Lu dans le DL du mardi 23 mai 2017
LE BILLET
PAR ANTOINE CHANDELLIER
Hanouna ou le délit
de sale blague
L’animateur omnipotent de C8 - l’élite de la TNT - doit faire sursauter
Serrault dans sa tombe.
Cyril Hanouna, voix de fausset, ton maniéré, est
persuadé qu’il reproduit très bien les clichés homosexuels dans son émission
vedette “Touche pas à mon poste”.
Avec ses canulars, à entendre le
personnage joué par Baba - c’est son surnom - on jurerait qu’il « en est », pour
reprendre l’expression du temps reculé où l’homosexualité était considérée
comme une déviance.
Une imitation du niveau d’un Michel Leeb qui, dans les
années 80, cartonnait avec ses sketches de l’Africain ou du Chinois.
Un temps
où, paraît-il, on pouvait rire de tout, où Leeb n’était pas traité de raciste.
Il ne
l’était pas, assurément.
Comme Hanouna et la cour qui le vénère ne sont sans
doute pas homophobes.
Et s’ils étaient juste pas drôles ?
Dans l’affaire qui fait exploser le standard du CSA ces jours-ci, on a tout
entendu.
D’abord que celui qui pourrait chiper à Arthur, son ennemi juré, le
titre envié « d’animateur le plus con de la bande FM » insulte la communauté
gay.
Elle voit dans ses agissements une banalisation de l’homophobie. Se
faisant l’avocat du diable, on dira que le jour où l’on pourra se moquer sans
arrière-pensée des minorités comme on se fiche de nous-mêmes verra
peut-être l’avènement de la véritable acceptation de la différence.
Encore
faut-il le faire avec esprit.
Or, avec cette séquence où il a piégé de jeunes
homosexuels sur un site de rencontre devant un million de téléspectateurs,
Hanouna a violé leur intimité. Atteinte à la vie privée moralement condamnable,
pénalement répréhensible.
La vedette divise les juristes par ses âneries.
Mérite-t-il tant d’honneur ?
Il n’est que le miroir d’une ère où le buzz est roi, le
digital intrusif et la télé court après le web sans limite.
Où chacun doit se
méfier de tout pour préserver ce qu’il a de plus précieux : son jardin secret.
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