L’antilibéralisme va-t-il l’emporter sur l’antifascisme ? La formule est lapidaire, peut-être trop… Pourtant on s’interroge. Le contraste absolu entre l’effroi collectif du 21 avril 2002 et l’indifférence résignée ou désinvolte à la présence de Marine Le Pen au second tour de 2017 pose question. En quinze ans, le Front républicain s’est gravement rétréci.
A droite, les catholiques identitaires de la Manif pour tous, après avoir soutenu Fillon,
passent chez Le Pen avec armes et bagages. Ils considèrent qu’il est beaucoup plus urgent d’interdire aux homosexuels de se marier que de défendre les principes républicains, auxquels ils ne croient plus. Sur une base identitaire, Laurent Wauquiez et quelques autres refusent d’appeler à voter Macron. Un tiers des électeurs de François Fillon penche vers le FN. Priorité à l’antilibéralisme sociétal et culturel…
A gauche, Jean-Luc Mélenchon reste muet alors qu’il avait été l’un des plus virulents contre Jean-Marie Le Pen en 2002.
La France insoumise tergiverse, même si les trois quarts de son électorat restent sur une ligne anti-FN. Alors même que leurs positions sont évidemment très différentes, ils souscrivent les uns et les autres à la rhétorique antiélites, au nom de la lutte contre l’Europe du libre-échange. Priorité à l’antilibéralisme économique et social.
Ces deux attitudes ne se rejoignent pas, loin de là. Attention aux amalgames faciles. Mais en votant Le Pen d’un côté et en s’abstenant de l’autre, on affaiblit la République.
Et aussi
• Edouard Philippe, juppéiste, Bruno Le Maire, lemairiste, Christian Estrosi, nouveau héraut du Front républicain, sont prêts à gouverner avec Macron. Mais une partie de leurs électeurs habituels refusent avec énergie «Emmanuel Hollande». Le parti LR y survivra-t-il ?
• Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian, Bertrand Delanoë, sont prêts à gouverner avec Macron. Mais une majorité de socialistes veut garder la vieille maison tandis que d’autres envisagent une nouvelle formation plus à gauche. Le Parti socialiste y survivra-t-il ?
• Emmanuel Macron a fait preuve d’humilité à la fin de son intervention hier soir sur France 2. Mais l’expression «je suis le maître des horloges» employée en début d’interview est malheureuse. On ne veut pas un maître mais un président. Nuance.
• Les sondages continuent de donner une large avance à Macron sur Le Pen. Mais ils se contredisent. Dans le rolling Paris-Match, Macron gagne un point. Mais dans le rolling les Echos, l’écart se resserre.
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