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samedi 24 février 2018

Au Venezuela, l'opposition refuse la présidentielle anticipée


24 février 2018

Au Venezuela, l'opposition refuse la présidentielle anticipée

Nicolas Maduro poursuit son passage en force et veut aussi organiser des législatives le 22 avril, date du scrutin présidentiel

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L'opposition vénézuélienne a décidé de ne pas participer à l'élection présidentielle anticipée fixée au 22  avril et destinée à donner un nouveau mandat au chef de l'Etat, Nicolas Maduro, successeur du charismatique Hugo Chavez (1999-2013). La coalition des opposants, la Table de l'unité démocratique (MUD), s'est prononcée, mercredi 21  février – après les délibérations de ses différents partis très partagés sur la marche à suivre –, en privilégiant le boycottage d'un scrutin qu'elle juge truqué.
La MUD invite le pouvoir à " perdre la peur " et à se mesurer dans les urnes avec les opposants " dans de vraies élections ". Elle renvoie au projet de document négocié à Saint-Domingue, le 2  décembre 2017, avec l'approbation des ministres des affaires étrangères des pays médiateurs, dont trois alliés de Caracas (Bolivie, Nicaragua et Saint-Vincent-et-les-Grenadines). Le texte proposait des élections au second semestre de 2018, la réforme du Conseil national électoral, des missions internationales d'observation à toutes les étapes du processus, le vote des expatriés, l'accès équilibré aux médias et la levée des interdictions contre des dirigeants et des partis d'opposition.
Les deux principaux leaders de l'opposition ont été privés de leurs droits politiques : Henrique Capriles Radonski, deux fois candidat à la présidentielle, et Leopoldo Lopez, condamné à 13 ans et 6 mois de prison. Leurs partis, Primero Justicia (Justice d'abord) et Volonté populaire, ont été interdits de participer au scrutin, tout comme la coalition électorale MUD. Le pouvoir a également exclu de la présidentielle deux figures du chavisme qui ont critiqué le gouvernement Maduro : son ancien ministre de l'intérieur, le général de réserve Miguel Rodriguez Torres, et l'ex-ministre et homme fort de l'économie, Rafael Ramirez, qui avait proposé des primaires pour choisir le candidat chaviste.
Absence de concessionsDevant l'absence de concessions du pouvoir, telle que la libération des prisonniers politiques, les négociations de Saint-Domingue ont échoué. M.  Maduro a réagi en avançant la présidentielle au mois d'avril, un délai qui paraît incompatible avec les garanties exigées pour une véritable campagne électorale.
Nouveau passage en force : le président vient de proposer de coupler le scrutin présidentiel avec des législatives, pour se débarrasser ainsi définitivement du Parlement, seul pouvoir contrôlé par les opposants après leur victoire aux élections de -décembre  2015. Il a aussi proposé d'élire les conseils municipaux à la même date.
" La farce des méga-élections est un suicide pour Nicolas Maduro ", a tweeté l'opposant Julio Borges, ancien président du Parlement, en tournée en Amérique du Sud. " Il ne faudra compter ni avec la MUD ni avec le peuple pour avaliser ce qui n'est pour l'instant qu'un simulacre frauduleux et illégitime d'élection présidentielle ", souligne la déclaration de mercredi. Les opposants appellent les Vénézuéliens à former un " front élargi national " avec toutes les forces sociales et politiques pour réclamer des élections libres cette année.
Cette position commune n'a pas été facile à prendre. Volonté populaire de Leopoldo Lopez a été le premier parti à refuser la participation au scrutin du 22  avril, suivi par Primero Justicia de Henrique Capriles. Le social-démocrate Henry Ramos Allup, d'Action démocratique, a semblé  hésiter plus longtemps. Le gouverneur de l'Etat de Lara, Henri Falcon, un ancien chaviste, dirigeant de la petite organisation Avancée progressiste, s'est dit, lui, prêt à participer au scrutin pour mieux en dénoncer les " chausse-trappes " et pour " battre Nicolas Maduro ", comme il l'a écrit sur son compte Tweeter, mercredi.
Forts du soutien de la communauté internationale, qui a dénoncé l'élection anticipée et l'absence de garanties offertes aux divers candidats, les autres opposants ont fini par se mettre d'accord sur une position qui prétend mettre le gouvernement Maduro devant ses propres contradictions, sans pour autant -fermer la porte à une reprise des négociations.
La question sera sans doute à l'ordre du jour du sommet des Amériques, les 13 et 14  avril à Lima, qui devrait augmenter la pression régionale sur Caracas.
Paulo A. Paranagua
© Le Monde

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