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jeudi 30 mars 2017

Deux poids, deux mesures

30 mars 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Deux poids, deux mesures

Depuis que François Fillon a des ennuis avec la justice, il a perdu 5 points au bas mot dans les intentions de vote. Depuis que Marine Le Pen a des ennuis avec la justice, elle est restée rigoureusement stable dans les mêmes enquêtes. Les électeurs ne sont pas toujours justes, c’est le moins qu’on puisse dire. Dans le traitement qu’ils infligent à ces deux leaders, il y a bien deux poids deux mesures. Les deux affaires sont différentes, dira-t-on. Est-ce si sûr ? Fillon est accusé d’avoir bénéficié d’un emploi fictif pendant une longue période, ce qui porte le total des sommes contestées à environ un million d’euros. Marine Le Pen est accusée d’avoir bénéficié d’emplois fictifs plus nombreux pour une période plus courte, ce qui porte le total des sommes contestées à environ un million.
On ajoute que Fillon aurait profité personnellement des versements suspects alors que Marine Le Pen aurait orienté les siens vers son parti. Certes. Mais juridiquement, les faits sont les mêmes : on suspecte dans les deux cas un détournement de fonds publics. La justice considère que voler pour le parti, c’est toujours voler. Alain Juppé, par exemple, en sait quelque chose : il a été condamné pour des emplois fictifs à la mairie de Paris, dont les titulaires travaillaient pour le RPR et non pour lui directement. Quant à l’intérêt personnel, il n’est pas absent des manœuvres destinées à aider le parti. Le leader d’une formation, quelle qu’elle soit, vit confortablement grâce à sa qualité d’élu. S’il fraude pour son parti, il fraude aussi pour lui-même.
Les médias sont-ils responsables de la relative mansuétude de l’opinion envers le FN ? Oui et non. Les quotidiens font leur travail. Le Monde, mercredi, dévoilait des notes internes tendant à démontrer l’existence d’une fraude systématique en faveur du FN. L’information a fait la une du journal.Libération a plusieurs fois décrit largement les comportements suspects des chefs de file FN, tout comme d’autres médias. Mais ces révélations n’ont pas l’effet de scandale qui nuit tant au candidat LR. Il n’y a qu’une seule explication à cette anomalie. Les partis «anti-système» tendent à échapper aux critères d’éthique en vigueur à l’intérieur du système. Ceux qui les soutiennent attendent d’eux qu’ils renversent la table et non qu’ils s’y assoient bien poliment. Peu importe, à leurs yeux, qu’ils boivent dans les rince-doigts ou qu’ils rotent en fin de repas. Ils sont là pour ça…

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Hamon assure qu’il y a «un plafond» à la dynamique Mélenchon. Certes, mais à quelle hauteur ? La vraie question qui se pose à Hamon est tout autre : y a-t-il un plancher à sa baisse continue ?
Guy Bedos, qui aime la gauche et donc la châtie bien, sort un livre où il éreinte à peu près tous les candidats. Sauf un, Macron, pour qui il envisage de voter. Bedos, toute sa vie, a soutenu la gauche démocratique. Son ralliement à En marche, pour cause de vote utile, est sans doute plus significatif que celui de nombre d’élus socialistes…
En meeting au Havre, Mélenchon a encore une fois refusé toute alliance avec quiconque, et notamment le PS et Benoît Hamon. Réaction peu surprenante : il avait déjà refusé quand Hamon le distançait dans les sondages. Maintenant qu’il est devant, pourquoi changerait-il d’avis ? Et pourquoi Hamon persiste-t-il à lui poser la question ?
LAURENT JOFFRIN
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