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mardi 18 juillet 2017

Qui a peur de Winnie l’Ourson ?

lu dans le DL du mardi 18 juillet 2017


LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI

 Qui a peur de Winnie l’Ourson ?

Le putsch raté de l’été dernier ne le fut pas pour tout le monde.
 La tentative de coup d’État contre Recep Erdogan lui a donné prétexte à une gigantesque purge. 
Depuis, il règne en maître absolu sur l’ex-empire ottoman qui vibre à nouveau au drapeau de l’islam politique et d’un nationalisme exacerbé. 
La laïcité d’Atatürk, père détrôné de la nation, a du plomb dans l’aile. 
Le vieux rêve d’intégrer l’Union européenne s’éloigne des rives du Bosphore.
 Le néo-sultan, qui promet « d’arracher la tête des traîtres », ne s’embarrasse guère de principes juridiques.
 Policiers, juges, fonctionnaires et soldats « déloyaux » connaissent immédiatement la paille humide du cachot. 
On veut maintenant les affubler d’un uniforme unique, « comme à Guantánamo », pour mieux les désigner à la vindicte populaire. Malheur à qui s’oppose.
 Voilà le tableau : 100 000 arrestations, 50 000 emprisonnements, une flopée d’écoles et d’entreprises fermées pour cause de « mauvais esprit ».
 La liberté d’expression n’existe plus. 
Le pouvoir brouille internet et incarcère, aussi sec, une centaine de journalistes. 
S’agissant de bâillonner la presse, la Turquie trône désormais en leader mondial incontesté. 
Devant la Chine qui, pourtant, ne mollit pas trop côté censure. 
Là-bas, en dépit de son inusable tee-shirt rouge, Winnie l’Ourson se trouve banni des réseaux sociaux. 
Étiqueté « contenu illégal », à l’instar de n’importe quelle image pédophile. 
Motif ?
 De mauvais plaisantins du web, montages drolatiques à l’appui, osent comparer le personnage débonnaire de Walt Disney au président Xi Jinping.
 Ce qui revient à suggérer que le pays est dirigé par un gentil compagnon, aussi pataud que nonchalant. 
Tu parles d’une insulte ! 

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