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mercredi 29 novembre 2017

Le retournement allemand ouvre une crise politique à Berlin

29 novembre 2017

Le retournement allemand ouvre une crise politique à Berlin

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La réautorisation pour cinq ans du glyphosate divise le gouvernement allemand. La ministre sociale-démocrate de l'environnement, Barbara Hendricks (SPD), a critiqué la position de l'Allemagne, un des dix-huit Etats ayant voté, lundi 27  novembre, à Bruxelles, pour la prolongation de l'herbicide dont la licence d'exploitation expirait le 15  décembre. " Il avait été clairement établi que l'Allemagne, lors de la réunion du comité d'appel, devait s'abstenir ", a déclaré Mme Hendricks, qui a précisé avoir téléphoné, deux heures avant la réunion, à son collègue de l'agriculture, le conservateur bavarois Christian Schmidt (CSU), pour lui dire qu'elle était elle-même " opposée au renouvellement de la licence du glyphosate ". Lors d'un précédent vote, le 9  novembre, l'Allemagne s'était abstenue et la proposition de la Commission européenne n'avait pas atteint la majorité qualifiée nécessaire.
Cette affaire ne fragilise pas seulement l'actuel gouvernement, lequel n'est plus chargé que de l'expédition des affaires courantes depuis les législatives du 24  septembre. Elle risque aussi de compliquer la formation du prochain, au moment où les sociaux-démocrates et les conservateurs de la CDU-CSU s'apprêtent à discuter d'une nouvelle " grande coalition ", après l'échec des pourparlers engagés entre les conservateurs, les libéraux et les écologistes.
" Rupture de confiance "Si l'affaire du glyphosate tombe au plus mal, c'est que le SPD est très réservé quant à l'idée de participer une nouvelle fois à un gouvernement aux côtés des conservateurs. " Ceux qui ont intérêt à instaurer une relation de confiance entre des partenaires ne peuvent pas se comporter ainsi ", s'est emportée Mme Hendricks, qui n'en est pas à son premier différend avec ses collègues de la CSU du gouvernement (les ministres de l'agriculture et des transports) depuis quatre ans. Dénonçant une " rupture de confiance ", la présidente du groupe SPD au Bundestag, Andrea Nahles, a estimé que cela posait la question de savoir si Angela Merkel " tient encore ses propres troupes ". Pour la chancelière, l'affaire est embarrassante. Soit elle n'était pas informée de la décision prise par son ministre de l'agriculture contre l'avis de sa collègue de l'environnement, soit elle lui a donné son feu vert. Dans la première hypothèse, et surtout si aucune sanction n'est prise contre M. Schmidt, c'est l'autorité de Mme Merkel – déjà affaiblie – qui risque d'être encore fragilisée.
Dans la seconde, la chancelière risque de se faire accuser de duplicité. Ce qu'expliquait la Süddeutsche Zeitung, lundi soir, dans un commentaire cinglant : " Est-ce qu'Angela Merkel savait comment son ministre allait voter à Bruxelles ? (…) De la réponse dépend beaucoup de chose : Si Merkel, le même jour, a d'un côté proposé au SPD de discuter “honnêtement” et “sérieusement” de la formation d'un nouveau gouvernement, et de l'autre accepté ou toléré une telle rupture de confiance, personne ne saurait blâmer les sociaux-démocrates si leur réticence - vis-à-vis d'une nouvelle grande coalition - se transformait en refus. "
Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
© Le Monde

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