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dimanche 9 juillet 2017

Le Front un peu moins national

06 juillet 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Le Front un peu moins national

Une nouvelle fois, le Front se fissure. Malgré ses plus de dix millions de voix au second tour de la présidentielle, record historique, la formation d’extrême droite traverse une crise de confiance. Le fiasco du débat présidentiel, la perte massive de voix subie entre les deux élections, la Saint-Barthélemy des candidats FN aux législatives (98 % de battus) ont ravivé le spectre qui hante l’extrême droite : celui de l’échec électoral permanent. Le Front gagne des voix mais il ne sait qu’en faire. Au banc des accusés : la «ligne Philippot», fondée sur un souverainisme intransigeant et sur un discours «ni gauche-ni droite» qui vise en priorité les classes populaires. Une fraction du parti, incarnée jusqu’à son retrait par Marion Maréchal-Le Pen, considère que le Front national doit revenir sur ses terres d’origine, à la droite de la droite, sur un programme plus conservateur en matière de mœurs et moins étatiste en économie. Rien n’est joué, le débat est en cours. Mais de toute évidence, Marine Le Pen hésite. Le parti aussi. Il n’est pas encore prêt à dire «Maréchal-Le Pen, nous voilà !», d’autant que la jeune femme refuse de faire don de sa personne au FN et préfère se retirer, non à Sigmaringen, mais dans les joies tranquilles de la vie privée. Philippot, en revanche, pourrait faire les frais de cette réorientation.
Une gagnante paradoxale dans cette affaire : l’Europe. Si le Front national décide finalement d’abandonner la sortie de l’euro comme objectif central, que Marine Le Pen elle-même juge «anxiogène», c’est le principal parti souverainiste de France qui baisse pavillon. Si l’on y ajoute l’explosion en vol de la phalange réunie autour de Nicolas Dupont-Aignan et le retour de la France insoumise à des scores traditionnels pour la gauche de la gauche, ce sont trois ennemis de Bruxelles qui flageolent dans leur stratégie, et même dans leur conviction. Comme le nouveau président proclame à l’envi sa foi européenne et affirme sa volonté de travailler la main dans la main avec Angela Merkel, on peut désormais compter la France parmi les soutiens les plus affirmés de l’Union européenne.
En un an, la route s’est singulièrement dégagée. Theresa May, walkyrie du «Hard Brexit», a essuyé un revers spectaculaire et la sécession de la Grande-Bretagne enthousiasme de moins en moins les Britanniques. En Italie, le mouvement Cinq Etoiles, semi-souverainiste, enregistre des déconvenues. Les antieuropéens plafonnent en Autriche et aux Pays-Bas. En Espagne et au Portugal, ils sont inexistants. En Allemagne, la flambée populiste consécutive à la crise migratoire s’est éteinte et la prochaine élection met aux prises deux Européens convaincus, Merkel et Schulz. Seule l’Europe de l’Est reste nationaliste, sans jamais manifester son désir de quitter le navire, dans la mesure où elle est la première bénéficiaire des transferts financiers intra-européens. Si l’on ajoute le retour de la croissance, la baisse du chômage sur le continent, la bonne tenue de l’euro, la prise de conscience suscitée par les frasques de Donald Trump et les menées de Vladimir Poutine, on doit constater que l’Union est finalement une construction bien plus solide que ce qu’on en dit souvent. L’Europe tient le coup et les peuples, quoi qu’on en dise, la soutiennent. Mal de ce début de siècle, la montée du nationalisme n’est pas une fatalité.

Et aussi

Ségolène Royal reine du Nord. L’ancienne ministre de l’Ecologie sera la prochaine ambassadrice des pôles, arctique et antarctique. En froid avec le PS, elle s’est ingéniée à dégeler ses relations avec En Marche. A la traversée du désert, elle préfère les étendues glacées de la banquise. Elle était star pâlissante de la gauche réformiste, elle devient étoile des neiges.
Un bon point pour la ministre de la Justice. Nouvelle garde des Sceaux, Nicole Belloubet a déclaré que le ministère ne devait plus être informé par le parquet de l’évolution des affaires individuelles. Déjà François Hollande, par une loi de 2013, avait mis fin aux instructions que la Chancellerie était jusque-là autorisée à envoyer aux procureurs sur ces cas particuliers, ce qui permettait à l’exécutif d’influer sur les affaires politico-financières qui pouvaient le concerner. Un pas supplémentaire est franchi dans la même direction. L’indépendance de la justice progresse.
Le groupe socialiste du Sénat «n’est pas dans l’opposition», a indiqué son président Didier Guillaume. A l’Assemblée, c’est la position inverse qui domine. Décidément, le PS continue d’éclater.
LAURENT JOFFRIN
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