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lundi 27 février 2017

L'ECONOMIE - Lundi 27 février 2017


L'ECONOMIE

    Lundi 27 février 2017

Le monde agricole et ouvrier en plein désarroi

Agriculteurs de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et de JA (Jeunes agriculteurs) lors de manifestations à Tours, le 5 novembre 2014.
Agriculteurs de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et de JA (Jeunes agriculteurs) lors de manifestations à Tours, le 5 novembre 2014.GUILLAUME SOUVANT / AFP
François Hollande a retrouvé samedi un monde paysan en proie au découragement lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture, dans un climat alourdi par l’annonce, la veille, d’un nouveau suicide d’agricultrice en difficulté. La 54e édition de ce rendez-vous annuel, qui se tient jusqu’au 5 mars autour des meilleures productions issues des terroirs et territoires, verra défiler beaucoup de responsables politiques. A moins de deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, ils sont soucieux de se concilier un monde agricole et rural en pleine mutation, éprouvé par deux ans de crise. Crises, qui se sont cumulées depuis deux ans, avec un effondrement des prix du lait et de la viande bovine et porcine, des intempéries qui ont laminé les récoltes de céréales et plusieurs vagues d’épizooties, laissant les agriculteurs exsangues. Leurs revenus se sont effondrés. Si en 2014 moins de 20 % des agriculteurs avaient des revenus équivalents à 350 euros par mois, en 2016, ce chiffre est monté à 50 %, selon la sécurité sociale agricole MSA. A la veille du Salon, les suicides qui endeuillent régulièrement la profession se sont aussi rappelés à l’opinion, puisqu’une agricultrice de 47 ans, productrice de lait, a été retrouvée vendredi pendue dans sa salle de traite des Côtes-d’Armor. Vingt mille fermes sont menacées de disparition en France, a admis l’ancien président de la FNSEA, Xavier Beulin, juste avant sa brutale disparition. Dans les campagnes, une antienne sourde revient en boucle : « Ils ont décidé de nous supprimer. » C’est un « plan social ». Usés par près de trois ans de crise, nombre d’agriculteurs criblés de dette, qui n’arrivent pas à vendre leurs productions à un prix suffisant pour en vivre, se sont repliés sur eux-mêmes.
Même constat dans le monde ouvrier, comme le montre un reportageChez des ouvriers de Whirlpool à Amiens, le protectionnisme fait recette, du journaliste de l’Agence France-Presse Julien Mivielle. Les ouvriers de l’usine d’électroménager Whirlpool d’Amiens, bientôt délocalisée en Pologne, hésitent entre indifférence, colère et résignation à l’approche de la présidentielle. Avec une conviction : pour protéger l’emploi, il faut plus de protectionnisme, voire « sortir de l’Europe ».
« Les politiques laissent tout faire depuis des années : tout est délocalisé, tout s’en va, les gens deviennent chômeurs, il y a des suicides, des divorces… Mais ils n’en ont rien à foutre de nous », s’insurge auprès de Julien Mivieille, Corinne Bizet, 49 ans, dont dix-sept ans chez Whirlpool, la voix chargée d’émotion. Rares sont les personnalités politiques prêtes à affronter le ressentiment. En tête des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle le 23 avril, le Front national, parti d’estrême droite, espère profiter du climat créé par la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne (UE) et la politique protectionniste du nouveau président états-unien, Donald Trump. Les ouvriers français, en concurrence avec des Polonais, des Slovaques ou des Roumains aux salaires beaucoup plus bas, ne se sentent pas assez protégés dans l’Union européenne.
« Le problème, c’est que tant que tout le monde n’est pas au même niveau en Europe, ça ne pourra jamais aller », analyse Guillaume Bonnard, 33 ans, chef d’équipe chez Prima.
Pour son collègue Mohamed El Mokretar, délégué syndical, la solution est simple : « Il faut sortir de l’Europe. » Corinne Bizet ne sait pas encore si elle ira voter. Mais elle a une certitude : il faut quitter l’euro et « revenir à la monnaie française » pour retrouver du pouvoir d’achat. Une illusion, car la fin de l’euro entraînerait une énorme dévaluation qui ferait montre les prix des produits importés – car la France ne peut tout produire elle-même – déjà en plus imposés par une taxe protectionniste voulue par Mme Le Pen, ce qui appauvrirait les consommateurs français et leur ferait perdre encore plus de pouvoir d’achat.
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Une fusion LSE-Deutsche Börse improbable. L’opérateur boursier londonien LSE a jugé « hautement improbable » dimanche dans un communiqué qu’il puisse respecter les conditions posées par la Commission européenne pour sa fusion avec son homologue allemand Deutsche Börse. Le London Stock Exchange a expliqué avoir observé la requête de Bruxelles lui demandant de se séparer de sa part majoritaire dans l’opérateur boursier italien MTS, concluant ne pas pouvoir répondre positivement à une telle demande. Une fusion entre LSE et Deutsche Boerse verrait la naissance d’un géant boursier de la taille de ceux formés aux Etats-Unis entre le CME de Chicago et l’ICE de New York, ou en Asie avec l’opérateur d’Hongkong. Les actions de Deutsche Börse et du London Stock Exchange (LSE) chutaient lundi en Bourse alors que leur projet de fusion paraît plus que compromis.
Stabilité du chômage. 2017 démarre sur une note stable côté chômage, avec 3,47 millions de personnes sans aucune activité en janvier en métropole, en pleine campagne présidentielle où la lutte contre ce fléau, qui reste massif, est un enjeu majeur. Le nombre de chômeurs sans aucune activité (catégorie A) a progressé de 800 personnes par rapport à décembre 2016 (0 %) mais recule de 2,5 % sur un an, a annoncé vendredi le ministère du travail. Même stabilité en France entière (outre-mer incluse), où le nombre de chômeurs s’élève à 3,72 millions de personnes (– 2,5 % sur un an).
Tony Parker, sportif le mieux payé. Encore une fois, Tony Parker est le sportif français à avoir le mieux gagné sa vie en 2016, avec des revenus estimés parL’Equipe Magazine à 19,6 millions d’euros, dans un classement publié samedi et trusté par les footballeurs. C’est la 4année de suite que le basketteur de San Antonio décroche le titre de sportif français le mieux payé : à son salaire chez les Spurs de 12,2 millions d’euros s’ajoutent en effet ses partenariats et contrats publicitaires. Il est suivi sur le podium de deux footballeurs : Paul Pogba (2e avec 18 millions d’euros) et Karim Benzema (3e avec 15,6 millions d’euros).
Enseignement de l’économie au lycée : l’heure des propositions des patrons. L’Académie des sciences morales et politiques (ASMP) planchera lundi sur ses propositions pour l’enseignement des sciences économiques et sociales (SES) au lycée ; un sujet récurrent de dissensions entre enseignants et chefs d’entreprises, relancé à l’approche de l’élection présidentielle. L’ASMP, rattachée à l’Institut de France et dirigée par l’ancien président-directeur général de la banque BNP Paribas, Michel Pébereau, avait organisé à la fin de janvier un premier colloque de « diagnostic », s’appuyant sur la lecture critique des manuels scolaires effectuée à sa demande par six économistes internationaux. L’académie avait déjà entrepris cette démarche en 2008, influençant les programmes de 2010, toujours en vigueur. Pierre-André Chiappori, professeur à l’université de Columbia, a salué ainsi « des progrès très nets », évoquant « des biais caricaturaux, très idéologiques » dans les manuels de 2008, mais « pas en 2010 ». Beaucoup d’acteurs s’accordent à dire que les programmes de SES pèchent par leur encyclopédisme, mais chacun y va de sa demande d’ajout : risque, efficacité, optimisation, comptabilité… Si réécriture des programmes il devait y avoir, ce ne serait pas pour tout de suite : entre la décision de les revoir, leur élaboration, la confection des manuels et l’entrée en vigueur des programmes, il s’écoule généralement plusieurs années.
Récession argentine. L’Argentine a vu son produit intérieur brut (PIB) reculer de 2,3 % en 2016, après une croissance de 2,1 % en 2015 et de 0,5 % en 2014, a annoncé vendredi l’Institut national de statistiques (Indec, officiel).
En récession, le Nigeria veut attirer les étrangers. Le Nigeria a annoncé dimanche un assouplissement des formalités d’obtention des visas pour attirer touristes et hommes d’affaires au moment où il souffre d’une grave récession et d’un manque cruel de devises étrangères.
Un deuxième marché boursier en Arabie saoudite. Un deuxième marché à la Bourse d’Arabie saoudite, pour les petites et moyennes entreprises, a été inauguré dimanche, terminant sa première journée de cotations sur un gain de 20 %, le maximum autorisé, selon des courtiers. Dans le cadre de l’ambitieux plan Vision 2030 visant à diversifier l’économie saoudienne trop dépendante du pétrole, les petites et moyennes entreprises sont appelées à contribuer à hauteur de 35 % au produit intérieur brut (PIB) du royaume, contre 20 % actuellement.

Micro-Macro

par Thibaut Soulcié
Dessin de Thibaut Soulcié
« Depuis deux cent quarante ans – soit une période qui représente moins de trois fois le temps de ma présence sur Terre – les Américains ont combiné inventivité humaine, économie de marché, un flot d’immigrants talentueux et ambitieux et l’Etat de droit, pour arriver à une abondance qui a dépassé le rêve des pères fondateurs »
Le milliardaire Warren Buffett a insisté samedi sur la contribution des « immigrants » et de « l’Etat de droit » à la prospérité des Etats-Unis, au moment où le président Trump veut accélérer l’expulsion des clandestins et s’en est pris à des juges.

Dans la presse étrangère

Le bel avenir des robots agricoles

L'entreprise NaÏo à Toulouse fabrique des robots agricoles, en février 2017. Dans une serre de la région toulousaine, des techniciens réalisent des tests avec les robots agricoles, ici avec le robot "Dino" Photo: Ulrich Lebeuf / MYOP
L'entreprise NaÏo à Toulouse fabrique des robots agricoles, en février 2017. Dans une serre de la région toulousaine, des techniciens réalisent des tests avec les robots agricoles, ici avec le robot "Dino" Photo: Ulrich Lebeuf / MYOP ULRICH LEBEUF / M.Y.O.P POUR LE MONDE
L’agriculture fait face à un paradoxe : maintenir, voire accroître, ses niveaux de production tout en réduisant l’impact de ses activités sur l’environnement, souligne The Conversation. A cela s’ajoutent les contraintes économiques qui pèsent sur les exploitants et la pénibilité d’un métier exigeant et parfois risqué. Depuis les années 1950, la modernisation de l’agriculture grâce au marché commun européen et à la mécanisation a permis de doubler les niveaux de production en réduisant la pénibilité. La contrainte environnementale de plus en plus forte a favorisé le développement de nouveaux types de production, comme l’agriculture biologique ou l’agriculture de précision. Ces dernières nécessitent une main-d’œuvre accrue, pour réaliser, par exemple, un désherbage mécanique (sans herbicides) ou effectuer des traitements très localisés. Dans ce contexte, la robotique peut apporter des solutions, en permettant d’effectuer avec précision des tâches répétitives et d’intervenir dans des zones difficiles (dans les vignobles en forte pente, par exemple) sans exposer les individus. Du fait de ces perspectives, l’agriculture devrait être le deuxième marché pour la robotique de service vers 2025. La présence de robots concerne pour l’heure essentiellement des systèmes intervenant dans le périmètre de l’exploitation, comme les robots de traite. En 2015, 3 316 exploitations, sur les 514 800 que compte la France, en disposaient. Si les robots sont facilement utilisables dans les bâtiments agricoles, à l’extérieur, la diversité des sols et des travaux à réaliser (semis, désherbage, récolte, etc.) rend la robotisation plus compliquée. Par conséquent, les solutions commerciales complètement autonomes restent cantonnées à des actions limitées, comme le désherbage en maraîchage. Et l’avènement du tracteur autonome demeure pour le moment à l’état de prototype. L’avenir de la robotique en agriculture nécessite encore des développements scientifiques et technologiques afin de s’adapter à différentes situations et accomplir divers types de travaux agricoles. De telles avancées permettent néanmoins d’entrevoir de nouvelles possibilités pour l’agriculture : conjuguer production et respect de l’environnement, tout en réduisant la pénibilité des travaux agricoles. Il s’agit aussi de ne pas négliger la dimension sociale alors que le secteur traverse une crise sévère et tendue dans ce domaine.
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« Une proposition a été émise d’exonérer de la taxe d’habitation 80 % des habitants, privant ainsi les communes, et leurs intercommunalités, de 10 milliards de recettes, soit une perte de 36 % de l’ensemble de leurs ressources propres ! »
L’Association des maires de France (AMF) a exprimé samedi son inquiétude face à la promesse d’Emmanuel Macron d’exonérer 80 % de la population de la taxe d’habitation. Le président de l’AMF, François Baroin (Les Républicains), et le premier vice-président délégué, André Laignel (Parti socialiste), « mettent solennellement en garde contre toute mesure démagogique, non financée et attentatoire aux libertés locales », ajoute l’AMF. Une telle promesse serait de surcroît« non financée, car l’Etat, depuis longtemps, ne compense plus réellement les conséquences de ses propres décisions ». Enfin, cette exonération serait« attentatoire aux libertés locales » : « En privant de manière autoritaire les communes et leurs intercommunalités d’un tel montant de ressources propres, l’Etat remettrait en cause leur libre administration et leur capacité d’assurer les services publics essentiels attendus par la population, de l’école à la solidarité », prévient l’AMF.
L'éco & moi
Monde du travail. Le revenu universel n’a pas la cote chez les salariés (sondage). Six salariés sur dix sont défavorables à l’instauration d’un revenu universel en France, proposition promue par le candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon, selon un sondage BVA pour le site Mediarh.com publié vendredi. D’après cette enquête, 59 % des salariés se disent « opposés » à la mesure, contre 40 % qui s’y disent « favorables ». Ils sont encore plus nombreux (69 %) à la juger « non finançable ». Le revenu universel est une somme d’argent versée à tous sans condition de ressources. Parmi les principaux candidats déclarés
à l’élection présidentielle, seul M. Hamon défend un « revenu universel d’existence », qui s’élèverait, à terme, à 750 euros par mois. Si une courte majorité des salariés (51 %) pensent que le revenu universel augmenterait leur pouvoir d’achat, seuls 38 %
estiment qu’il permettrait de travailler moins, 37 % qu’il favoriserait la mobilité professionnelle ou la création d’entreprise et 29 % qu’il aiderait à diminuer le chômage.
Etudes & documents
Cyberattaques et systèmes énergétiques : faire face au risque. Cette étude analyse les risques de cyberattaques sur des infrastructures énergétiques européennes, ainsi que leurs potentielles conséquences, notamment sur les réseaux électriques. Elle offre également une approche comparative des mesures prises par différents pays d’Europe afin de protéger leur industrie et collaborer à l’échelle de l’Union européenne.
Sud-Ouest : la filière aérospatiale en croissance, les sous-traitants sous tension aéronautique. La filière aérospatiale dans les ex-régions Midi-Pyrénées et Aquitaine a développé en 2015 son chiffre d’affaires (+ 8,3 %) et l’emploi (+ 3,6 %), surtout dans la région toulousaine, mais ses bons résultats pèsent sur la chaîne d’approvisionnement, qui « s’approche du niveau de saturation des moyens de production », a annoncé jeudi l’Insee.
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