Lu dans le DL du 26.04.2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
L’Arabie Saoudite,
au bonheur des dames
On a beau se pincer, émettre l’hypothèse d’un canular, l’ahurissante
nouvelle se confirme.
C’est un peu comme si l’on nommait un pédophile
reconnu à la tête des crèches municipales.
À l’Onu, l’Arabie Saoudite va
bientôt intégrer la Commission de la condition féminine.
De fait, l’exquis royaume pose officiellement un principe en béton: « La
charia assure l’égalité entre les sexes. »
Moyennant quoi, du berceau au
tombeau, les Saoudiennes vivent sous la coupe d’un tuteur masculin qui
décide tout de leur existence.
Voile intégral obligatoire, mariage forcé, non
mixité définitive dans les lieux publics, interdiction de conduire une voiture,
de sortir ou de voyager seule, de travailler sans l’accord du mâle dominant…
un vrai conte de fée.
Il est plus facile de répudier son épouse là-bas que de résilier son
abonnement téléphonique ici.
L’omnipotent mari, d’une simple et brève
formule, peut virer du domicile conjugal sa “moitié” devenue envahissante.
Ou simplement « trop moche », la jurisprudence marche aussi.
Et hop, de jour
comme de nuit, à la rue Shéhérazade !
L’histoire montre ce que nul n’ignore, le pétrole passe avant la morale.
Le
fric des uns entraîne la lâcheté des autres.
On s’étonne, tout de même,
qu’une instance internationale confie le sort des femmes au pays qui les
respecte le moins.
Remarquez, la monarchie du golfe participe déjà à la
Commission des Nations Unies sur les droits de l’Homme.
Ce qui ne
l’empêche pas d’incarcérer ses opposants politiques, de torturer, de décapiter
et d’amputer à tour de bras.
Dix ans de prison et mille coups de fouet pour
le blogueur Raif Badawi, coupable de « critiques » à l’égard de l’islam radical,
qui dit mieux ?
En matière de cynisme, au moins, règne une égalité parfaite.
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