Lu dans Le DL du 29 juin 2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Risible ou honteux ?Les deux mon général
La nouvelle ministre des Armées, Florence Parly, a du pain sur la
planche.
Suite aux révélations de l’indispensable Canard Enchaîné, elle
ouvre une enquête interne pour « utilisation abusive de moyens
aériens ».
Bigre. Aurait-on, sur quelque théâtre d’opérations, bombardé
des cibles de manière outrancière ?
Non, le scandale prend sa source à
Bordeaux.
Là où se trouve posté le général Richard Reboul, numéro 2
de nos forces aériennes et heureux propriétaire d’une villa en Provence.
Pour s’y rendre, le week-end, le ponte étoilé « emprunterait » volontiers
le turboréacteur d’une base-école de la région. L’avion le dépose le
vendredi dans les Bouches-du-Rhône et revient le chercher le lundi
matin.
Direct des cigales au Petrus, en une heure, pas question de rater
la levée des couleurs !
N’ayant pas le goût des transports en commun,
le haut gradé préfère voyager en Alphajet.
Dévolu à la Patrouille de
France, le prestigieux zinc sert aussi à la formation des futurs pilotes de
chasse.
Mais pas trop souvent, parce que les vols d’entraînement se
trouvent rigoureusement restreints, faute de crédits.
On réserverait
donc le kérosène, hors de prix, aux loisirs du général.
Si elle se confirme, l’affaire risque de porter un rude coup à la
réputation de l’Armée.
« Servir », et non pas se servir, constitue
pourtant sa fière devise.
Elle vaut pour les simples soldats qui, au nom
de la patrie, vont mourir au Mali ou ailleurs.
Et pas pour les élites
galonnées, donneurs d’ordre depuis l’arrière, qui iraient s’exonérer de
la plus élémentaire intégrité ?
À croire qu’au sein de l’institution
militaire, comme dans la société civile, l’exemplarité exigée de la base
peine à gagner le sommet.
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