L'ECONOMIE
jeudi 13 juillet 2017
Euro : Berlin doit corriger les dysfonctionnements, selon Macron |
Emmanuel Macron accueilli par Angela Merkel au sommet du G20 à Hambourg, le 7 juillet 2017. JOHN MACDOUGALL / AFP
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Emmanuel Macron estime que l’Allemagne « doit bouger » pour corriger les « dysfonctionnements » de la zone euro et lui donner « le destin qu’elle mérite », dans une interview publiée jeudi, à quelques heures d’un conseil des ministres franco-allemand. « Elle doit bouger, comme la France doit bouger », souligne le chef de l’Etat français dans cette interview accordée au quotidien Ouest-France, ainsi qu’au groupe de journaux allemands Funke. Pour Emmanuel Macron, qui coprésidera jeudi matin à l’Elysée le 19e conseil des ministres franco-allemand avec la chancelière Angela Merkel, Berlin « doit accompagner une relance de l’investissement public et privé en Europe ». « L’Allemagne a formidablement réformé, elle dispose d’une économie solide, mais qui a des fragilités démographiques, des déséquilibres économiques et commerciaux avec ses voisins », fait-il valoir. D’où, selon lui, « des responsabilités partagées pour donner à la zone euro le destin qu’elle mérite ». « Une partie de la compétitivité allemande est due aux dysfonctionnements de la zone euro, à la faiblesse d’autres économies », analyse encore Emmanuel Macron, qui note que les pays « qui étaient déjà endettés se sont retrouvés plus endettés » et« ceux qui étaient compétitifs se sont retrouvés plus compétitifs ».
L’Allemagne, poursuit-il, « a su faire les réformes » mais « bénéficie aussi des dysfonctionnements de la zone euro », une « situation [qui] n’est pas saine parce qu’elle n’est pas durable ». Emmanuel Macron se prononce ainsi pour « des mécanismes de solidarité plus puissants pour l’avenir »qui passent, selon lui, par un « budget » de la zone euro, « un gouvernement qui décide de l’allocation de ce budget et un contrôle démocratique qui n’existe pas aujourd’hui ». En matière de défense, il estime que si « l’Allemagne n’a pas les mêmes capacités d’intervention opérationnelles » que la France, « elle peut tout à fait soutenir l’effort européen ». Mentionnant la dimension éducative du couple franco-allemand, il promet notamment d’« améliorer la place de l’allemand dans[le] système éducatif » français. « L’enseignement de l’allemand va atteindre un niveau qu’il n’a jamais connu », assure-t-il, mentionnant la réouverture de 1 200 classes bilangues dans les collèges. « Pour l’automne, nous allons préparer (…) un Erasmus de la culture et de l’apprentissage », ajoute-t-il. Le président français évoque aussi un« fonds d’investissement d’un milliard d’euros » dans le numérique, des« appels à projets, avec les Allemands, pour attirer des chercheurs dans le cadre de l’initiative “Make our planet great again” » et le « lancement d’un programme
conjoint sur les nanotechnologies et les batteries ». |
La Grèce récompensée de ses efforts. En annonçant mercredi la clôture prochaine de la procédure de déficit excessif contre la Grèce, la Commission européenne récompense ses bonnes performances économiques récentes, mais Athènes n’en a pas pour autant fini avec son énorme dette. « C’est un moment très symbolique pour la Grèce. Après tant d’années de sacrifice du peuple grec, le pays récolte enfin le fruit de ses efforts », s’est félicité le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici. La Grèce « est maintenant prête » à« tourner la page de l’austérité et à ouvrir un nouveau chapitre de croissance, d’investissement et d’emploi », a-t-il ajouté. Une procédure de déficit excessif permet à la Commission européenne de mettre sous surveillance les pays qui ne respectent pas les critères de convergence de la zone euro. Ils peuvent in fine se voir infliger une amende, ce qui n’est pour l’instant jamais arrivé. La Grèce, dont le déficit public dépasse depuis plusieurs années et très largement la limite des 3 % du PIB fixée par les traités, avait été placée sous le coup de cette procédure en 2009. Elle est toutefois parvenue, au prix de lourdes réformes, à dégager en 2016 un excédent budgétaire de 0,7 % du PIB, selon les derniers chiffres de l’UE.
Echanges de renseignements entre Berne et Paris. La France et la Suisse se sont entendues sur l’échange de renseignements fiscaux après plusieurs mois de différend, ont annoncé hier les administrations des deux pays. « Une divergence d’interprétation concernant la procédure de mise en œuvre de la convention fiscale entravait depuis quelques mois l’échange d’informations entre les deux pays. Elle est désormais levée », précise Bercy dans un communiqué.
Google échappe à un redressement supérieur à 1 milliard d’euros. Le tribunal administratif de Paris a jugé hier que Google n’était pas imposable en France sur la période de 2005 à 2010 et ne pouvait donc être astreint à un redressement fiscal de 1,115 milliard d’euros que veut lui imposer l’administration. L’Etat, qui a deux mois pour faire appel, a annoncé dans la foulée qu’il étudiait cette possibilité. Bercy estimait que la société américaine avait déclaré en Irlande des prestations publicitaires réalisées en France et avait donc échappé indûment, pendant cinq ans, notamment à des impôts sur les sociétés et à la TVA.
Restructuration d’Areva. Areva a annoncé hier soir la réalisation le même jour d’une augmentation de capital de 2 milliards d’euros réservée à l’Etat, qui marque une étape cruciale sur le chemin de la restructuration du nucléaire français. Cette réorganisation de la filière, lancée en 2015 sous le mandat de François Hollande, prévoit de céder, d’ici à la fin de l’année, l’activité de centrales nucléaires d’Areva (New NP) à EDF et de confier les mines et le traitement de l’uranium d’Areva à une nouvelle entité rebaptisée NewCo. NewCo bénéficiera également, d’ici au 31 juillet, d’une augmentation de capital de 3 milliards, souscrite par l’Etat à hauteur de 2,5 milliards et par les groupes japonais MHI et JNFL pour 500 millions au total.
Prévisions de l’OFCE. La croissance devrait atteindre 1,6 % en moyenne en France sous le quinquennat Macron et le déficit décroître jusqu’à 1,4 % du PIB en 2022, selon des estimations de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiées mercredi. Selon ses calculs, la croissance devrait évoluer « dans une fourchette comprise entre 1,5 % et 1,8 % avec une accélération sur la période 2019-2020 avec la montée en charge des mesures fiscales et du plan d’investissement » de 50 milliards d’euros. Elle « ralentirait en 2021-2022 sous l’effet de l’intensification de la consolidation budgétaire au-delà de 2020 ». En moyenne, elle s’établirait à 1,6 % sur le quinquennat. De son côté,« le déficit public passerait de 3 % du PIB en 2017 à 1,4 % en 2022, avec une année 2019 où le déficit refranchirait la barre des 3 % pour une année, atteignant 3,5 % du PIB en raison de la transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en baisse de cotisation », estime l’OFCE.
PC : le marché mondial baisse encore. Les ventes mondiales d’ordinateurs personnels ont baissé au deuxième trimestre mais certains analystes prévoient une possible stabilisation du marché, selon des études publiées mercredi, qui placent l’Américain HP en tête des ventes. Selon le cabinet spécialisé Gartner, 61,1 millions de PC ont été livrés par les fabricants au second trimestre, en baisse de 4,3 % par rapport à la même période de 2016, a fait savoir le cabinet dans un communiqué. Le cabinet International Data Corporation (IDC) calcule, quant à lui, un recul de 3,3 %, à 60,5 millions d’unités. Le marché rejoint ses niveaux de 2007, souligne Gartner, qui impute ces mauvais chiffres trimestriels à une hausse des prix des PC, elle-même due à « des pénuries de certains composants » comme les mémoires DRAM, les disques durs de type SSD ou les écrans LCD.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Le commerce entre Pékin et Pyongyang en hausse malgré les tensions |
Le pont de l’Amitié sur la rivière Yalu, reliant la ville nord-coréenne de Sinuiju à la chinoise Dandong, le 5 juillet 2017. NICOLAS ASFOURI / AFP
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La Chine a assuré jeudi qu’elle appliquait les sanctions internationales liées au programme balistique nord-coréen et à ses tirs répétés de missiles contre la Corée du Nord, malgré de nouveaux chiffres révélant une hausse de 10,5 % de ses échanges avec le régime de Kim Jong-un au premier semestre. Alors que le président américain Donald Trump a accusé Pékin de renforcer son commerce avec Pyongyang, les exportations chinoises en direction de son voisin, calculées en dollars, ont augmenté de 29,1 %, tandis que les importations reculaient de 13,2 % sur un an, a annoncé le porte-parole de l’administration des douanes. Le porte-parole, Huang Songping, a toutefois souligné que les importations avaient fortement diminué ces derniers mois après avoir augmenté au premier trimestre.
La Chine observe en effet depuis le 18 février une suspension de ses importations de charbon de Corée du Nord, conformément aux sanctions prises par l’ONU pour contrer le programme nucléaire nord-coréen, souligne La Tribune de Genève. Les importations chinoises totales de Corée du Nord ont baissé de 41,6 % en avril, de 31,6 % en mai et de 28,9 % en juin, a déclaré M. Huang. Les chiffres globaux du premier semestre « ne peuvent pas être utilisés comme preuve pour mettre en cause l’application résolue par la Chine des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il lancé. Ces sanctions « ne constituent pas une interdiction totale des échanges. Le commerce lié à la vie quotidienne des habitants de la Corée du Nord, particulièrement les biens qui relèvent de l’humanitaire, ne doit pas être touché par les sanctions », a-t-il dit. En ce qui concerne les importations chinoises de charbon nord-coréen, une source de revenus considérable pour Pyongyang, elles ont plongé de 74,5 % sur un an au premier semestre, a souligné le porte-parole. La Chine est de très loin le premier partenaire commercial de Pyongyang. Dans un tweet publié au début de juillet, Donald Trump avait accusé Pékin de saper les efforts des Etats-Unis en renforçant ses échanges avec Pyongyang. « Le commerce entre la Chine et la Corée du Nord a augmenté d’au moins 40 % au premier trimestre. Et après on dit que la Chine travaille avec nous. Mais on se devait d’essayer ! », avait alors écrit le président américain. Les chiffres publiés précédemment par Pékin pour le premier trimestre révélaient une hausse de 37,4 % du commerce bilatéral avec la Corée du Nord calculé en yuans, et de 30,6 % en dollars. Les Etats-Unis veulent accentuer leur pression sur la Chine afin qu’elle mette en place des sanctions supplémentaires contre la Corée du Nord en réponse à la poursuite de son programme nucléaire, a déclaré dimanche l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley. « Parce que 90 % des échanges nord-coréens se font avec la Chine et, même [si elle a] collaboré, [elle doit] faire davantage », a-t-elle déclaré. Les autorités chinoises « ont agi sur ce que nous leur avons demandé », a reconnu Nikki Haley, notamment en suspendant les importations de charbon nord-coréen, mais « aujourd’hui, nous devons dire : « Ce n’est clairement pas suffisant. » Les Etats-Unis ont coup sur coup sanctionné ces dernières semaines une banque chinoise accusée de blanchir de l’argent nord-coréen et autorisé une vente d’armes à Taïwan, une île de facto indépendante mais considérée par la Chine comme une de ses provinces. |
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Etudes & documents |
Arabie saoudite – Le modèle rentier à l’heure des réformes et des crises régionales. La chute durable des prix du pétrole autour de 50 dollars le baril remet en cause l’économie profondément rentière de l’Arabie saoudite, qui en tire 90 % de ses revenus fiscaux. Un vaste plan de réformes structurelles à long terme (« Vision 2030 ») est en cours pour sortir de cette économie rentière. Il est très ambitieux, notamment dans ses aspects sociaux où les défis sont les plus lourds. Toutefois, l’environnement politique et géopolitique est de plus en plus préoccupant.
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