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jeudi 22 juin 2017

Macron et les sept nains

22 juin 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Macron et les sept nains

Face au gouvernement Philippe II, ce pack de macroniens, de macronistes et de macronophiles, y aura-t-il une opposition ? Oui. Beaucoup d’oppositions : sept. Telles les paramécies, les partis politiques français se reproduisent désormais par scissiparité. Ils se coupent en deux ou en trois et continuent leur vie comme des organismes autonomes, à chaque fois plus petits.
Entre les pour et les contre Macron, cinquante nuances de bleu, de rose ou de rouge s’épanouissent : opposition frontale, opposition nuancée, opposition constructive, coopération distante, coopération franche, alliance énamourée. Entre ces diverses postures, les courants se scindent en autant de sous-groupes. On en compte sept, désormais, à l’Assemblée. La vie politique française prend ainsi l’allure d’un conte de Grimm : Macron et les sept nains.
De gauche à droite, chacun prend son rôle : la France insoumise, atrabilaire à souhait, sera Grincheux. Le PCF miraculé et discret est Timide. Le PS qui doit reprendre sa pédagogie à zéro est Prof. Le Modem qui n’en revient pas d’avoir plus de trente députés est Joyeux. Les «constructifs», qui laisseront le gouvernement en paix, se reconnaissent dans Dormeur. Et le groupe LR maintenu qui vient de reconduire à sa tête Christian Jacob, dont les capacités intellectuelles sont parfois mises en doute, est Simplet. Reste le septième nain, Atchoum, pour le Front national, ce qui ne veut pas dire grand-chose. On verra plutôt dans Marine Le Pen la méchante reine qui veut tuer le Prince Charmant de l’Elysée et sa Blanche-Neige.
La métaphore s’arrête là. Il ne manquera pas d’orateurs fiévreux, de procureurs pointilleux, de contempteurs compétents pour animer le débat parlementaire. La démocratie n’est pas en péril. Mais l’univers politique est radicalement neuf, avec une grosse étoile centrale qui attire les planètes voisines au risque de les faire fondre, et laisse les autres en orbite lointaine, minuscules dans le froid sidéral. Pour reconstituer une opposition digne de ce nom, il faudra de nombreuses étapes. En Marche d’un côté, la longue marche pour les autres.

Et aussi

François de Rugy, écolo d’expérience, se verrait bien au perchoir. Il a toutes les qualités requises sauf une : il n’est pas une femme. Quoique omnipotent, Emmanuel Macron n’y peut pas grand-chose. Beau joueur, Rugy en a convenu volontiers. Dans une assemblée féminisée, l’élection d’une présidente et non d’un président serait logique. Ecce homo, ou ecce mulier ?
En pleine cohérence le Front national dénonce les affaires qui troublent la majorité mais Louis Aliot refuse de se rendre à la convocation des policiers qui enquêtent sur les assistants parlementaires du FN. Vérité en deçà deMontretout, erreur au-delà.
Bonne interview de Macron dans le Figaro, avec le rappel utile de ce qui unit les Européens : «L’Europe est le seul endroit où les libertés individuelles, l’esprit de démocratie et la justice sociale se sont mariés à ce point.» Il y a certes des progrès à faire dans ces trois domaines. Mais il est juste de dire qu’en comparaison des autres régions du monde, l’Union a réussi quelque chose. L’obsessionnelle propagande des souverainistes et des populistes avait fini par le faire oublier.
LAURENT JOFFRIN
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