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lundi 12 juin 2017

La FI doit-elle se transformer en parti politique ?


http://www.marseille-insoumise.fr
                                   

La FI doit-elle se transformer en parti politique ?

Cette question mérite un débat après une année de luttes, de rencontres, de militantisme enthousiaste, de succès porteurs d’espoir, mais aussi de résultats souvent ressentis comme décevants, voire désespérants.
La France Insoumise est un Mouvement. Un mouvement exceptionnel qui a un impact formidable sur l’ensemble du pays : 500 000 militants dans 4000 groupes d’appui, tout ça étant mis en place en moins d’un an. C’est un succès indiscutable ! La formule était bien adaptée dans ce contexte où une majorité de Français condamnait la politique des partis, la caste des élus professionnels qui gouvernent le pays pour leur seul profit et celui des grands financiers. La formule était si bonne qu’elle a été adoptée par Macron pour son mouvement « En Marche ». Mais son mouvement est loin d’avoir été populaire alors que le notre oui.
En quelques mois seulement, nous avons bâti des structures, monté des Groupes d’appui, nous avons tissé des liens, nous avons organisé des formes de luttes innovantes. Nous avons créé tout cela, en un instant quand des partis mettent des décennies à asseoir ou retrouver leur influence.
Mais la question se pose, et on nous la pose !
Dans son n° 17 de mai-juin, le journal Révolution, qui soutient la FI, est catégoriquement pour. Il a titré son article :  » Pour un Parti de la France Insoumise ! »
Je cite un extrait :
« Si Macron remporte les élections, la contestation de sa politique ne pourra pas se cantonner au plan syndical. Il faudra lui donner des objectifs et des mots d’ordre politiques. C’est le rôle que devra jouer la France Insoumise. Cela suppose qu’elle soit capable d’organiser la colère de la population, en se structurant et en s’organisant, bref, en devenant un parti. »
Cette question nous est aussi posée par nos adversaires ou concurrents. Ainsi Frédéric Dutoit, un communiste qui ne nous aime pas titre sur son blog en janvier 2017 :  » France Insoumise, un nouveau parti est né ! »
En gros, il accuse notre mouvement d’être un parti caché, car il a « une même étiquette politique, une association de financement et des élus qui siègeront dans le même groupe. » Il introduit son court propos par « Soyons intellectuellement honnête », et conclut par « c’est très malin ».
Selon lui, la FI est un parti qui ne dit pas son nom, et qui est dirigé par des malhonnêtes astucieux…
La question apparaît aussi en arrière-plan dans de nombreuses contributions d’insoumis sur nos pages Facebook quand nous nous interrogeons sur des décisions venues « de Paris »,  sur la légitimité et le statut réel des assemblées de circo ou des réunions des groupes d’appui.
Faisons donc le point : Qu’est-ce qu’un parti, qu’est-ce qu’un mouvement ? Avantages et inconvénients.
Un parti est une organisation jouissant de la personnalité morale. Il est déclaré, il a des statuts, des adhérents formels. Son financement est encadré par des lois. Ses règles de fonctionnement, son organisation et ses orientations politiques sont adoptées par ses adhérents qui se prononcent en votant et elles s’imposent à tous ses membres.
Un mouvement est une association de fait. Il n’a pas besoin d’être déclaré en Préfecture pour exister. Il est le produit d’un consensus qui a rassemblé spontanément des personnes, sans autres règles de fonctionnement que de partager une opinion, un projet, un objectif. On entre et on sort librement d’un mouvement. Dans ses assemblées, des décisions sont prises en démocratie directe, mais aucun dirigeant n’a été élu.
Avantages et inconvénients d’un mouvement.
Avantages : Une grande liberté de manœuvre, pas de frein à l’initiative, rapidité d’action, et de réaction, expression libre, débats toujours ouverts, l’accueil de tous prime sur la sélection.
Inconvénients : Grande fragilité, il est difficile, voire impossible de durer dans le temps. Conflits fréquents et difficilement résolus quand des décisions et des orientations contradictoires apparaissent. Possibilité de prise de pouvoir par des groupes manipulateurs, manque de légitimité de leaders non élus.
Avantages et inconvénients d’un parti.
Avantages : La puissance et l’efficacité d’une organisation durable. Des « vrais » dirigeants élus par un congrès. Une forme d’organisation favorisant la coordination et la cohérence. Des règles adoptées par les adhérents. Une meilleure gestion des conflits internes. Une identité forte et bien repérable.
Inconvénients : Besoin de permanents = professionnalisme des élus et des cadres, bureaucratie plus ou moins excessive. Lenteurs, méfiance des gens quand les « politiques » s’avancent. Autoritarisme, conflits d’intérêts.
Alors que choisir ?
Sitôt les législatives passées, et indépendamment des résultats il faudra faire des choix. Quelles formes de luttes adopterons-nous ?
Moi, je suis sûr d’une chose : l’immense majorité des Insoumis souhaite que notre mouvement perdure et s’inscrive dans la durée. Et je ne connais pas de mouvement qui « dure ». Les idées des Nuits Debout sont toujours vivantes, mais le mouvement n’est plus là. Il est désormais inscrit dans le passé, dans l’Histoire. La France Insoumise ne doit pas disparaître mais au contraire grandir encore au sein de la population, et devenir un véritable outil de mobilisation de masse.
Les partis sont discrédités, oui ! Nous ne voulons pas devenir un panier de crabes comme le PS, ni un nid de serpents, comme « les Républicains » ! Nous haïssons les carriéristes, les despotes et les bureaucrates !
Mais faisons attention ! Passé le 18 juin, des forces centrifuges vont apparaître, créant de la démobilisation et une rupture de cohésion.
Podemos en Espagne s’est retrouvé confronté à ce problème et a dû se transformer en parti avec un congrès qui a mis en échec ceux qui voulaient ramener Podemos vers des positions réformistes de renoncements à la Tsípras.
La France Insoumise avec tous ses groupes d’appui est en mesure d’attirer tous ceux qui voudront lutter contre l’austérité puissance 10. Une organisation solidement structurée deviendra indispensable pour centraliser et coordonner la lutte.
A nous donc de trouver cette forme d’organisation qui nous permettra de grandir, en partant  du local vers le général, mais surtout sans tomber dans ce qui a tué le PS, le PCF et Les Républicains !
Michel Hérault

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