- Minute de silence dans les rues de Rangoun, à 10 h 37. La plus grande ville de Birmanie (ou Myanmar) commémore aujourd’hui les 70 ans de l’assassinat du général Aung San et d’autres leaders du mouvement d’indépendance du pays du Sud-Est asiatique, alors sous domination britannique. Le quotidien australien The Daily Telegraph raconte la vie de celui qui paya le prix ultime pour son combat politique. Sa fille Aung San Suu Kyi, qui dirige aujourd’hui de facto le pays, participera aux célébrations dans l’ancienne capitale.
- Qui a tué Aung San ? Pas sûr que les colons britanniques aient pris part au meurtre, même si certaines entreprises craignaient des nationalisations, estime Kin Oung, auteur d’un livre sur cet assassinat. Mais celles-ci auraient financé son rival politique, U Saw, qui a ourdi le complot meurtrier. Il a pu se procurer des armes de l’armée britannique. Condamné grâce à un faisceau de preuves accablantes, le commanditaire fut pendu le 8 mai 1948. The Irrawady
- Le crime s’est déroulé le 19 juillet 1947 lors d’une réunion du gouvernement, au secrétariat. Le vieux bâtiment colonial de briques rouges, en cours de rénovation, ouvrira quelques-unes de ses portes pour l’occasion. C’est là que se rendront les Birmans désireux de lui rendre hommage. Fait exceptionnel, les visiteurs auront accès à la pièce dans laquelle le premier ministre Aung San, six de ses ministres et deux autres personnes ont été tués. Convertie depuis en salle de prière bouddhiste, celle-ci a été spécialement réaménagée comme à l’époque. Coconuts Yangon
- Le musée dédié au général, également fermé, sera exceptionnellement ouvert en ce Jour des martyrs et gratuit même pour les étrangers. Certains effets personnels du héros mort à 32 ans seront exposés. Autre lieu de « pélerinage » : le mausolée des martyrs. Des dizaines de milliers de personnes l’avaient visité le 19 juillet 2016. The Myanmar Times
- C’est aussi l’an dernier, pour la première fois depuis des décennies, que le chef des armées assistait à la cérémonie organisée au mausolée. Le général Min Aung Hlaing était même apparu à la résidence d’Aung San Suu Kiy, souriant et sans l’uniforme. Emprisonnée par la junte militaire au pouvoir après le coup d’Etat de 1988, l’ex-dissidente et son gouvernement démocratiquement élu tentent de nouer de nouvelles relations avec ses anciens tyrans. Pragmatique comme son père, elle cherche à établir la paix, assure The Irrawaddy.
- Mais l’érection ces derniers mois de monuments en l’honneur du héros de l’indépendance met ironiquement en lumière la persistance des divisions politiques sous la gouvernance de sa fille, qui déçoit ses anciens partisans. Si Aung San semblait apprécié des minorités à l’époque et capable d’unifier le pays, son héritière échoue à mettre fin à la guerre civile et notamment aux persécutions contre les Rohingya. Asia Times, The Straits Times
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