lu dans Le DL du mercredi 19 juillet 2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
La jupe là-bas,
le burkini ici
Branle-bas en Arabie saoudite.
Si les minarets disposaient d’un tocsin, il
sonnerait déjà.
La police du roi Salmane enquête activement sur l’infâme
vidéo diffusée ce week-end à travers les réseaux sociaux.
Une scène de
décapitation, peut-être, ou l’appel à la haine lancé par un terroriste
ordinaire ?
Pire, on y voit une jeune fille déambuler en jupe dans un site
historique du pays.
Au lieu de revêtir l’abaya, bâche noire traditionnelle qui
recouvre de la tête aux pieds, l’intrépide ose montrer ses genoux.
Elle
arbore aussi un court tee-shirt qui laisse deviner un nombril devenu centre
du scandale.
La Commission pour la promotion de la vertu, délicieuse spécialité locale,
dénonce « une transgression de l’ordre moral ».
Les autorités religieuses,
au nom d’Allah le Miséricordieux, réclament une sanction exemplaire.
Néanmoins, personne ne doute que Riyad accordera à la pécheresse un
procès juste et équitable.
Le royaume saoudien ne se trouve-t-il pas,
depuis peu, chargé par l’ONU de « défendre le droit des femmes » ?
Chez nous, au contraire, c’est le trop-plein de textile qui nourrit la
polémique.
En Corse, sur la plage de Lucciana, on signale une vive
altercation à propos d’une baigneuse en « burkini ».
Assimilée à une
provocation, au-delà des considérations hygiéniques, sa tenue « islamisée
» n’a pas fait l’unanimité.
À Sisco, tout près de là, une affaire semblable
avait provoqué des violences l’an dernier.
Cette fois, l’incident se cantonne
à un échange d’insultes, avec un procès pour « propos racistes » en
perspective.
Les tribunaux, si ça continue, devront siéger en bord de mer
tout l’été.
Le monde va mal, le climat se détraque, on ne sait plus comment
s’habiller.
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