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samedi 17 juin 2017

Pleins pouvoirs ?

16 juin 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Pleins pouvoirs ?

En principe, c’est joué, râpé, plié. La seule question concerne la grosseur des miettes que Macron, cet ogre maigre, laissera à l’opposition parlementaire. Les sondages, les projections, les enquêtes sur le terrain convergent tels des violons monotones. On n’entendra plus que les sanglots longs de ceux qui n’ont pas pris le train En marche. Comme toujours, ces sondages peuvent se tromper. Mais ce serait bien la première fois dans cette saison électorale 2017. A l’Assemblée, comme à l’Elysée et à Matignon, LREM sera reine.
Pourtant l’enthousiasme n’y est pas. Plutôt le rejet indistinct de tout ce qui ressemble à la classe politique traditionnelle. Les vieilles étiquettes sont une marque d’infamie ; le label En marche, à lui tout seul, vaut rédemption de tous les péchés, même pour les plus opportunistes des élus blanchis sous le harnois partisan. Ce peuple qu’on dit le plus politique du monde semble motivé avant toute chose par le rejet de la politique.
Il n’en est pas forcément content. Un autre sondage, diffusé par LCI, montre que 61% des personnes interrogées, y compris les abstentionnistes, souhaitent «rectifier» le scrutin du premier tour pour éviter de donner aux macronistes une majorité qui s’apparenterait aux pleins pouvoirs. Il révèle aussi qu’une courte majorité d’entre eux (52%) ne sont pas satisfaits du premier tour.
Mais ces gens se recrutent surtout parmi les opposants à Macron, qui étaient par définition majoritaires au premier tour, puisqu’En marche n’a pas réuni plus d’un tiers des voix. Ce sera tout le problème de la prochaine Assemblée : passer de 32% des électeurs à 75% des élus, et se transformer en théâtre d’ombres faute de représentativité réelle. Il faudra beaucoup de doigté à la nouvelle majorité pour éviter d’apparaître comme trop impérieuse. Il faudra aussi un geste rapide : introduire une dose de proportionnelle pour garantir dans le futur à l’opposition un contingent d’élus qui ne soit pas ridicule. A moins que les électeurs, contre toute attente, corrigent d’eux-mêmes leur copie dimanche et sauvent gauche et droite de la marginalité. Ce serait plus sain.

Et aussi

• L’anti-boboïsme, ce poujadisme relooké, débouche sur la violence.Nathalie Kosciusko-Morizet en a fait les frais, agressée par un crétin shooté aux diatribes populistes. A force de désigner des faux ennemis à l’opinion, elle finit par y croire.
• Luc Carvounas, socialiste rescapé qui a une chance de se faire élire dimanche, souhaite la création d’un «inter-groupe» de toute la gauche dans la future assemblée. Louable intention. Mais Jean-Luc Mélenchon souhaite un groupe La France insoumise complété par quelques députés d’autres partis qu’il choisirait lui-même. L’union est un combat.
LAURENT JOFFRIN
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