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jeudi 22 juin 2017

Les Crises.fr - Bienvenue dans l’ère du nouveau maccarthysme : quand les fact checkers se noient dans leurs prismes idéologiques, par Eric Deschavanne et François-Bernard Huyghe

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22
Juin
2017

Bienvenue dans l’ère du nouveau maccarthysme : quand les fact checkers se noient dans leurs prismes idéologiques, par Eric Deschavanne et François-Bernard Huyghe


L’avènement des fake news ne doit pas faire de toute la sphère médiatique une arène de décodeurs traitant son adversaire de menteur ou de diffuseur de fake news. Même si on comprend que c’est une attitude pratique, qui évite de rendre les faits complexes et surtout toute auto-critique.
Atlantico : Dans un climat médiatique alimenté par l’émergence des fake news, en quoi la parole publique semble de plus en plus ressembler à un néo-maccarthysme, allant de l’accusation à l’encontre de Vanessa Burgraff dans son altercation avec Najat Vallaud-Belkacem, en passant par l’accusation d’homophobie à l’égard de Gérald Darmanin, ou par la contestation d’un article publié par le Parisien sur le harcèlement de rue constaté dans le quartier Pajol, évoquant un supposé racisme ?

François-Bernard Huyghe : Toutes ces choses sont relativement récentes, en particulier ce qui concerne la post-vérité.
On attribue aux bullshit news ou fake news le résultat du Brexit ou de l’élection de Donald Trump. C’est un argument qui a été énormément été utilisé pendant la campagne présidentielle, surtout par Macron – et habilement ! – pour dire qu’il y avait des opérations russes qui se montaient contre lui, qu’on essayait de le déstabiliser, de lancer des rumeurs sur ses financements, sur sa sexualité etc. En contrant parfois même en avance, il a adopté la rhétorique de l’époque, le pompon venant avec les “Macron leaks” qui ne furent absolument pas traités parce que considérés comme “irrecevables” par la presse alors même qu’ils étaient parfaitement vrais (c’étaient d’authentiques documents volés par des hackers). Le contexte et la densité de ces fuites expliquent aussi ce peu de réaction.
Au travers de l’utilisation du terme de fake news qui nous vient du monde anglo-saxon, on observe une explication idéologique des événements qui ne vont pas dans le “bon sens”, à défaut d’essayer de trouver les véritables causes qu’elles soient géographiques, sociologiques, économiques etc. On veut ainsi expliquer le comportement aberrant du peuple par sa naïveté. Et par les entreprises de tromperies de manipulateurs diaboliques, dont les Russes bien entendus, qui sont les bons clients dans ce système-là.
On observe évidemment que toutes ces accusations relèvent toujours du politiquement correct – les mots clés sont alors populisme, homophobie, racisme, complotiste etc. le tout étant de le discréditer. Avec la fake news, on n’a plus besoin de passer par une discrétisation par procès, c’est une lettre écarlate qui vous place dans le champ des infréquentables !
Il ne faut pas pour autant se tromper : il y a énormément de fausses nouvelles, de délires, de menteurs et de paranoïaques. Et de fait ces gens ont un public particulièrement réceptif et accessible avec les nouveaux médias et les nouveaux outils technologiques. Ils ont d’autant plus de facilité à trouver un public réceptif quand on discrédite injustement des personnes à partir de petites erreurs montées en épingles par le seul fait de les qualifier de fake news. Je pense ici évidemment à la chroniqueuse d’ONPC, Vanessa Burgraff, qui s’est trompée en affirmant que la réforme orthographique avait été faite par Najat Vallaud-Belcaçem… ce qui n’enlevait a priori rien de sa critique de la mise en application de la-dite réforme. Mais qui a amplement suffit à la discréditer aux yeux de nombreux censeurs. Dans le cas de Gérald Darmanin, on le discrédite par le simple fait qu’il soit soit-disant homophobe, du fait d’informations anciennes retrouvées et qui sont là encore considérée comme suffisantes pour le déstabiliser. Et quand au cas de la rue Pajol, je peux affirmer avec une certaine certitude, en mon âme et conscience que ces agressions sont réelles ! Je suis déjà passé dans ce quartier, et cela paraît très crédible. Mais que le simple fait de l’accuser de racisme ou de populisme empêche toute observation honnête des faits ; et on ne fait pas preuve nécessairement d’une grande rigueur dans ce genre d’entreprise… prenez la façon dont le Bondy Blog a « vérifié » que dans le café on pouvait faire venir des femmes. Ils ont débarqué avec des caméras en disant « On est le Bondy Blog est-ce que vous refusez des femmes ? ». Évidemment ils ont répondu non. On ne recule devant rien pour faire taire un adversaire, par exemple quand on traite quelqu’un de complotiste. C’est l’argument le plus fort, mais entre le vrai complotiste qui croit au complot sioniste ou aux Illuminatis et celui qui critique le système capitaliste (une espèce très à la mode dans ma jeunesse : le gauchiste !), on est face à deux réalités différentes ! Ce néo-maccarthysme comme vous le dites, c’est de faire de toute personne qui est un tant soit peu en désaccord avec moi un paria à partir du moment où il montre la moindre faiblesse. Dans le cas de Vanessa Burgraff, c’est particulièrement vicieux : soit elle est partie prenante de la fachosphère, soit elle est disqualifiée car victime de la fachosphère. Et il n’y a pas de recours face à ça !
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7 réponses à Bienvenue dans l’ère du nouveau maccarthysme : quand les fact checkers se noient dans leurs prismes idéologiques, par Eric Deschavanne et François-Bernard Huyghe


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