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lundi 16 octobre 2017

Les Crises.fr - Les documents de l’administration Reagan mettent en lumière l’ingérence des États-Unis, par Robert Parry

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16
Oct
2017

Les documents de l’administration Reagan mettent en lumière l’ingérence des États-Unis, par Robert Parry


Source : Robert Parry, Consortium News, 13-09-2017
Des documents « secrets » de l’administration Reagan montrent comment les États-Unis ont intégré « l’action politique », c’est-à-dire, la manipulation des gouvernements étrangers, dans les organisations ostensiblement bien intentionnées, rapporte Robert Parry.
Les documents « secrets », récemment déclassifiés par la bibliothèque présidentielle Reagan, révèlent que des hauts fonctionnaires de la Maison-Blanche réengagent une ancien « propriétaire » de la CIA, « La Fondation Asiatique », dans « l’action politique », un terme utilisé par les services secrets pour influencer les actions des gouvernements étrangers.

Partiellement occulté par le président Reagan, Walter Raymond Jr. était le spécialiste de la propagande et de la désinformation de la CIA qui a supervisé des projets « d’action politique » et « d’opérations psychologiques » au Conseil de sécurité nationale dans les années 1980. Raymond est assis à côté du conseiller à la sécurité nationale John Poindexter. (Crédit photo : Bibliothèque présidentielle Reagan)

Les documents de 1982 sont arrivés à un moment charnière où l’administration Reagan réorganisait la façon dont le gouvernement américain s’efforçait de manipuler les affaires internes des gouvernements du monde entier à la suite des scandales des années 1960 et 1970 impliquant les opérations secrètes mondiales de la CIA
Au lieu de continuer à dépendre fortement de la CIA, le président Reagan et son équipe de sécurité nationale ont commencé à transférer bon nombre de ces responsabilités « d’action politique » vers des « organisations non gouvernementales » (ONG) qui opéraient ouvertement et recevaient des fonds d’autres organismes gouvernementaux américains.
Mais le secret était encore nécessaire pour que ces ONG soient impliquées dans les stratégies du gouvernement américain pour infléchir la volonté politique des pays ciblés. Si « l’action politique » de ces ONG était connue, de nombreux pays s’opposeraient à leur présence; par exemple, la classification « secrète » des mémos de la Maison-Blanche de 1982 que j’ai récemment obtenus par le biais d’une « revue de déclassification obligatoire » des archivistes de la bibliothèque présidentielle Reagan à Simi Valley, en Californie.
Dans les milieux du renseignement, « l’action politique » désigne un large éventail d’activités visant à influencer les politiques et les comportements des pays étrangers, allant de la couverture médiatique oblique à l’organisation et à la formation des militants de l’opposition, en passant par la mise en place des conditions d’un « changement de régime ».
Les notes nouvellement déclassifiées de la seconde moitié de 1982 marquaient une période de transition ad hoc entre les scandales de la CIA, qui ont culminé dans les années 1970, et la création d’institutions plus permanentes pour remplir ces fonctions semi-secrètes, en particulier le National Endowment for Democracy (NED), créé en 1983.
Une grande partie de cet effort a été supervisée par un haut fonctionnaire de la CIA, Walter Raymond Jr., qui a été muté au personnel du Conseil national de sécurité de Reagan, où il a dirigé un certain nombre de groupes de travail inter-institutions axés sur la « diplomatie publique », les « opérations psychologiques » et « l’action politique ».
Raymond, qui avait occupé des postes de haut niveau dans l’atelier d’opérations secrètes de la CIA, spécialisé dans la propagande et la désinformation, travaillait également dans l’ombre à la Maison-Blanche de Reagan. Raymond a rarement été photographié, bien que son portefeuille de responsabilités ait été très étendu. Il a apporté dans son orbite des « étoiles » émergentes, dont le lieutenant-colonel Oliver North (une figure centrale dans le scandale Iran-Contra), le propagandiste du département d’État (et maintenant un néo-conférencier de premier plan) Robert Kagan, et le président du NED Carl Gershman (qui dirige toujours le NED avec son budget de 100 millions de dollars).
Bien qu’ayant systématiquement tenté d’éviter les caméras, Raymond semble avoir compris leur importance. Dans ses dossiers du CSN, j’ai trouvé le gribouillis d’un organigramme dans lequel Raymond était au sommet de ce qui ressemblait aux poignées croisées utilisées par les marionnettistes pour contrôler les marionnettes au-dessous d’eux. Ce dessin correspondait à la réalité de Raymond, en tant qu’agent caché derrière les volets qui contrôlait diverses équipes inter-services de première importance.
Des documents déclassifiés précédemment ont révélé que Raymond était aussi le canal entre le directeur de la CIA William J. Casey et ces programmes dits « pro-démocratie » qui utilisaient des stratégies de propagande sophistiquées pour influencer non seulement la pensée des populations étrangères, mais aussi celle du peuple américain.
Cette histoire est à nouveau d’actualité dans le contexte d’ hystérie suscitée par la prétendue « ingérence » russe dans les élections présidentielles américaines de l’an dernier. Si ces allégations sont vraies – et le gouvernement américain n’a toujours pas présenté de preuves réelles -, le mobile russe aurait été, en partie, la revanche concernant la longue tradition de Washington de manipuler la politique intérieure de la Russie et celle d’autres pays partout dans le monde.
Un combat pour l’argent
Les notes de service récemment publiées décrivent les discussions bureaucratiques sur les niveaux de financement de The Asia Fundation (TAF), le seul sujet sensible, pour justifier le timbre « secret », étant la référence à l’intention du gouvernement américain d’exploiter les programmes de TAF pour des opérations « d’action politique » dans les pays asiatiques.

Le vice-président à l’époque George H. W. Bush avec le directeur de la CIA William Casey à la Maison-Blanche le 11 février 1981. (Crédit photo : Bibliothèque Reagan)
En fait, la possibilité d’une « action politique » sous la couverture de la TAF semblait être la raison pour laquelle les contrôleurs budgétaires de Reagan ont cédé et accepté de rétablir le financement de la fondation....

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