Petit, pour qui " le président respire la province comme peu depuis Chirac ". Le chef de l'Etat qui privilégie les déplacements sur deux jours aime en effet prendre son temps, à la rencontre des habitants. Ce qu'il a fait le mois dernier en Auvergne, pour ses vœux aux agriculteurs, une première. " En quoi Macron est-il uniquement le président des villes quand les dédoublements de classes concernent autant des villes urbaines que rurales, quand on obtient un accord historique avec les opérateurs sur la fin des zones blanches, quand on rééquilibre enfin le train en faveur du train du quotidien, quand on crée un plan de revitalisation des centres-villes ? ", énumère la députée LRM des Yvelines Aurore Bergé.
ll n'empêche. Deux jours avant l'ouverture du Salon de l'agriculture, où il avait reçu un œuf sur la tête en 2017, Macron se montre soucieux de rassurer. Le président devait recevoir près d'un millier de jeunes agriculteurs, jeudi à l'Elysée, avant la longue journée qu'il passera au Salon samedi, dès l'ouverture des portes. " L'agriculture le passionne ", assure Jean-Baptiste Moreau, éleveur creusois devenu député LRM, qui se félicite notamment de la nomination du sous-préfet, Philippe Ramon, à la tête d'une mission chargée de la revitalisation du territoire dans la CreuseMais pour le député PS de Laval Guillaume Garot, le malaise vient d'un " décalage " entre les attentions et promesses pour le monde rural et les actes. " D'où le scepticisme ou la colère ",poursuit l'élu de la Mayenne, où ont été annoncées la fermeture de plusieurs bureaux de poste et de vingt-trois classes (contre neuf ouvertures).
" Une partie de la défiance peut être liée au contraste entre l'affirmation d'un volontarisme et d'un pouvoir “fort” incarné par Macron et le constat récurrent, vécu au quotidien, que “rien ne change” en matière économique et sociale ", analyse encore Chloé Morin.
Pour le président, poursuit-elle, " les choses se jouent donc autant sur le plan du lien émotionnel qu'il saura établir avec la ruralité que sur le plan politique, dans sa capacité à démontrer que ses choix économiques sont réellement adaptés aux réalités des territoires ruraux, et ne vont pas encore davantage les fragiliser. "
Solenn de Royer
© Le Monde



23 février 2018

Transports Les petites lignes, perdantes face à la " rationalisation "

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Le gouvernement mis en place par Emmanuel Macron va-t-il instaurer une politique du transport des villes qui se fera contre le transport des champs ? Les recommandations du rapport sur l'avenir du transport ferroviaire, remis le 15  février au premier ministre par Jean-Cyril Spinetta ont en tout cas provoqué de nombreuses réactions et incitent à se poser la question.
Les propositions 1 à 6 suggèrent au gouvernement d'aller vers une réduction du réseau ferré national en renonçant à exploiter les voies les moins empruntées et donc les moins rentables. Une façon d'annoncer la fermeture des " petites lignes " de campagne, l'abandon de petites gares et la baisse des investissements en zone rurale peu dense.
Si le rapport n'est officiellement qu'une liste de recommandations et propose une analyse de chaque ligne en concertation avec les acteurs locaux, son approche du sujet est partagée au ministère des transports, comme à celui des finances. Et la future loi d'orientation des mobilités, qui est en cours de rédaction et doit être présentée au mois d'avril, s'inspirera de cette philosophie.
Un état d'esprit que l'on retrouve dans le texte. " Il paraît nécessaire de redéployer la majeure partie des sommes consacrées aujourd'hui aux “petites lignes” vers des infrastructures et des services plus utiles à la collectivité ", peut-on y lire.  Le maître-mot est le recentrage du train vers son " domaine de pertinence ", le transport de masse et les mobilités du quotidien en zone dense. Et donc un renoncement à une partie de ces petites lignes qui mobilisent 20 % de l'effort financier public (2  milliards d'euros) pour moins de 2  % des voyageurs.
" La réalité est plus complexe "" A la tête de l'Etat, on a une vision schématique de la mobilité du quotidien : un transport pendulaire faits d'allers-retours -domicile-travail, analyse Gilles Dansart, rédacteur en chef de la lettre spécialisée MobilettreOr, la réalité est plus complexe, plus éclatée. Elle n'est pas faite que de travailleurs du matin et du soir. "
" On a rationalisé les cartes universitaires, judiciaires, hospitalières, obligeant les citoyens à plus de déplacements pour accéder aux services publics, complète Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports.On ne peut pas, dans le même temps, restreindre l'offre de mobilité. "" Les transports, c'est aussi de l'aménagement du territoire, renchérit M. Dansart. Pas seulement une politique du ratio de voyageurs transportés. "
Mais le rapport Spinetta n'est pas toute la politique des transports. Si on regarde en détail les positions de la ministre Elisabeth Borne, son souci de désenclaver des petites villes, comme Aurillac (Cantal) ou Prades (Pyrénées-Orientales) situés dans des territoires très ruraux, est une constante. Simplement, sa réponse est la redynamisation des investissements routiers, plutôt que le coûteux ferroviaire. En matière de transports, -Emmanuel Macron ressemble davantage à un " président des routes " qu'à " un président des villes ".
Éric Béziat
© Le Monde


23 février 2018.

Le scepticisme des agriculteurs

Le monde rural attend de voir l'effet du projet de loi sur la guerre des prix

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Pour enraciner sa promesse d'un " printemps " de l'agriculture française, quoi de mieux que des " jeunes pousses ". C'est en tout cas le sens de l'opération de communication organisée par à l'Elysée, jeudi 22 février. Deux jours avant l'ouverture du Salon de l'agriculture, à Paris, Emmanuel Macron a convié près de 800 exploitants installés depuis moins d'un an. Pour autant, le président de la République ne dérogera pas au traditionnel marathon dans les allées du salon de l'agriculture, samedi.
Il y a un an, M.  Macron arpentait les stands en tant que candidat à la présidentielle. Depuis, il a organisé les Etats généraux de l'alimentation, concrétisant une promesse de campagne. Un exercice auquel tous les acteurs conviés – des syndicats agricoles à la grande distribution, des ONG aux industriels, des élus aux associations de consommateurs – ont participé.
A l'issue, le gouvernement a présenté, le 31  janvier, son projet de loi " pour l'équilibre des relations commerciales dans la filière alimentaire ". Un texte législatif, promis par M. Macron, lors d'un discours prononcé à Rungis, à mi-parcours des Etats généraux. Sa première prise de parole officielle vis-à-vis du monde agricole.
Le chef de l'Etat avait cité l'un des objectifs prioritaires : mettre fin à la guerre des prix entre les grandes enseignes de distribution, destructrice de valeur pour tous et source de prix non rémunérateurs pour les agriculteurs. Parmi les remèdes préconisés : une revalorisation du seuil de revente à perte, un encadrement des promotions et une inversion de la construction des prix en partant des coûts de production des agriculteurs.
Situation financière très tendueDans les campagnes, l'attente est forte. D'autant plus quand le revenu moyen des agriculteurs a plongé de 29 % en  2016 à 18 300  euros annuels. Même si un rebond de plus de 20 % est attendu en  2017, pour beaucoup, la situation financière reste très tendue. Or, les retombées du projet de loi ne sont pas escomptées avant au moins un an.
Les vives réactions à l'annonce de la révision de la carte d'attribution des aides aux zones défavorisées le prouvent. Depuis plus d'un mois, les manifestations se sont multipliées en Occitanie comme en Nouvelle-Aquitaine. Finalement, le ministère de l'agriculture a présenté la carte qui déterminera le versement de l'indemnité compensatoire pour handicap naturel, le 20  février, après l'avoir transmise à Bruxelles. Cela concerne 14 000 communes. 4 900 y entrent mais 1 349 en sortent. " Juste pour les Deux-Sèvres, il va manquer 9 millions d'euros. Les agriculteurs ne se satisfont pas de paroles d'empathie ou de déclaration d'amour ", tempête Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, syndicat majoritaire chez les agriculteurs, qui réclame des véritables mesures d'accompagnement pour ceux qui ne toucheront plus les aides.
Autre point de crispation, les accords de libre-échange et en particulier les discussions en cours avec le Mercosur. La FNSEA, associée au syndicat des Jeunes agriculteurs, en a fait le thème d'une journée de mobilisation et d'action syndicale mercredi. Alain Dufayet, président de la Fédération nationale bovine, dénonce " l'ouverture du marché européen avec le CETA à 65 000 tonnes de viande canadienne " et évoque un contingent de 99 000 tonnes de viande ne présentant aucune garantie sur le plan sanitaire si l'accord avec le Mercosur était signé.
Selon lui, cela pourrait aboutir à la disparition de 30 000  éleveurs. " Il y a un manque de cohérence de la politique gouvernementale entre les conclusions des Etats généraux de l'alimentation où on nous demande une montée en gamme et la signature des accords de libre-échange avec des pays qui n'ont pas les mêmes réglementations ", affirme Jérémy Decerle, président des Jeunes agriculteurs.
M. Macron avait conditionné le projet de loi à une demande faite aux trente-cinq filières agricoles de présenter un plan stratégique à cinq ans. Avec des engagements de montée en gamme qui doivent être soutenus par un plan d'investissement cofinancé par l'Etat.
Enfin, un autre sujet épineux est toujours sur la table, celui du glyphosate. Après la décision de Bruxelles d'accorder à cet herbicide une nouvelle autorisation pour cinq ans, la France doit préciser sa position. Sachant que cette question a fait l'objet d'une passe d'armes entre Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, partisan d'une autorisation limitée à trois ans, et Stéphane Travert, ministre de l'agriculture, défendant une durée de cinq à sept ans. Dans ses vœux au monde de l'agriculture, M.  Macron a affirmé : " Je n'imposerai jamais une sortie s'il n'y a pas d'alternative crédible. "
Reste un dossier crucial, sur lequel M.  Macron se sait attendu : la renégociation de la Politique agricole commune qui vient de débuter. L'agriculture ne va pas quitter de sitôt l'agenda présidentiel.
Laurence Girard
© Le Monde


23 février 2018

Education La colère des écoles rurales

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Depuis plusieurs jours les maires ruraux, qui tiennent le compte des fermetures et des ouvertures de classes annoncées pour la rentrée, font entendre leur voix. Jean-Michel Blanquer a fini par s'en agacer. Interpellé, le 20  février, devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée, le ministre a promis que les " taux d'encadrement dans les territoires rurauxvonts'améliorer ". Il s'est dit scandalisé par la " fake news tendant à opposer le rural et l'urbain alors qu'onessaie de créer du lien entre les deux ". A son cabinet, on en appelle aux chiffres : " Avec 32 000 écoliers en moins attendus sur les bancs de l'école à la rentrée 2018, dont 20 000 de moins dans les départements les plus ruraux, si l'on en restait à une logique arithmétique, on devrait fermer 1 700 classesOr on créé 3 880 postes au primaire. "
Est-ce suffisant alors que les " classes à 12 élèves " en éducation prioritaire – doivent, en septembre, être généralisée en CP et étendue à une partie des CE1 ? Les syndicats d'enseignants ont sorti leurs calculatrices. A les écouter, il manquerait de 1 000 à 2 000 postes pour permettre aux dédoublements de se déployer. " Où les trouver, sinon en puisant dans d'autres viviers, comme la ruralité ? "interroge Francette Popineau, du SNUIpp-FSU. Sous la gauche, la répartition des emplois d'enseignants, académie par académie, a été réformée pour ne plus seulement tenir compte du nombre d'élèves, mais aussi de critères sociaux, de la situation géographique… " Orientation maintenue ", défend-on rue de Grenelle. Et pourtant, à écouter le terrain, où une soixantaine de mobilisations ont d'ores et déjà été recensées, il y aurait plutôt rupture. " Les départements ruraux avaient connu des dotations toujours positives ou nulles ces dernières années, affirme -Stéphane Crochet, du SE-UNSA. Certains vont -rendre des postes par quinzaines. "
" Il y a la logique comptable… et la réalité de nos territoires, fait valoir Cédric Szabo, directeur de l'Association des maires ruraux de France. Nos administrés n'ont pas oublié la promesse faite par le président Macron - en juillet  2017 au Sénat - qu'il n'y aurait plus de fermeture de classes à l'école primaire. Or qu'entendent-ils aujourd'hui ? Qu'on dédouble des classes en éducation prioritaire, pendant qu'on en ferme autour d'eux. "
Mattea Battaglia
© Le Monde


23 février 2018

Fiscalité Un carburant très cher politiquement

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
S'il y a bienune mesure fiscale qui ne passe pas dans les campagnes, c'est l'augmentation des taxes sur le carburant. Votée dans le budget 2018, elle est de 7,6 centimes par litre pour le diesel et de 3,9 pour l'essence. Sur le quinquennat, l'augmentation sera respectivement de 34 et de 16 centimes selon l'Union française des industries pétrolières.
" Une honte, s'insurge Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France. Les ruraux n'ont pas le choix. Ils sont obligés de prendre leur voiture. Cela les pénalise par rapport aux urbains. " Une décision qui a terni l'image d'Emmanuel Macron  dans les campagnes. Mais " c'est comme ça depuis trente ans ", nuance M. Berberian, qui rappelle une réalité budgétaire " scandaleuse " : " Depuis les années 1970, la dotation versée par l'Etat est deux fois plus importante dans les -villes que dans les campagnes. C'est-à-dire que, pour l'Etat, un rural vaut la moitié d'un urbain. Le gouvernement doit corriger cette injustice. "
Par ailleurs, la taxe d'habitation, supprimée pour 80 % des contribuables en  2019 et pour les autres ensuite, est une ressource importante pour les collectivités : 23  milliards d'euros sur 78  milliards de recettes de fonctionnement pour les communes. Elle l'est encore plus pour les petites qui, souvent, n'ont pas beaucoup d'entreprises sur leur territoire (et les rentrées fiscales associées). Mais l'Etat s'est engagé à compenser intégralement le manque à gagner sur les trois prochaines années. Et après ? C'est tout l'enjeu : quelle sera la nouvelle fiscalité locale ? " Tout le monde est autour de la table pour trouver une solution, dit-on à Bercy. Les petites villes ne seront pas oubliées. "Les habitants ruraux, eux, sont-ils avantagés par la suppression de la taxe d'habitation ? " Ils sont globalement moins aisés qu'ailleurs, constate Michel Klopfer, consultant en finances locales. Ils seront donc plus -nombreux à être concernés. "
La fiscalité du patrimoine, enfin, favorise-t-elle, les grandes villes ? Par définition, la suppression de l'impôt sur la fortune et l'instauration d'un prélèvement forfaitaire unique va bénéficier aux contribuables les plus riches. Or, à part quelques exceptions, comme les vignobles, les grandes fortunes résident dans les grandes villes. Même si, rappelle l'Observatoire des inégalités, les grandes agglomérations " concentrent les inégalités : l'immense richesse et l'immense pauvreté ".
Benoît Floc'h
© Le Monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire