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samedi 24 février 2018

Le " big bang " de Pénicaud sur la formation

24 février 2018

Le " big bang " de Pénicaud sur la formation

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Le réveil a été rude pour les représentants syndicaux et patronaux qui ont planché, durant trois mois, sur la réforme de la formation professionnelle. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, leur a infligé une douche à l'eau glacée, jeudi 22  février, en exprimant d'importantes réserves sur le résultat de leurs discussions et en annonçant son intention de prendre des mesures supplémentaires, plus énergiques.
Autrement dit  : la récréation est terminée, l'exécutif reprend les choses en main. Cette mise au point a été faite alors que les partenaires sociaux s'apprêtaient à ficeler un accord, après y avoir consacré une exténuante séance de négociations, commencée mercredi en début d'après-midi et achevée le lendemain vers 4  heures – soit peu de temps avant l'intervention de l'ex-DRH de Danone.
" Gestion monolithique "Invitée, jeudi matin, sur CNews, Mme  Pénicaud a indiqué avoir un "  avis contrasté  "sur le texte élaboré par les organisations syndicales et patronales. Il y a, certes, "  un vrai progrès pour les droits des salariés  ", a-t-elle affirmé, en faisant allusion – entre autres – à l'augmentation des crédits d'heures dans le compte personnel de formation (CPF). Mais un sujet n'a pas été abordé, selon elle  : la complexité du dispositif. "  Il faut traiter (…) l'architecture du système et c'est le big bang dont le pays a besoin  ", a-t-elle martelé, en précisant qu'elle dévoilera les grandes orientations de la réforme le 27  février.
Son propos a été accueilli fraîchement par les partenaires sociaux. Alors qu'ils étaient de retour dans les locaux du Medef, jeudi, pour une ultime relecture de l'accord sur la formation continue, des chefs de file de délégation ont exprimé leur dépit. "  C'est un tout petit peu irritant, a confié Florence Poivey (Medef). On n'a pas signé, encore, l'accord (…) et on est déjà en train d'annoncer un big bang.  ""  C'est assez peu compréhensible  ", a renchéri Yvan Ricordeau (CFDT), en craignant que les transformations promises par la ministre entraînent un nivellement "  par le bas des droits des salariés  ""  J'ai l'impression qu'on se retrouve (…) dans la gestion monolithique d'une personne sommitale  ", s'est indigné Maxime Dumont (CFTC). L'exécutif devrait faire attention à ce que "  son big bang ne lui revienne comme un boomerang  ", a mis en garde Michel Beaugas (FO), en évoquant des foyers de "  mécontentement qui sont en train de s'accumuler  ".
Nonobstant cet accroc, la plupart des parties prenantes aux discussions semblent disposées à souscrire au compromis trouvé sur la formation professionnelle. Pour les organisations d'employeurs, ça ne fait pas l'ombre d'un doute. De leur côté, les représentants des centrales de salariés – à l'exception de la CGT – ont émis un avis favorable sur la mouture finale. Mais le dernier mot revient à leurs instances nationales, qui trancheront prochainement.
Reste que les propos de Mme  Pénicaud engendrent "  une situation bizarroïde  ", aux yeux de Jean-François Foucard (CFE-CGC). "  On se demande à quoi ça sert de signer, même si une partie de l'accord va être reprise - par le gouvernement -  ", a-t-il complété, en s'interrogeant sur "  la plus-value des partenaires sociaux  ". Sous-entendu  : le pouvoir en place manifeste une bien faible reconnaissance au paritarisme et à la démocratie sociale.
B. Bi.
© Le Monde

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