Lu dans Le DL du vendredi 21 juillet 2017
LE BILLET
PAR STÉPHANE PULZE
Dans la gueule
du loup
Quand on est ministre, il faut parfois avaler des couleuvres.
Nicolas Hulot
n’aura pas mis longtemps à l’apprendre à ses dépens. Lui, le chantre de la vie
sauvage, grand défenseur des espèces menacées, autorisant l’abattage de
40 loups jusqu’en juin 2018 afin, dit-il, de limiter les dégâts sur les troupeaux.
Avouez que ça prêterait à sourire si la cause n’était pas aussi passionnelle et
les antagonismes, virulents.
« Ce n’est pas la décision la plus agréable » a
précisé le très médiatique ministre de la Transition écologique et solidaire.
Un
bel euphémisme pour l’ex-animateur d’« Ushuaïa » qui n’imaginait sans
doute pas dossier aussi sulfureux.
Le débat n’est pas nouveau.
Le « canis lupus » a beau être une espèce
protégée en Europe, les tirs visant à l’abattre sont autorisés en France par
dérogation, afin d’apaiser le monde pastoral qui hurle au loup devant la
prolifération de l’animal et les dégâts causés dans les pâturages.
Plus de
8 000 bêtes ont été tuées dans des attaques attribuées au prédateur en
2016-2017.
Pas mal pour 360 individus recensés sur le territoire français.
Difficile d’imaginer cohabitation plus ombrageuse entre des éleveurs exaspérés
qui veulent défendre leurs brebis et les associations pro-loup qui
remettent en cause la pertinence même de l’abattage.
Visiblement gêné aux
entournures, le ministre a promis un nouveau plan Loup à la rentrée.
En
attendant, les quotas ont été maintenus et la polémique enfle dans les vallées
alpines contre une mesure qui ne satisfait personne. Loin des tirs d’effarouchement
préconisés par les ONG, certains réclament le déclassement pur et
simple de l’animal comme espèce protégée.
Nicolas Hulot n’a pas fini d’entendre parler du loup.
Sans doute mesure-t-il,
aujourd’hui, toute la complexité d’agir à l‘intérieur même d’un gouvernement
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