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jeudi 13 juillet 2017

Editorial de la Tribune des travailleurs du 12 juillet 2017 : Menace corporatiste....

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                                     La Tribune des travailleurs


Menace corporatiste

Editorial de la Tribune des travailleurs du 12 juillet 2017


Editorial de Daniel Gluckstein 
« Il faut considérer l’entreprise non comme un lieu systématique de conflits, mais aussi comme une communauté humaine au service d’un objectif de progrès économique et social » : ces mots n’ont pas été prononcés par un membre du gouvernement de Vichy présentant la Charte du travail en 1940 mais par l’actuelle ministre du Travail à l’Assemblée nationale ce 10 juillet 2017. Et Muriel Pénicaud de préciser : « C’est pour cela que nous croyons au dialogue social, au plus près des branches et des entreprises. » Quelques jours plus tôt, elle avait appelé les syndicats à « coconstruire » la loi d’habilitation des ordonnances.
L’histoire de la Ve République est marquée par des tentatives répétées d’instaurer le corporatisme par l’intégration des syndicats à l’État. De de Gaulle à Hollande, tous s’en sont pris à l’indépendance et aux droits des syndicats en même temps qu’aux conquêtes ouvrières. Mais, à chaque étape, la résistance des travailleurs et des militants a conduit les organisations – en particulier les deux confédérations issues de la vieille CGT – à rejeter l’intégration.
Aujourd’hui, la CGT-Force ouvrière (qui titre son hebdomadaire : « La concertation va dans le bon sens ») et la CGT (en apparence plus critique, elle appelle à une journée d’action) participent à la « concertation » et y multiplient ce qu’elles appellent des« propositions ».
Des propositions ? Le projet du gouvernement est connu. Son « dialogue » – parlementaire ou « social » – n’offre aucune marge. Les amendements soumis en commission à l’Assemblée nationale ont été balayés en moins de trois heures (lire page 4). Il en sera de même de toute « proposition » visant à contrer l’offensive destructrice du gouvernement.
Nombre de travailleurs et de militants s’interrogent : pourquoi dire que les plans du gouvernement ne sont pas précis, qu’il faut attendre d’en savoir plus, que beaucoup de choses peuvent encore changer, que l’heure n’est pas à la mobilisation ?
Le 28 juillet au plus tard, la loi d’habilitation sera votée. Conforme au projet du gouvernement, elle consacrera la primauté de l’accord d’entreprise dérogeant aux droits collectifs de la classe ouvrière. Quel sens aurait la poursuite de la « concertation » jusque fin août-début septembre, sinon « coconstruire » les ordonnances et s’interdire de mobiliser pour leur retrait ?
Là est le piège du corporatisme, qui menace l’existence des organisations ouvrières et pave le chemin du totalitarisme.
Rompre avec le prétendu dialogue social, sortir de la « concertation », appeler à la mobilisation pour le retrait des ordonnances : en s’engageant sur cette voie, les organisations ouvrières feraient ce pour quoi elles ont été constituées.
Pour l’indépendance du mouvement ouvrier et la défense de la démocratie politique, il y a urgence à mettre en échec l’offensive corporatiste de Macron-Pénicaud. C’est à cet objectif que veut contribuer la campagne engagée par le Parti ouvrier indépendant démocratique pour l’unité, pour forger le bloc uni des travailleurs et des organisations sur l’axe : « À bas les ordonnances ! »

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