Message aux socialistes, par Vincent Christophe Le Roux

Un certain nombre d’entre vous venez, ces temps-ci, nous chanter l’intérêt de l’unité entre Mélenchon, Hamon et Jadot. Et même son caractère indispensable, sinon vital ! À vous entendre, si nous ne la faisons pas, cette unité de la « gauche », alors nous allons tous mourir…
Non, non, non, non, non !
Ce n’est pas NOUS qui allons mourir, mais le PS et tous les soutiens du Parti socialiste !
Une fois cette mort constatée par le médecin légiste, on aura fait un bout de chemin vers le renouveau car on pourra dire alors : « Le Roi est mort, vive la 6e République ! »
Alors qu’aussi longtemps que vivra le PS, il congèlera un réservoir de voix et empêchera qu’elles n’aillent là où elles devraient aller.
Beaucoup, parmi vous, raisonnez en faisant de stupides et simplistes additions.
Or, en politique, 2 + 2, ça ne fait pas toujours 4 ; et encore moins 5 ou 6. Ça peut aussi faire 3 ou 2, voire 1 ou 0. Tout dépend des conditions de calcul mais plus encore, tout dépend de ce qu’on additionne…
Si Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise ont autant de force, c’est parce que justement Jean-Luc Mélenchon n’est plus lié avec le PS depuis longtemps ; et que, depuis longtemps, il a clairement coupé les ponts et proposé autre chose. Les Français le savent et donc lui en donnent crédit ; ils l’écoutent de plus en plus attentivement même ! Ils l’écoutaient déjà en 2012 mais ils étaient moins nombreux et surtout, ils croyaient encore que le PS incarnait la gauche. Et donc, au dernier moment, ils se sont dit qu’il valait mieux une victoire certaine avec un candidat moins engagé à gauche qu’une aventure incertaine avec un autre dont le caractère de gauche était sans doute plus vrai mais dont le tempérament volcanique plus abrupt, plus rugueux, moins suave risquait d’empêcher sa victoire finale.

Si Jean-Luc Mélenchon s’alliait avec Hamon, il serait politiquement mort

Depuis, vous avez vu sur pièces. Depuis, vous avez goûté aux cendres en raison de la politique de la terre brûlée que « vos » élus ont menée depuis cinq ans.
Jean-Luc Mélenchon, depuis lors, n’a eu de cesse de contester ce qui était fait par les vôtres et de proposer une alternative. Il a travaillé à un projet ambitieux et a choisi cette fois une stratégie gagnante le situant en candidat libre pouvant parler au peuple tout entier et être entendu de lui !
Vous proposez à Mélenchon de s’allier avec Hamon. Mais s’il fait cela, à la seconde où nous l’apprenons, il sera politiquement mort.
Plus grave : s’il daignait accepter cette alliance-là, alors il se mettrait à dos presque TOUTE la France Insoumise. Et à coup sûr, il donnerait le coup fatal à ce mouvement comme à tout espoir de renaissance à bref délai car il renverrait vers l’abstention durable des milliers de citoyen-ne-s qui ont récemment décidé d’en sortir le 23 avril, grâce à lui. Pour ne pas dire plus grave encore…
C’est du « totalitarisme » que de dire cela, m’a-t-on opposé.
Une telle accusation est grotesque et pire, elle insulte et outrage toutes les victimes — véritables, elles — du totalitarisme qui a sévi ou qui sévit encore dans le monde.
Cette exigence, ce n’est que de la cohérence, ce n’est que de la clarté, ce n’est que de la fidélité à des idées et à des gens qui vous ont mandaté pour être “inflexible” et “indomptable”, mais aussi pour être “redoutable” à l’égard de nos adversaires et de nos ennemis, et pour, après avoir été “tonnant”, finir par être “triomphant”.
Finalement, ça lui va bien, je trouve, à Jean-Luc Mélenchon de porter ces qualificatifs qui sont les noms de nos différents SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins). Car les “missiles” que Jean-Luc Mélenchon emporte avec lui pourraient bien vitrifier demain ceux qui nous menacent toujours de cruautés et d’outrages plus odieux encore que ceux qu’ils nous ont infligés hier.
Oui, ce n’est que de la consistance et de la conséquence intellectuelle.
Car on ne gagnera qu’avec le peuple, jamais contre lui. Or aller avec le PS, de quelque manière que ce soit, et avec qui que ce soit de ce parti, c’est aller contre le peuple. Jamais plus, on ne gagnera avec le PS. Ce truc est devenu un virus mortel pour quiconque s’en approche !

Chat insoumis échaudé craint l’eau froide socialiste

Jean-Luc Mélenchon, c’est devenu la force de frappe de la politique française, la force de dissuasion nucléaire au bénéfice du peuple français. Jean-Luc Mélenchon est devenu l’arme de destruction massive du capitalisme de notre temps car un Président de la République française qui serait Jean-Luc Mélenchon aurait une puissance de feu (je parle toujours au sens figuré) qu’aucun leader de gauche n’a jamais eue, nulle part, depuis des décennies !
Alors, entendez-le, que cela vous chagrine ou vous dégoûte : le PS, c’est non ! Toujours Non ! Plus que jamais Non !
Et, voyez-vous, chat échaudé craint l’eau froide. Or, on a été échaudés depuis 2012, beaucoup échaudés. Brûlés serait plus juste. Ébouillantés pourrais-je même dire.
Et un autre proverbe sied bien à la situation : la seconde fois où tu te fais avoir [par les mêmes], c’est de ta faute.
Donc, nous sommes plus que méfiants et comme Jean-Luc Mélenchon l’a dit publiquement, nous exigeons des garanties, nombreuses, symboliques, signifiantes. Et dîtes-vous bien que nous ne nous contenterons pas de quelques douces paroles… Et comprenez bien que si Jean-Luc Mélenchon lui-même joue le jeu de la discussion avec Hamon et se fait diplomate, c’est aussi parce qu’il est notre représentant, notre porte-parole et il sera donc auprès de Hamon le messager de nos volontés et de nos exigences. Il sait bien quel est le mandat que nous lui avons confié et il sait bien que les fortes têtes que nous sommes ne lui pardonneraient jamais le moindre écart.
« Ni à vendre, ni à acheter, ni à domestiquer » disait-il dans son serment de la porte de Versailles le 19 avril 2012.
Bon, c’était il y a cinq ans. Mais depuis, les événements lui ont donné raison quant à son analyse et quant à son diagnostic, mais en outre ils ont prouvé qu’il n’a pas manqué à sa parole, lui ! Et c’est la raison pour laquelle nous avons confiance en lui aujourd’hui encore, aujourd’hui surtout. Et que vis-à-vis de Hamon, nous ressentons… comment dire ? Une défiance certaine !
Sachez que ce n’est pas Jean-Luc Mélenchon qu’il faut convaincre, mais nous. Et c’est peine perdue ! Car nous ne serons pas convaincus par autre chose que lui portant le projet L’Avenir en commun. C’est une fin de non-recevoir que je vous oppose ? Oui, en effet, c’en est une, si le « deal » consiste en une “alliance” politicienne !
Faîtes-vous bien à l’idée car refuser le réel, c’est la défaite assurée. Il n’y aura aucune alliance de quelque nature que ce soit avec Hamon et le PS ou quiconque en est membre. Ni le 23 avril, ni le 7 mai, ni en juin quand viendront les législatives.
Toute autre décision serait immédiatement et massivement désavouée par nous. Et surtout par le peuple français !