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dimanche 20 août 2017

LREM : la preuve que le parti présidentiel de Macron est aussi riquiqui que le PS sous Hollande

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                                                           Marianne
Emmanuel Macron à la porte de Versailles de Paris, en décembre dernier.

Emmanuel Macron à la porte de Versailles de Paris, en décembre dernier. - PDN/SIPA


Desintox

LREM : la preuve que le parti présidentiel de Macron est aussi riquiqui que le PS sous Hollande

Le résultat du vote sur les statuts de LREM, ce jeudi 17 août, met en évidence la vitalité militante somme toute modeste du parti d'Emmanuel Macron... La formation start-up n'explose pas les compteurs et se situe plutôt au niveau du PS de ces dernières années.
Le lecteur des Echos inattentif aux subtilités du monde politique a dû sursauter en parcourant l'interview de l'ex-député macroniste Arnaud Leroy, ce jeudi 17 août. Selon ce dernier, le parti du président de la République, en constante expansion, compterait aujourd'hui près d'un demi-million de militants : "Le nombre d'adhérents augmente et on approche aujourd'hui de 400.000". Comment ne pas être impressionné ? Voilà de quoi donner raison à ceux qui voient dans l'élection d'Emmanuel Macron l'émergence d'un mouvement idéologique d'ampleur. Ce chiffre est pourtant assez discutable… A La République en marche, on estampille en effet "adhérent" toute personne qui aurait communiqué son adresse mail - gratuitement - sur le site Internet de LREM. Ce qui dénote un investissement somme toute modeste. Dans le décompte de ces presque 400.000 militants - 380.000 exactement - revendiqués par le parti macroniste, on retrouve ainsi probablement... la plupart des journalistes politiques du pays, qui ont transmis leurs coordonnées numériques pour être tenus au courant des initiatives de la direction.
Les marcheurs ne sont pas les seuls à utiliser ce genre d'astuce. Il est en effet de tradition, toutes formations confondues, de gonfler artificiellement les chiffres communiqués à la presse. A cette fin, plusieurs subterfuges existent, le plus usité étant de retenir les adhérents qui n'ont pas renouvelé leurs cotisations depuis un an, deux, voire de nombreuses années. On peut aussi carrément mentir. Alors comment mesurer la vitalité militante réelle d'un parti ? Il n'existe en vérité qu'un outil à peu près fiable : le nombre de participants aux votes internes. Fiable, parce que ce genre de votes peuvent être attaqués en justice : les partis doivent donc garder des preuves de la validité du scrutin. Enfin, à peu près car l'histoire politique récente a montré que les tentatives de tricherie ne relevaient pas du fantasme.

Seulement 72.066 militants actifs à LREM

Toujours est-il que le premier élément de mesure objectif du peuple macronien est tombé ce jeudi 17 août : 72.066 personnes ont participé au vote proposé par la direction sur les statuts de LREM (90,6% de oui). Un an après la création de la structure, à partir de rien, il s'agit là d'un indéniable tour de force. Cependant loin d'être aussi important qu'on a bien voulu nous le dire. Car même si ce type de comparaisons doivent être contextualisées, on peut relever que LREM apparaît comme un parti de taille moyenne, avec autant de militants actifs que... le PS au plus fort de l'impopularité de François Hollande. Et ce, alors que les adhérents socialistes doivent eux s'acquitter d'une cotisation annuelle de 20 à 200 euros selon les revenus ! La formation macroniste est en outre deux fois moins fournie en militants que l'UMP au retour de Nicolas Sarkozy… Au final, LREM se pose donc comme l'un des partis présidentiels les plus riquiquis de la cinquième République.
Lors du dernier congrès socialiste de Poitiers, en juin 2015, 71.140 militants ont en effet participé au vote sur les motions. Soit, à un millier près, le même score que le premier scrutin de LREM. Pas forcément une référence pour le parti macroniste… On pourra arguer que l'enjeu était supérieur, côté PS : il s'agissait alors de trancher entre la ligne gouvernementale et la politique défendue par les frondeurs. Mais d'un autre côté, les macronistes ont particulièrement ramé pour atteindre leur chiffre. Alors que le vote sur les motions socialistes avait duré une semaine, le scrutin sur les statuts du parti start-up s'est étalé sur… trois semaines et demi. A l'origine, il devait se tenir du 23 au 30 juillet mais leF tribunal de Créteil a demandé sa prolongation jusqu'au 16 août, à la suite d'une plainte de marcheurs mécontents. Une prolongation qui a finalement arrangé LREM : selon des chiffres communiqués par la direction au Monde, seules 25.000 personnes s'étaient prononcées à l'expiration du délai initialement prévu.

Moins que l'UMP sur le même sujet

Comparé aux chiffres officiels des dernières votations des Républicains, le résultat du parti macroniste n'apparaît pas plus impressionnant. Le dernier congrès de l'UMP, qui a signé le retour de Nicolas Sarkozy en novembre 2014, a attiré 155.285 votants. Soit plus de deux fois plus. Mais il s'agissait là d'une élection interne. Le vote sur les nouveaux statuts du parti de droite, qui a vu l'UMP devenir "Les Républicains" en mai 2015, était en revanche comparable : il a concerné 97.440 votants. De quoi, dans tous les cas, relativiser le tremblement de terre militant que revendiquent fréquemment les dirigeants de LREM à propos du mouvement d'Emmanuel Macron.
A en croire les derniers chiffres fiables disponibles, LREM se pose en revanche comme un parti bien plus important que le FN, qui ne comptait que 22.329 militants actifs lors de son dernier congrès, en 2014 à Lyon. Quant à la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, elle pourra en revanche se targuer d'avoir obtenu près de… quatre fois plus de participants lors de sa seule votation nationale rendue publique. Appelés à se prononcer sur la stratégie de FI en vue du second tour de la présidentielle, plus de243.000 militants ont ainsi participé au scrutin, ouvert pendant seulement une semaine. Il est vrai néanmoins que l'enjeu était tout autre.

Le RPR de Chirac bon dernier

Finalement, si l'on compare le nombre de militants actifs des partis présidentiels sous la cinquième République, celui d'Emmanuel Macron se classe en queue de peloton… derrière même celui de François Hollande. Quelques mois après l'élection de ce dernier, en octobre 2012, quelque87.000 adhérents avaient en effet participé au lénifiant congrès de Toulouse.
Au moment de son élection, Nicolas Sarkozy pouvait lui compter sur un parti imposant. En janvier 2007, il avait ainsi été désigné candidat de l'UMP à la présidentielle à l'issue du vote de quelque 233.779 militants. Quant aux partis de François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing, il n'existe pas de chiffres infaillibles pour la bonne raison que… les militants n'étaient jamais consultés nationalement. On est donc prié de croire les états-majors de l'époque, qui affirmaient dénombrer dans un cas comme dans l'autreenviron 250.000 adhérents…
Emmanuel Macron pourra se consoler en remarquant qu'il fait toujours mieux que Jacques Chirac. En 1999, le congrès du RPR, première occasion pour les militants de s'exprimer directement, avait en effet réuni seulement 57.171 votants. En 2002, la fondation de l'UMP ne fait pas mieux : l'élection d'Alain Juppé n'est supervisée que par 48.174 participants. 

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