Translate

mercredi 12 juillet 2017

TURQUIE « Adalet ! » (Justice !)

https://latribunedestravailleurs.fr

                                   La Tribune des travailleurs


TURQUIE « Adalet ! » (Justice !)


Dimanche 9 avril à Istanbul, une marée humaine s’est rassemblée pour l’arrivée de la marche. Les militants de l’IKP étaient présents, la place était envahie par la foule et il y avait autant de monde en dehors de la place. C’est une manifestation très importante, la plus grande mobilisation depuis la révolte de la place Taksim en 2013. Nous reproduisons ci-dessous l’article paru dans la Tribune des travailleurs du 12 juillet 2017.
Adalet syndicats
Les cortèges syndicaux dans la marche : « La justice est le pain du peuple ! Les travailleurs sont l’avenir ! », dit la banderole de la fédération syndicale DISK.

Le 15 juin dernier, à l’initiative du Parti républicain du peuple (CHP) (1), a commencé une marche à travers la Turquie sous le mot d’ordre « Adalet ! » (Justice !). Partis d’Ankara, sous un soleil de plomb, des milliers de marcheurs parcourent les 400 kilomètres qui les séparent d’Istanbul où ils se rassembleront le 9 juillet, devant la prison où est incarcéré l’un des députés du CHP condamné à vingt-cinq ans de prison pour « espionnage ». Erdogan, le président issu du parti islamiste AKP, vient de les accuser de « se ranger du côté des terroristes ». Signe de la dérive totalitaire de ce régime – allié des États-Unis –, qui mène une guerre contre le peuple kurde et participe activement à la guerre en Syrie et en Irak : une répression féroce contre les syndicats et les partis, contre la presse démocratique. De nombreuses organisations ouvrières et démocratiques soutiennent et participent à la marche organisée par le CHP, comme le Parti démocratique des peuples (HDP) (2) et les deux fédérations syndicales DISK et KESK.
Un gouvernement ennemi de la classe ouvrière, de la laïcité et de la démocratie
Adalet foule
Les camarades du Parti de la fraternité ouvrière (IKP), dans un communiqué du 1er juillet intitulé « Justice jusqu’au bout ! », déclarent : « La marche pour la justice du CHP est une initiative juste et doit être soutenue ». « Le gouvernement, en interdisant les grèves les unes après les autres, a montré qu’il était d’abord et avant tout l’ennemi de la classe ouvrière. Il a prouvé qu’il était un ennemi de la laïcité de l’État et du mode de vie laïque par sa politique sectaire. Il a fait emprisonner nombre de maires et de députés, dont les deux coprésidents du HDP. Il est l’ennemi des jeunes qui refusent de lui prêter allégeance. Il voit en chaque journaliste, chaque intellectuel un “traître” en puissance, les jetant en prison ou les mettant au placard. »
« Le principal obstacle à ce que justice soit faite, c’est l’état d’urgence ! »
Le Parti de la fraternité ouvrière (IKP) précise : « Le principal obstacle à la justice, c’est l’état d’urgence ! Il doit être levé immédiatement ! La marche ne peut se contenter de revendiquer de façon abstraite et générale la justice, elle doit exiger concrètement la justice en rapport avec la situation réelle. Pour les travailleurs licenciés parce qu’ils ont fait grève, la justice, c’est la levée de l’état d’urgence ! Pour les fonctionnaires mis à pied pour fait de grève, la justice, c’est la levée de l’état d’urgence ! Pour les journalistes jetés en prison (3), la justice, c’est la levée de l’état d’urgence ! En deux mots : tant que l’état d’urgence ne sera pas levé, il n’y aura pas de justice. Or le gouvernement veut, le 19 juillet, prolonger à nouveau l’état d’urgence pour trois mois. »
« C’est le régime lui-même qui fait obstacle à la justice »
Le communiqué poursuit : « En fait, c’est le régime lui-même, issu du coup d’État du 12 septembre 1980 (4), avec son fieffé plébiscite du 16 avril (5), qui est devenu le principal obstacle à la justice dans ce pays. Aucune élection libre et honnête n’aura lieu en Turquie sous le joug de la Commission électorale suprême du régime. Ceux qui prétendent le contraire soit se mentent à eux- mêmes, soit mentent au peuple, si ce n’est les deux à la fois. (…) La démocratie, c’est la souveraineté du peuple. Le régime présidentiel actuel est la négation de la démocratie. (…) Pour rétablir la démocratie, ce régime présidentiel d’arbitraire doit être balayé, par l’élection d’une Assemblée constituante. (…) La justice véritable ne triomphera que si les opprimés et les exploités imposent l’Assemblée constituante souveraine, où ils pourront enfin choisir qui les représente. C’est dans cet objectif que le Parti de la fraternité ouvrière appelle les organisations ouvrières à combattre côte à côte, dans un front uni. »
___
(1) Le Parti républicain du peuple (CHP) revendique l’héritage de Mustafa Kemal, fondateur de la République.
(2) Le HDP se revendique des droits du peuple kurde. (3) Le régime d’Erdogan a fait arrêter plusieurs journalistes et le directeur du grand quotidien Cumhuryiet (République).
(4) Coup d’État militaire en Turquie, soutenu par
les États-Unis.
(5) Le 16 avril 2017, Erdogan organise un référendum sur une réforme constitutionnelle qui concentre tous les pouvoirs entre les mains du président. Le oui ne l’emporte qu’à 51,41 %.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire