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lundi 10 juillet 2017

Derrière l'imposture et en même temps le spectacle, Macron prépare la mise au pas des Français


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Derrière l'imposture et en même temps le spectacle, Macron prépare la mise au pas des Français


Il est urgent d'arrêter au plus vite ce hold-up sémantique, qui va non pas mettre la France en marche, mais au pas.

10/07/2017 12:31 CEST | Actualisé il y a 10 heures

Alexis PoulinExpert en politiques européennes


POOL NEW / REUTERS
Derrière l'imposture au pouvoir et en même temps le spectacle, Macron prépare la mise au pas des Français
Il semblerait que notre nouveau Président soit une réincarnation de James Bond, capable d'embarquer dans un sous marin nucléaire depuis un hélicoptère, de serrer la main de Trump dans un bras de fer masculiniste décomplexé au nom de la grandeur de la France, et de défier l'ancien ennemi soviétique de toujours, sans trembler une seule seconde, avec fermeté.
Il a été offert au peuple une magnifique mise en scène du pouvoir dans ces premières semaines de mise en marche, le geste ayant été accompagné par la parole, le Président exprimant sa pensée complexe devant les représentants de la Nation, un peu abasourdis de tant d'éloquence lors du Congrès de Versailles.
Il est néanmoins des phrases et des actions plus discrètes que le style vestimentaire des élus ou la geste présidentielle et qui mettent en lumière l'imposture de la République en Marche, qui se révèle être dans les faits, une énième incarnation politique néolibérale d'inspiration anglo-saxonne guidant le destin de nos démocraties depuis maintenant presque 40 ans avec un succès mitigé.
Revenons notamment sur les discours de MM Darmanin et Philippe, qui ont mis en parallèle une politique de rigueur, qui ne porte pas son nom, pour les uns (en majorité fonctionnaires) et une politique de l'"open-bar" pour les autres (en majorité banquiers).
L'un parlait à Bercy lors des Etats Généraux des comptes de la Nation et l'autre au sommet du bâtiment de la Bourse de Paris pour vanter l'attractivité de la place financière de Paris.
Pour le ministre de l'Action et des Comptes Publics, une seule priorité: le contrôle des dépenses publiques. Le plus rapide moyen de contrôler le budget: serrer la ceinture en attaquant le pouvoir d'achat des fonctionnaires, ce poids mort financier, qui représente un quart de la dépense publique. La sentence est claire: il va falloir baisser la dépense publique de trois points de PIB sur cinq ans et trouver 4 milliards d'euros d'économies dans l'immédiat. Autrement dit, de grosses coupes budgétaires sont à l'ordre du jour, dans tous les domaines, à l'exception de la Défense (Président James Bond oblige) , en chassant le gaspillage et en assurant une gestion des services publiques inspirée des méthodes de "cost-cutting" du secteur privé. Cette vision managériale de l'Etat comme entreprise a déjà été utilisée à maintes reprises, assurant la détérioration des conditions de travail de milliers de fonctionnaires et un moindre service des usagers. On comprend mieux le jour de carence, qui prévient ainsi les nombreux congés maladies à venir de fonctionnaires en burn-out.
Et puis, vendredi, Edouard Philippe, entouré d'Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse a énoncé un discours à l'inverse de celui de son ministre. Avec un large sourire et la fierté de l'écolier qui a bien travaillé, il a annoncé une politique de l'offre à gogo, mais seulement pour les plus riches: suppression de la dernière tranche d'imposition pour les salaires, bonus différés non comptés dans les indemnités de licenciement, remise en cause de la TTF intra-day et nouvel ISF plus juste. Ces cadeaux, ce sont les citoyens contribuables qui les offrent aux nouveaux seigneurs que sont les banquiers et traders, orphelins du Brexit, dans l'espoir qu'ils viennent créer tant d'emplois en France. Il ne faut pas oublier que l'attractivité française est due en grande partie à nos infrastructures, notre système de santé, financer par nos impôts et non par les profits des fonds d'investissements et des entreprises du CAC 40 plus habiles dans les montages financiers d'optimisation fiscale que dans la création d'emplois.
Cette mise en Marche du pays ressemble à s'y méprendre à une politique d'oppression de classe: cadeaux fiscaux aux plus riches et demandes d'efforts supplémentaires de la part des classes moyennes et des plus démunis.
La rigueur pour ceux qui ne sont rien et l'opulence pour ceux qui réussissent, au nom de la compétitivité de l'emploi et du progrès, bien évidemment.
A aucun moment la "révolution" macroniste ne remet en cause la compétitivité des places financières liées aux paradis fiscaux, l'exil fiscal, les pratiques des banques et la finance casino du trading haute-fréquence, bien inutile en matière de création d'emplois.
La feuille de route du gouvernement est claire: faire de la France en 5 ans le Royaume-Uni "Cool Britannia" de Tony Blair.
Puissions-nous éviter au peuple français reconnaissant de tant de progressisme, une guerre dans le Golfe Persique au nom de l'atlantisme et la sape mécanique de nos services publics.
L'accroissement des inégalités n'est certainement pas une politique progressiste, il est urgent d'arrêter au plus vite ce hold-up sémantique, qui va non pas mettre la France en marche, mais au pas.
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