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dimanche 19 février 2017

MACRON MEDEF COMPATIBLE !

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Laurence Parisot : « J’ai voulu recruter Macron au Medef »

Le Parisien>Magazine>Grand angle|Gaëtane Morin|17 avril 2015, 8h27

                                    

L’ex-patronne des patrons a tenté d’embaucher l’actuel ministre de l’Economie quand il travaillait encore à la banque Rothschild. Elle apprécie son engagement et sa lucidité, mais l’appelle à muscler sa loi.

Sur le mur de son bureau d’angle, au 7e étage de la tour parisienne qui héberge les salariés de l’institut de sondages Ifop, dont elle est vice-présidente, un immense graffiti aimante les regards. Laurence Parisot, ancienne patronne du Medef, est fan de street art. Evoquant avec admiration l’œuvre colorée de l’artiste américain Quik qu’elle a choisi d’accrocher, elle surprend. En économie, ses positions sont plus convenues. Ou plus attendues. Encore que… Balayant l’actualité, du contrat de travail unique – qu’elle réprouve – à la loi Macron – qu’elle applaudit –, la discussion révèle quelques pépites.
La loi Macron, qui a suscité un vif débat à gauche, est examinée en deuxième lecture par le Parlement. Vous satisfait-elle ?
Cette loi est prometteuse. Elle est favorable à la croissance économique qui, ces dernières années, a été empêchée par la rigidité introduite partout. La loi Macron est un dispositif multiple, qui prévoit aussi bien de faciliter l’installation de professions réglementées que de supprimer certaines contraintes pour le travail du dimanche. Elle injecte de la souplesse et de la modernité dans le système. L’économie est une architecture et les crises économiques produisent les mêmes effets que des tremblements de terre. Si vous bâtissez un immeuble raide, à la première secousse, les poutres se brisent et tout est par terre. Si vous introduisez de l’élasticité, l’immeuble accompagne le mouvement, résiste et se remet en place. L’économie française a besoin de cette approche antisismique, et la loi Macron y participe. Mais j’aurais aimé qu’il y ait une loi Macron 2.

Laurence Parisot, 55 ans, nous a reçus le 10 avril dans son bureau de l’institut de sondages Ifop, dont elle est vice-présidente. – Jean-Claude Coutausse
Pour quoi faire ?
Il faut penser la durée du travail au niveau de l’entreprise, et non pas de manière nationale et uniforme telle que la loi le prévoit aujourd’hui. On pourrait fixer un plafond d’ordre public afin de ne pas dépasser 40 heures par semaine. Ensuite, à chaque entreprise de négocier avec les représentants des salariés une durée de 35, 36, 37, 38 heures… Le volume horaire pourrait être adapté au carnet de commandes et à la conjoncture. Le problème, c’est que les 35 heures sont devenues un tabou, et même un « bâton m… », on ne sait pas par quel bout le prendre. Nicolas Sarkozy avait la possibilité de revenir dessus, il est passé à côté. Manuel Valls connaît les effets pervers des 35 heures, mais Martine Aubry, qui en est à l’origine et qui a un grand poids politique, ne pourrait tolérer leur remise en cause. Quant aux organisations syndicales, elles n’osent pas dire la vérité économique à leurs adhérents. Cette loi est intouchable pour de mauvaises raisons. Mon vœu le plus cher serait que nous arrivions collectivement, dans l’intérêt général, à dépasser le poids des symboles.
Vous semblez apprécier Emmanuel Macron. Auriez-vous pu travailler avec lui ?
C’est quelqu’un que j’apprécie. Dès mon élection à la présidence du Medef, en 2005, la pensée de Michel Rocard m’a inspirée et j’ai développé une approche social-démocrate de l’économie et du dialogue social. Je me sens proche de ceux qui ont une culture rocardienne, comme Manuel Valls ou Emmanuel Macron. J’ai rencontré Emmanuel quand il était banquier d’affaires chez Rothschild (2008-2012, NDLR). Et j’ai immédiatement compris que nous avions une communauté de pensée. J’ai souhaité qu’il me rejoigne pour travailler avec moi, nous avons eu différentes conversations dans ce sens. Mais il préparait son engagement au côté de François Hollande pour la présidentielle de 2012. Quand celui-ci a été élu et qu’Emmanuel Macron a été nommé conseiller à l’Elysée, j’ai travaillé avec lui en bonne entente, même si nos désaccords sur la fiscalité étaient grands.

 – Gérard Roussel / Réservoir Photo
On dit de lui qu’il incarne une forme de modernité politique. Qu’en pensez-vous ?
Il porte un renouvellement intéressant de l’élite française, pas simplement du personnel politique. Connaisseur des enjeux du monde d’aujourd’hui, conscient de leur gravité, il est engagé, intelligent, accessible et réaliste. Ce dernier point est essentiel. Le personnel politique, de gauche comme de droite, manque totalement de lucidité et est capable d’embardées désastreuses, construites sur des idéologies ou des illusions. S’il y a une caractéristique commune à Manuel Valls, Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy, c’est bien d’être dans le réel. Et à la recherche de l’efficacité.
Autre sujet d’actualité, le Medef propose de remplacer CDD et CDI par un contrat de travail unique qui favoriserait l’embauche en facilitant par ailleurs le licenciement. Qu’en pensez-vous ?
La France doit repenser les relations contractuelles qui lient l’entreprise au salarié. Parce qu’au fil des années, la boulimie réglementaire des députés, de droite comme de gauche, a fabriqué un empilement d’articles illisibles, inintelligibles, et parfois même inapplicables. Mais le contrat unique serait, au mieux, un cautère sur une jambe de bois, au pire, une aggravation du système. Chaque partie risquerait de se sentir pieds et poings liés : l’employeur redouterait les coûts de licenciement, qui augmenteraient fortement avec l’ancienneté ; le salarié récemment embauché appréhenderait la facilité avec laquelle il pourrait être licencié. Au lieu de mettre de la confiance sur le marché du travail, je crains que cela l’alourdisse.

 – Jean-Claude Coutausse
Mais il existe plus de 25 contrats de travail différents…
Je ne serais pas choquée qu’il y en ait plus encore ! Dans le monde d’aujourd’hui, il y a tellement de situations différentes, d’entreprises différentes, de besoins différents, qu’il faut plutôt des contrats à la carte, presque personnalisés. D’autant que la numérisation de l’économie change tout : les modes de travail sont de plus en plus individualisés. Pour les petites et moyennes entreprises, le frein numéro 1 à l’embauche, c’est le coût, en temps et en argent, du licenciement quand celui-ci devient nécessaire. Et le problème vient notamment des prud’hommes, qui apparaissent comme une justice incertaine et pas toujours équitable. Une réforme de ces tribunaux est absolument nécessaire.
Elle est déjà prévue dans la loi Macron…
Mais il faut aller plus loin et supprimer le principe paritaire qui prévaut dans l’organisation du conseil des prud’hommes (deux conseillers représentant l’employeur, deux autres, les salariés, NDLR) et qui a abouti à un manque de professionnalisme. Je recommande qu’il y ait désormais un juge magistrat professionnel, entouré de deux conseillers, l’un au nom des employeurs et l’autre au nom des salariés. Si le président et le Premier ministre en avaient la volonté, cette réforme pourrait être achevée avant la fin du quinquennat. 
Entre business et politique


31 août 1959 Naissance à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône).

1982 Diplômée de Sciences-Po Paris, elle obtient un DEA d’études politiques et une maîtrise de droit public.

1990 Elle prend la direction de l’institut de sondages Ifop, dont elle est actionnaire à 75 %. Elle en est aujourd’hui encore vice-présidente.

2005 Trois ans après son entrée au Medef, elle est la première femme élue présidente de ce syndicat patronal, jusqu’en 2013.

2014 Elle soutient les centristes aux élections européennes.


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