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jeudi 20 juillet 2017

Démission inédite du chef d’état-major des armées

Démission inédite du chef d’état-major des armées

Pierre de Villiers à l’Elysée, le 13 juillet 2017.
Pierre de Villiers à l’Elysée, le 13 juillet 2017. PATRICK KOVARIK / AFP
En désaccord avec Emmanuel Macron sur les ressources allouées à la défense, le chef d’état-major des armées françaises, Pierre de Villiers, a quitté son poste mercredi, une démission inédite synonyme de première crise du quinquennat. « Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français », a écrit le général de Villiers, 60 ans. « Ce n’est pas le rôle du chef d’état-major » de défendre le budget des armées « mais celui de la ministre », a répliqué dans la soirée le président de la République, interrogé par la chaîne de télévision France 2. C’est le général François Lecointre, jusqu’à présent chef du cabinet militaire du premier ministre, qui succédera à Pierre de Villiers. M. Macron l’a qualifié de « héros militaire comme il y en a peu », de « grand général de l’armée de terre » qui « sera un grand chef d’état-major des armées ».
Cet homme athlétique de 55 ans issu de l’infanterie de marine associe une longue expérience du terrain (Irak, Somalie, Rwanda, ex-Yougoslavie...) à un parcours dans différents états-majors et ministères. « C’est un officier exceptionnel et expérimenté », a salué la ministre des armées, Florence Parly, qui a dans la foulée rendu« hommage à l’action du général de Villiers ». Si M. Macron a lui aussi tenu à saluer Pierre de Villiers, un « militaire de grande qualité et qui a servi avec responsabilité et dignité l’Etat », sa démission, fait sans précédent sous la Ve République, intervient après plusieurs rappels à l’ordre présidentiels. A l’origine de ce courroux : les critiques du général sur les 850 millions d’euros d’économies réclamés cette année aux armées, dans un contexte de restrictions budgétaires générales, alors même que Pierre de Villiers plaide de longue date pour une hausse de son budget afin d’atteindre un objectif de 2 % du PIB. Personnalité intègre et rugueuse, apprécié de ses hommes, le général s’était exprimé à huis clos, à l’Assemblée nationale, assurant qu’il n’allait pas se « laisser baiser ». En poste depuis 2014, il se plaignait régulièrement de l’insuffisance des moyens à l’heure où le pays est engagé sur plusieurs fronts, du Sahel au Moyen-Orient en passant par la France, avec l’opération Sentinelle. Dans ce contexte inédit, Emmanuel Macron se rend jeudi matin sur la base aérienne d’Istres, l’un des maillons de la dissuasion nucléaire, pour une adresse aux militaires très attendue. Le chef de l’Etat et des armées sera notamment accompagné du général François Lecointre. Après une présentation des Rafale, Mirage, AWACS et autres avions de ravitaillement qui participent à la composante aérienne de la force de dissuasion, une visite d’infrastructures sensibles et un déjeuner avec les équipages « d’alerte », M. Macron s’adressera au personnel de la base.

« Les Indégivrables », par Xavier Gorce
Source Le Monde.fr 

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