En marche dans un champ de ruines… On ne sait où en sont les électeurs, mais il est clair que leurs représentants traditionnels sont au fond du trou. Macron s’avance dans un paysage politique dévasté. Pour recomposer, il faut d’abord décomposer : l’opération est un franc succès. Détruire, dit-il…
La droite ne sait plus où elle habite : les juppéistes et autres modérés veulent coopérer avec le centre macronien, les autres se débattent pour survivre sur une ligne dure dont les soutiens se ramollissent. Au PS, Cambadélis se démène non pour
«garder la vieille maison» selon la formule de Léon Blum au congrès de Tours, mais pour l’empêcher de tomber en morceaux. Tâche herculéenne : Solférino ressemble à la maison Usher d’Edgar Poe, avec une énorme lézarde au milieu de sa façade, d’un côté ceux qui veulent s’opposer, Hamon en tête, de l’autre ceux qui voient dans Macron le jeune continuateur de la vieille social-démocratie, avec lequel il faut pactiser comme aux beaux temps de la Quatrième.
Malgré ses dix millions de voix et son assise populaire, le FN tremble sur ses bases. Marine Le Pen a disparu, sa nièce Marion a jeté l’éponge, l’allié d’un jour Dupont-Aignan a explosé en vol et Philippot ne se sent pas très bien. Continuer dans le registre ni droite ni gauche, ou bien revenir aux fondamentaux de Jean-Marie ? Etre ou ne pas être une extrême droite de droite ? That is the question. Seul Mélenchon garde la pêche, comme disait Juppé, fort de ses presque 20% à la présidentielle qui lui promettent, sur le papier en tout cas, un groupe conséquent à l’Assemblée. Encore faut-il transformer l’essai, c’est-à-dire passer dans les circonscriptions le seuil fatidique des 12,5% des inscrits au premier tour, puis rassembler au second. Or le rassemblement n’est pas le fort de la France insoumise, qui veut surtout rayer de la carte ses concurrents à gauche, PCF et PS, lesquels n’ont pas l’intention de se laisser faire. Même à Marseille, où il a réalisé un score canon, Mélenchon devra battre Mennucci, qui est un coriace. Bref, c’est la guerre de tous contre tous. Les plaideurs se disputent l’huître avec force arguties. Si cela continue, on connaît la fin de la fable : Macron arrive et gobe l’huître.
Et aussi
Fillon toujours aussi filou. On apprend en lisant le Canard que sa plainte contre le journal porte sur un aspect parfaitement mineur du dossier, un intervalle de deux ans pendant lequel Pénélope Fillon aurait fait autre chose que ce qu’avait écrit le volatile. Le Canard maintient ses affirmations. On connaît l’entourloupe : on laisse de côté la poutre et on ergote sur la paille, de manière à pouvoir dire ensuite qu’on a fait condamner l’hebdomadaire. Tactique d’avocat qui ne change rien au fond de l’affaire.
Marion Maréchal Le Pen a-t-elle vraiment raccroché les gants? Elle vient de dire à Valeurs actuelles qu’elle verrait d’un bon œil un rapprochement avec une droite dirigée par Laurent Wauquiez. Pendant ce temps Marine Le Pen, si elle se présente à Hénin-Beaumont, trouvera en face d’elle une candidate adoubée par son père Jean-Marie. Les Atrides de Montretout continuent d’amuser le tapis.
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