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lundi 19 juin 2017

Communiqué du POID – Paris, le 19 juin 2017 : Et maintenant ?



                               La Tribune des travailleurs



La démocratie exige de conclure :« Dehors ce président et cette Assemblée illégitimes, dehors la Ve République, Assemblée constituante souveraine tout de suite ! »


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Communiqué – Paris, le 19 juin 2017

Et maintenant ?

L’Assemblée nationale a été élue, ce 18 juin, avec les voix de moins de 2 électeurs sur 5. Cette situation, sans précédent dans l’histoire du pays, intervient après l’élection de Macron, déjà marquée par un record d’abstentions et de votes blancs et nuls.

Un « non-vote » de classe

Une large majorité s’est exprimée par un « non-vote » de classe. Au premier tour, deux ouvriers sur trois et deux jeunes sur trois s’étaient abstenus ou avaient voté blanc ou nul ; ce phénomène s’est amplifié au second tour. Ce « non-vote » de classe dit clairement : nous rejetons ces institutions et la politique qu’elles servent, la même politique qui, de Sarkozy à Hollande et Macron, frappe les travailleurs et les jeunes au bénéfice des capitalistes et des banquiers.
La démocratie exige de conclure : « Dehors ce président et cette Assemblée illégitimes, dehors la Ve République, Assemblée constituante souveraine tout de suite ! »
Ce n’est pas ce que disent les dirigeants des partis et mouvements issus, à des degrés divers, du mouvement ouvrier et démocratique. Certains réclament l’introduction d’une « dose de proportionnelle » : comme si cela pouvait changer la nature antidémocratique, autoritaire et bonapartiste de ces institutions et le rôle de cette Assemblée croupion, vouée à enregistrer et accompagner toutes les décisions du président !
D’autres déclarent que cette Assemblée ne serait pas « légitime pour décider par ordonnances » la liquidation du Code du travail… comme si une telle destruction était plus acceptable au terme d’un « débat parlementaire » ! À quoi s’ajoute la demande de Mélenchon au président de la République d’un référendum sur la future loi Macron contre le Code du travail… ce qui revient une nouvelle fois à s’en remettre à lui !
Ainsi, tous restent dans le cadre d’institutions massivement rejetées, qu’ils légitiment tout en appelant à les réformer à la marge.

C’est la Ve République qui doit dégager !

Ceux qui ont fait campagne sur le thème du « dégagisme » se félicitent aujourd’hui de la disparition des trois quarts du personnel politique de la précédente législature. Mais, étrangement, ils cessent d’être « dégagistes » quand il s’agit des institutions de la VeRépublique.
Pourtant les plans annoncés par Macron – Code du travail, Sécurité sociale, retraites – prolongent et aggravent les plans précédents de Hollande et Sarkozy ; comme eux ils, sont dictés par l’Union européenne et la classe capitaliste. La défense des droits ouvriers et de la démocratie ne peut se contenter du « dégagement » de ministres et de députés faillis, certains d’ailleurs s’étant recyclés sous d’autres étiquettes : elle appelle à dégager les institutions. Sans quoi le dégagisme concentré sur les personnes et ignorant les institutions ne ferait que confirmer la formule d’un film célèbre : « Il faut que tout change pour que rien ne change ».
Après le 18 juin, quiconque se réclame de la classe ouvrière devrait conclure ceci : la légitimité démocratique réside dans la lutte de classe organisée par les travailleurs eux-mêmes pour bloquer les plans du gouvernement. Le soir du second tour, Mélenchon a déclaré : « Le peuple français dispose à l’Assemblée d’un groupe « La France insoumise » cohérent, discipliné, offensif, et c’est lui (…) qui appellera le pays, le moment venu à une résistance sociale ». Comment comprendre cette volonté de confisquer aux travailleurs le droit d’organiser leur lutte de classe par eux-mêmes ? Comment comprendre cette tentative de se substituer aux organisations syndicales construites par les travailleurs pour défendre leurs revendications ?
Au moment où Trump provoque une confrontation militaire directe avec la Syrie (et, derrière elle, l’Iran) ; au moment où se généralise la marche à la guerre menaçant la paix dans le monde entier ; que disent-ils, tous les responsables des groupes élus hier à l’Assemblée nationale ? Que la guerre doit continuer d’une manière ou d’une autre*. Quiconque se réclame de la paix et de la démocratie, quiconque se réclame de la classe ouvrière devrait au contraire dire : il y a urgence à ouvrir la voie à la paix par le retrait de toutes les troupes françaises d’intervention à l’étranger.

Ce rejet est positif

Que les militants qui ont fait campagne pour les candidats de La France insoumise soient contents du nombre de sièges obtenus ; que ceux du Parti communiste français qui craignaient leur quasi disparition des bancs de l’Assemblée soient rassurés par le résultat ; que ceux du Parti socialiste soient consternés par le passage du PS de 320 députés à 29 : tout cela, chacun peut le comprendre.
Militants du Parti ouvrier indépendant démocratique, nous nous adressons fraternellement aux uns et aux autres : quels que soient vos sentiments au soir de cette élection, ne perdez pas de vue l’essentiel. L’essentiel, c’est que la classe ouvrière et la jeunesse ont déserté ces élections. Ce rejet massif est positif, qui annonce les développements à venir sur le terrain de la lutte de classe.
Militants du POID, nous plaçons au centre de notre action le combat pour le front unique ouvrier, c’est-à-dire pour aider à la réalisation de l’unité des travailleurs et des organisations sur les revendications ouvrières. Pour nous, les seuls critères pertinents sont les critères de classe.

« Il n’est pas de sauveurs suprêmes… »

Nous restons fidèles aux paroles de L’Internationale « Il n’est pas de sauveurs suprêmes, ni Dieu, ni César, ni tribun, producteurs, sauvons-nous nous-mêmes. »
Oui, c’est aux travailleurs, plus que jamais, qu’il revient de décider des formes et des moyens de l’action unie avec leurs organisations. Ce qui suppose des mots d’ordre précis, en particulier :
• retrait du plan présenté par le gouvernement le 6 juin et abrogation de la loi El Khomri ;
• respect intégral du Code du travail, refus de l’inversion de la hiérarchie des normes et de la négociation entreprise par entreprise ;
• retour à la Sécurité sociale de 1945, abrogation de la CSG et financement par le seul salaire différé ;
• rétablissement des services publics, retour aux monopoles ;
• abrogation des contre-réformes dans l’enseignement, préservation du baccalauréat comme diplôme national.
C’est aux travailleurs de décider par eux-mêmes. Ils sont la majorité, ils sont la légitimité démocratique et sociale.
Le IICongrès du Parti ouvrier indépendant démocratique se réunit les 24 et 25 juin. Avec les délégués représentant 72 départements et avec les militants ouvriers non membres du parti qui y sont invités, il débattra de la situation nouvelle et des propositions du POID.
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« La guerre est déjà assez horrible, et là, ce sont des civils qui prennent sur la figure ces munitions au phosphore, et c’est pas acceptable. Il y a sans doute d’autres moyens de faire la guerre qui soient moins cruels pour les populations civiles (…). Je voudrais adjurer ceux qui prennent des décisions de renoncer à l’usage de ces armes-là, quitte à utiliser les autres » (Mélenchon, 16 juin, après les bombardements sur Raqqa). 

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